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Tueries au Burundi : Le pasteur Nkurunziza jusqu’au bout de sa « messe »

Publié le mardi 15 décembre 2015 à 01h30min

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Tueries au Burundi : Le pasteur Nkurunziza jusqu’au bout de sa « messe »

Plus rien ne va au Burundi. Les affrontements sont de plus en plus sanglants depuis le coup d’État manqué de mai, perpétré dans un contexte de candidature controversée du président Nkurunziza à un troisième mandat. Depuis qu’il a été réélu sans surprise en juillet, le pasteur a bandé les muscles. Ce vendredi 11 décembre et tout le weekend qui a suivi, les rues de la capitale étaient jonchées de cadavres : plus de quatre vingt morts selon le décompte officiel. Un massacre à huit-clos, alors que des pays comme les Etats- unis ont recommandé aux américains de ne pas se rendre au Burundi et à ceux qui s’y trouvent de partir « aussi rapidement que possible ».

Le vendredi 11 décembre, des attaques simultanées ont visé trois camps militaires. La réaction du pouvoir ne s’est pas fait attendre. Une centaine de jeunes dans les quartiers de Bujumbura ont été tués, exécutés froidement. Pour se dédouaner, les autorités assurent avoir abattu des insurgés armés. Depuis, les habitants vivent au rythme des rafles quotidiennes.

Ce sont des courses poursuites entre policiers, agents des services secrets burundais, des militaires et des jeunes dans les quartiers et partout où il y a des jeunes. « Ceux qui sont terrés dans leurs maisons ne sont pas épargnés non plus. Les portes sont dans ces cas défoncées, les familles molestées et tous ces jeunes accusés d’être parmi ceux qui tirent chaque jour sur les forces de l’ordre sont arrêtés », témoigne un habitant de la capitale au micro de nos confrères d’un média occidental.

Dans plusieurs quartiers, les habitants ont accusé les forces de l’ordre d’avoir arrêté vendredi tous les jeunes qu’ils rencontraient et de les avoir exécutés délibérément.

« Le bilan final des attaques d’hier est de 79 ennemis tués, 45 prisonniers et de 97 armes saisies. De notre côté, huit soldats et policiers ont été tués et 21 blessés », a dit le porte-parole de l’armée burundaise, le colonel Gaspard Baratuza, à l’AFP, au lendemain de la répression.

On est donc loin des manifestations pacifiques d’avril, avec leur credo contre le troisième mandat du pasteur. Requinqué après l’échec du coup d’Etat du 13 mai 2015 perpétré par le général Godefroid Niyombare, le président pasteur avait prévenu que les manifestants armés seraient traités comme des « ennemis de la nation » et que la police serait autorisée à user « de tous les moyens » pour les désarmer.

Un massacre à huit clos
Depuis avril 2015, plus de 300 personnes ont été tuées et plus de 215 000 autres ont fui le pays en raison de la violence, selon l’ONU. Depuis que le président burundais a refusé de partir du pouvoir à l’issue de ses deux mandats, les condamnations ont fusé de partout. Son aventure a été décriée aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur où les manifestations depuis pacifiques et à mains nues, se sont transformées en lutte armée.

Ce pays de l’Afrique Centrale, semble depuis abandonné par la communauté internationale qui se limite à des condamnations de principe qui n’émeuvent plus les protagonistes.

Après les violences de la semaine dernière, le Canada et les Etats Unis ont interdit la destination Burundi à leurs ressortissants. Dans un communiqué, le département d’État américain a ordonné « au personnel américain qui n’est pas indispensable ainsi qu’à leur famille », de quitter le pays, recommandant également à tous les Américains de ne pas se rendre au Burundi et à ceux qui s’y trouvent de partir « aussi rapidement que possible ».

Une action qui n’est pas pour rassurer. Quant aux organisations sous régionales et africaines, comme La Communauté Économique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale (CEMAC) et l’Union africaine, c’est encore une occasion manquée de se rendre indispensable avant que la situation ne s’enlise davantage. Les Burundais appellent au secours, mais les potentiels secours préfèrent jouer le rôle de croquemort, après des condamnations « fermes » dont eux- mêmes connaissent la portée. En attendant le président pasteur Pierre Nkurunziza aura eu le temps de célébrer « sa messe ».

Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 15 décembre 2015 à 09:16, par Wendpanga En réponse à : Tueries au Burundi : Le pasteur Nkurunziza jusqu’au bout de sa « messe »

    Merci de nous renseigner sur l’origine de titre de pasteur de Pierre Nkurunziza. En effet j’ai lu sa biographie et je n’ai pas trouvé qu’il a fait une école biblique ou une institut biblique ou même qu’il a eu à diriger une assemblée de chrétien ou d’église. Merci beaucoup à Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr) de nous éclairer.

  • Le 15 décembre 2015 à 10:07, par Ide Oueder En réponse à : Vous avez dit Pasteur ?

    Je ne sais pas qui a nommé Nkurinziza Pasteur, ni pour quelle chappelle il officie, mais je sais que la bible assimile le pasteur (et d’autres responsables spirituels) à des bergers. : Jean 10.11 déclare « Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis ». Ceci est très clair, le berger donne sa vie pour les brebis, il ne les fait pas massacrer… ». Mais il est vrai que nul ne sait qui sont les divinités, ou prétendues divinités adorées. Mais il est clair qu’on ne saurait accepter une (prétendue) divinité qui laisse massacrer les créatures. Dieu reconnaitra les siens le moment venu. Bien sûr que la conscience de tous ceux et toutes celles qui peuvent empêcher cela et ne le font pas devrait les activer à faire quelque chose. Si non, quelles vanité et inutilité que le statut d’humain sans amour du prochain. Dieu, sauve ce peuple et tous les peuples qui souffrent.

  • Le 15 décembre 2015 à 18:27 En réponse à : Tueries au Burundi : Le pasteur Nkurunziza jusqu’au bout de sa « messe »

    Ce président Burundais n’est plus un humain , il a muté pour devenir un monstre. Il ne fait que fomenter des coups bas pour tuer les humains.Je sais qu’il s’ est inspiré du cas du BURKINA en de disant qu’il faut prendre le contre_ pied en tuant beaucoup de Burundais pour créer la psychose aupres de la population et du coup enlever à quiconque l’envie de contestation. Mais qu’il sache que Dieu Tout Puissant mettra fin à cette diablerie et de manière inattendue et pour cela il peut compter sur l’âme de ses victimes. Ainsi soit-il.

  • Le 17 décembre 2015 à 11:59, par Light En réponse à : Tueries au Burundi : Le pasteur Nkurunziza jusqu’au bout de sa « messe »

    Il faut que Le president comprenne qu’il sagit d’une revolution qui a commence. Les gens n’ont pas peur De mourir.Ils veulent qu’il parte c’est tout. Il croit intimider la jeunesse en tuant ; alors qu’en realite il les rend forts jour apres jour.Il finira par partir.s’il est Pasteur comme il se le baptise il fera mieux de demissionner se repentir et demander au Seigneur une seconde chance pour servir.President et Pasteur ; ça ne rime pas.
    .

  • Le 28 décembre 2015 à 14:01 En réponse à : Tueries au Burundi : Le pasteur Nkurunziza jusqu’au bout de sa « messe »

    plupart tutsi, un autre génocide ensanglantait la région des Grands Lacs : entre 200 000 et 300 000 Hutu furent massacrés par l’armée du Burundi à la suite d’une rébellion hutu qui fit des milliers de victimes chez les Tutsi. Au Rwanda comme au Burundi le meurtre de masse porte tous les signes distinctifs du génocide : le ciblage ethnique des victimes, l’intentionnalité exterminatrice, l’ampleur des tueries. À la différence du Rwanda, ou l’ethnie des génocidaires fut écartée du pouvoir, au Burundi c’est la minorité tutsi qui devait régner sans partage sur les destinées du pays, jusqu’en 1993. Ceci explique le silence officiel qui, jusqu’à aujourd’hui, entoure le génocide de 1972. Cette mise entre parenthèses des atrocités commises en 1972 a non seulement contribué à obscurcir leurs relations avec celles de 1994 au Rwanda voisin, mais a créé un non-dit officiel qui aggrave les tensions entre les communautés hutu et tutsi. Au Burundi comme au Rwanda le moment est venu de procéder à de véritables « retrouvailles de la mémoire », et, ce faisant, de reconnaître que la culpabilité n’est pas une voie à sens unique. Le plus grand danger qui menace la région des Grands Lacs est celui d’une mémoire ethnicisée, où chaque groupe se dispute le privilège de détenir la vérité, et où l’histoire départage les bons des mauvais suivant l’appartenance ethnique.

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