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Régionales en France : Malgré la défaite, le Front National progresse

Publié le mardi 15 décembre 2015 à 01h29min

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Régionales en France : Malgré la défaite, le Front National progresse

La percée du Front national pour les élections régionales n’aura duré que le temps du premier tour ; quand le 6 décembre le parti se qualifiait au second tour dans l’ensemble des treize régions métropolitaines, et en tête dans six régions. Au second tour ce 13 décembre, le parti de Marine Le Pen n’a pu conforter son avantage. « Le Front Républicain » et la hausse du taux de participation ont eu leurs effets. Mais les deux partis « traditionnels », se gardent de tout triomphalisme, le front national étend ses tentacules avec plus de 6 millions de voix sur l’ensemble du territoire français. Un record.

Le soir du 6 décembre 2015, la percée du Front national (FN) avait créé une « onde de choc » en France. Un coup de massue sur les deux partis traditionnels, Le Parti Socialiste (PS) et Les Républicains (LR). La mauvaise surprise avait occupé la Une des journaux. Qualifié au second tour dans l’ensemble des treize régions métropolitaines, placé en tête dans six régions au premier tour, parfois avec une large avance, le FN se présentait en position de force pour le second round.

« L’étonnement » de la classe politique et « l’indignation » étaient affichés. Mais à contrario on pouvait parler d’hypocrisie généralisée, puisque si le FN a fait une percée c’est bien parce que des français lui ont accordé leur confiance à travers le vote. Il faut le dire, dans un contexte de crise économique, de chômage, de menaces terroristes, et de crise migratoire- arguments favoris de l’extrême droite-, les ingrédients étaient plus que jamais réunis pour une performance électorale.

Le « front républicain » comme barrière

Marine Le Pen, la fille de Jean-Marie, père du Front national, qui se bat depuis quelques années pour « dédiaboliser » le parti de son père avec qui les relations ne sont pas au beau fixe, a ainsi réussi un exploit au premier tour, talonnant les deux partis traditionnels.

Dès l’annonce des résultats du premier round, des Etats-majors des partis sont alors entrés en laboratoire pour sortir la recette qui barrerait la route au Front national. C’est le Parti socialiste au pourvoir, « au nom de la république » qui fait violence sur lui-même, invitant ses candidats des zones où le FN venait en tête, à se retirer pour donner plus de chance à la « droite fréquentable » de Nicolas Sarkozy.

En plus de cette stratégie, les français étaient invités à se rendre « massivement » aux urnes. Le sursaut a été incontestable, avec 58,53% contre 49 % au premier tour. Il s’agissait là, d’un pic de participation équivalant à celui rencontré entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2002, quand Jean-Marie Le Pen s’était qualifié pour le second tour.

On peut dire que le report des voix des électeurs de gauche sur les candidats de droite, combiné à la hausse du taux de participation ont été payants pour ceux qui ne voulaient pas de l’extrême droite. La défaite a été cinglante ce 13 décembre dès l’annonce des résultats. Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais Picardie dans son duel face à Xavier Bertrand (Les Républicains), a été battue avec 42,23 % des voix contre 57,77 % pour son challenger. La nièce de la patronne du FN, Marion Maréchal-Le Pen a été elle aussi battue à plate couture en PACA, par Christian Estrosi, lui aussi renforcé par le retrait du PS.

Le FN out, les deux autres blocs se sont partagé les régions. L’alliance des partis de gauche avec Le parti socialiste, les écologistes et le Front de gauche gagnent cinq régions. La droite elle, avec Les Républicains, le Modem, l’UDI remportent le plus grand nombre de régions, sept en tout.

Il n’y a pas de quoi rougir

« Dépassée » par ce retournement de situation, Marine Le Pen s’est emportée dès l’annonce des résultats. La candidate malheureuse s’en est vertement prise au Parti socialiste qui a tout fait pour barrer la route aux frontistes. « Cet entre-deux tours a vu le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale en poste, possédés par leur emportement, tenir des propos d’une irresponsabilité inquiétante qui conduisent à s’inquiéter sur les dérives et les dangers d’un régime à l’agonie ».

Dans les camps socialistes et républicains on ne jubile pourtant pas. Les régionales ont certes été une défaite pour le FN, mais pas une victoire pour les Républicains, encore moins pour le Parti socialiste.
En plus, Marine Le Pen et ses lieutenants, ont davantage encré le parti à l’occasion de ces régionales. Le décompte des voix donne 6 710 000 voix à l’extrême droite, son meilleur résultat en nombre de voix, amélioré de près de 300 000 voix par rapport au précédent record, au premier tour de la présidentielle de 2012. L’autre point positif pour le FN, c’est le triplement du nombre de ses conseillers régionaux : de 118, ils vont passer à 350.

Ces élections régionales sonnaient quelque peu comme une revue de troupes avant l’élection présidentielle de 2016. Un rendez-vous qui sans doute ne se jouera plus , comme cela est de coutume, entre le PS du président sortant François Hollande et Nicolas Sarkozy, qui piaffe d’impatience de revenir aux affaires, mais aussi et surtout avec Marine Le Pen qui tentera de faire mieux que son père, arrivé au second tour de l’élection présidentielle de 2012.

Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hormail.fr)
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