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Dossier Thomas Sankara : Des bobolais s’expriment sur le mandat d’arrêt international contre Blaise Compaoré

Publié le mercredi 23 décembre 2015 à 04h15min

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Dossier Thomas Sankara : Des bobolais s’expriment sur le mandat d’arrêt international contre Blaise Compaoré

Des Bobolais se sont, ce mardi 22 décembre, exprimé sur le mandat d’arrêt international émis par la justice militaire burkinabè contre l’ancien président Blaise Compaoré. En plus de l’apprécier positivement, ces Bobolais estiment que la Côte d’Ivoire a tout intérêt à le livrer afin qu’il vienne répondre devant les juridictions burkinabè. Lisez-plutôt !

Papa Kouyaté, acteur de cinéma
J’ai vu le mandat d’arrêt comme beaucoup d’autres personnes sur Facebook, dans le cadre du dossier Thomas Sankara. En tant qu’africain et Burkinabè, c’est un soulagement de voir qu’on peut aujourd’hui inquiéter des chefs d’Etat même après leur mandat, et qui va certainement aider à influencer sur les présidents actuels afin qu’ils arrêtent un certain nombre d’injustice et d’inégalité sociale. Nous parlons très peu des crimes sociaux, économiques dont j’imagine des dossiers vont aussi suivre contre Blaise Compaoré. Le dossier Sankara n’est donc qu’un début. Mais la vraie question, que le mandat puisse arriver à son véritable aboutissement. Maintenant, je ne sais pas si la Côte-d’Ivoire va le livrer, mais si elle le fait, le chef d’Etat ivoirien va se préparer à être correct. On souhaite vraiment qu’il le livre aux autorités burkinabè.

Adama Kouyaté, particulier
« Nul n’est au dessus de la loi », dit-on. Blaise Compaoré a été le Président du Burkina pensant 27 ans. 27 ans d’impunité et d’injustice mais le temps de la vérité a sonné. Il doit rendre compte de sa gestion notamment de ce qui l’a amené au pouvoir après l’assassinat de son ami Thomas Sankara. A mon avis, la justice ne fait que son travail, et j’apprécie très positivement ce mandat d’arrêt international contre Blaise Compaoré. Je pense par ailleurs que ça ne doit pas se limiter qu’à Blaise seul. Ils sont nombreux, tapis dans l’ombre qui sont impliqués dans le dossier et dans bien d’autres dossiers de crimes de sangs et économiques. Ils doivent tous répondre. Et la Côte d’Ivoire a intérêt à livrer leur grand ami.

Serges Téhégohi, journaliste
Pourquoi un mandat d’arrêt ? C’est là que se trouve la question. Alors que pour arriver au mandat, on convoque d’abord. Certainement que la justice burkinabè a été demander à Blaise de venir afin qu’on l’entende mais qu’il n’a pas voulu venir, d’où ce mandat. A mon avis, la justice burkinabè sait ce qu’elle fait. Il n’y a même donc pas de commentaire à faire. Je ne sais pas si c’est parce que Blaise est l’ancien président du Faso qu’on veut en faire des choux-gras car il n’est pas la première personne qui est impliquée dans le dossier. Quant à la décision de la Côte d’Ivoire de le livrer, pour moi, tout Etat qui se respecte et qui a signé des accords au niveau international se doit de respecter les textes. Aussi les intérêts de l’Etat doivent être au-dessus de l’intérêt des individus. En clair, la Côte-d’Ivoire a tout intérêt et vu les liens séculaires qui unissent les deux pays, vu le nombre élevé des ressortissants burkinabè en Côte-d’Ivoire, à préserver ces relations de bon voisinage. En livrant bien entendu Compaoré.

Josias Dabiré, journaliste à Burkina Infos
Le dossier Sankara ne peut avoir un dénouement sans la présence de Blaise Compaoré. Parce que tout le monde sait que c’est à l’issue de l’assassinat de Thomas Sankara que Blaise a accédé au pouvoir. Et depuis lors, le dossier était dans les tiroirs. Sa chute en octobre 2014 aura permis de faire le dossier avec l’exhumation des restes du corps de son ami. Dès lors qu’il est vivant et qu’il n’est pas mort, il doit venir répondre de ce qu’on lui reproche. Bien avant sa chute, on l’a entendu intervenir sur certaines chaines d’information où il disait qu’il n’a pas donné de tuer, mais plutôt de l’arrêter. On attend donc plus d’explications. Et si le mandat est émis en bonne et due forme, il faudra que la Côte d’Ivoire le livre au risque d’avoir elle-aussi des problèmes. Je pense que la Côte d’Ivoire ferait mieux de livrer Blaise Compaoré, car les hommes passent, mais les institutions restent.

Joseph Bado, enseignant
Ce mandat d’arrêt international vient montrer clairement que c’est le passé qui est entrain de rattraper Blaise Compaoré. Depuis cette date – le 15 octobre 1987 précisément-, son nom est régulièrement cité dans l’assassinat de Thomas Sankara. Il faut le dire, la majorité des Burkinabè croit qu’il est derrière cet assassinat politique qui a changé le cours de l’histoire du Burkina Faso. Il aura fallu attendre sa chute du pouvoir suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, pour que l’affaire refasse surface. La chute de Blaise Compaoré, mais aussi celle du Général Gilbert DIENDERE (bras droit et la personnalité la plus informée) suite au putsch manqué du 16 septembre 2015 a permis que des brises de lumière planent sur le dossier Sankara. Notre Justice, à mon avis, vient de prendre une célèbre décision du siècle qui est celle du mandat d’arrêt international contre l’homme que tout un peuple pense être à l’origine de la fin d’un rêve d’indépendance véritable. Blaise Compaoré doit répondre sans condition à la justice parce que personne n’est au-dessus de la loi. Et la justice pour Thomas Sankara est la justice pour le peuple burkinabé dans toute sa composante. Je tiens à affirmer qu’aucun burkinabè n’est contre la personne de Blaise Compaoré car avant tout il a travaillé pour le pays. Mais, à ce que je sache et je reste convaincu, tous les burkinabè attendent que justice soit faite sur cette affaire. Si la mort du capitaine Thomas Sankara vient de lui qu’il le dise ou si c’est quelqu’un d’autre qu’il nous le dise aussi. J’espère, cependant que le Président Alassane Dramane Ouattara respectera le peuple burkinabè et la relation entre le peuple ivoirien et le peuple burkinabè en ne manifestant pas un refus d’extradition de Blaise Compaoré au Burkina Faso pour qu’il réponde à la justice. En tout cas, si Alassane aime réellement le Burkina Faso comme l’a dit son président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro et si il a vraiment un désir profond de voir l’arbre de la paix fructifier au Faso, qu’il accepte que cet arbre soit réellement arrosé par l’eau de la justice que le peuple burkinabè a eu au lendemain de son insurrection des 30 et 31 octobre 2014 et du putsch manqué du 16 septembre 2015 en respectant le processus de justice enclenché.

Propos recueillis par Bassératou KINDO
Lefaso.net

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