Trois longues années de crise, de négociations, de tergiversations, pour enfin aboutir à des élections présidentielles et législatives qualifiées d’acceptables. La Centrafrique se dirige ainsi vers une sortie de crise qui n’a que trop duré. Et pour l’élection présidentielle du 30 décembre 2015, il y avait plus 30 candidats. A l’heure des décomptes, deux candidats se détachent en tête du peloton. Dans l’après-midi du 05 décembre, les résultats provisoires de plus 53% des procès-verbaux placent Anicet Georges Dologuélé, l’un des favoris de l’élection, en tête avec 179 236 voix. Il devance très légèrement le candidat indépendant Faustin Archange Touadéra qui récolte pour le moment 178 483.

Les deux candidats bénéficient d’une avance confortable sur leur poursuivant. En troisième position, Désiré Kolingba pointe à 76 109 voix, juste devant Martin Ziguélé (70 883 voix) et Jean-Serge Bokassa (70 087 voix). Mais, ces derniers espèrent toujours refaire leur retard sur le duo de tête à la faveur des votes d’un certain nombre de régions importantes qui n’ont pas encore été comptabilisés (notamment ceux les fiefs de Ziguélé).

Le scrutin s’est déroulé dans un climat apaisé. Mais, les différents challengers feront-ils preuve d’autant de sagesse que les électeurs ? C’est le moins qu’on puisse souhaiter même si cela parait peu probable. D’ailleurs, une vingtaine de candidats avaient demandé l’arrêt du processus électoral prétextant des irrégularités, dès la 04 janvier. Une démarche très critiquée par la communauté internationale au point que certains signataires de cette déclaration ont commencé à faire machine arrière dès le lendemain. Et, c’est tant mieux pour cette population qui a tant souffert et pour la démocratie.

Malgré ce début de polémique, le dépouillement se poursuit et devrait prendre fin d’ici à vendredi. La Cour constitutionnelle sera alors chargée de les valider, ou non. Un probable second tour est prévu le 31 janvier prochain. En attendant, il faut espérer que les vieux démons ne se réveillent pour remettre en cause le choix des électeurs. Près de deux millions d’électeurs centrafricains étaient appelés aux urnes mercredi pour élire un nouveau président et leurs représentants à l’Assemblée nationale. Ces scrutins sont censés sortir le pays de trois années de violences intercommunautaires qui l’ont ravagé.

Les politiques centrafricains seraient bien inspirés de prendre l’exemple burkinabè où les perdants sont allés féliciter le vainqueur, avant même la proclamation des résultats définitifs.

Moussa Diallo
Lefaso.net