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Burkina post-transition : quelle place pour la jeunesse dans la gouvernance politique ?

Publié le lundi 14 décembre 2015 à 01h02min

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Burkina post-transition : quelle place pour la jeunesse dans la gouvernance politique ?

Le ’’nouveau Burkina’’ dont l’érection est partie de l’insurrection populaire de fin octobre 2014 gagnerait à bénéficier de la contribution effective et active de toutes les couches sociales. Dans ce sens, certains indicateurs présagent déjà d’une implication non-négligeable de la jeunesse burkinabé. Mais quelle sera en définitive, la place de cette jeunesse dans la gouvernance politique ? Cette question mérite d’être posée en ces moments où les consultations et/ tractations pour la mise au point de la machine gouvernementale du ’’régime Roch Kaboré’’ semblent déjà se tramer dans les coulisses.

La remarquable prise en compte de jeunes de moins de 45 ans sur les listes de candidatures aux élections législatives du 29 novembre dernier, est à saluer. Du reste, il en a résulté l’élection de jeunes gens comme députés. Ces derniers sont ainsi mandatés par le peuple burkinabè à animer la 6è législature. Ces jeunes députés doivent prouver qu’ils ne sont pas des parvenus. Ils doivent démontrer qu’ils sont de vrais leaders, ou à tout le moins, des politiciens ou technocrates mâtures.
L’une ou l’autre de ces qualités doit être affichée dans la conduite de l’œuvre législative. En effet, l’exécution des missions parlementaires n’est pas que collective ; elle peut également être individuelle. Il en est ainsi notamment avec l’élaboration des propositions de loi, avec les questions (orales, écrites) à l’endroit du gouvernement. Il serait bon que nos jeunes députés se distinguent sur ces questions. Et une telle distinction doit se conjuguer avec une discipline exemplaire au sein de leur groupe parlementaire.
En somme, ces jeunes élus doivent convaincre l’opinion que la jeunesse burkinabè est effectivement capable d’assumer de hautes responsabilités –politique notamment –et qu’elle mérite qu’on lui fasse davantage confiance quant à l’érection et à la consolidation d’un Burkina des lendemains meilleurs.

Des OSC, cadres d’intervention et d’action de la jeunesse

Le moins que l’on puisse dire déjà, c’est que cette jeunesse burkinabè a brillamment joué un rôle de premier plan dans l’avènement de l’insurrection populaire et dans la résistance au putsch de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Incontestablement, elle est l’une – sinon la première - figure de proue de l’avènement du "Burkina véritablement démocratique "qui se profile à l’horizon. En effet, des organisations de la société civile de type nouveau comme le Cadre d’Actions et de Réflexion Démocratique (CADRe) d’où est issu le Balai Citoyen, le Front de Résistance Citoyenne (FRC) devenu - après l’insurrection - le Front de Renforcement de la Citoyenneté, la Ligue des jeunes à Bobo-Dioulasso, pour ne citer que ceux-ci, ont courageusement lancé le débat pour ce "Burkina de tous les espoirs" tant en salles closes que sur le terrain de l’action, du temps où le régime déchu n’hésitait pas – surtout en sourdine - à mettre en branle sa capacité de nuisance.
Mais le goût du courage distillé par ces OSC pionnières depuis 2006, a, au fil du temps, habité bien d’autres jeunes. Avec la naissance du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) en 2014, une floraison d’OSC dont le Collectif Anti-référendum (CAR) devenu Citoyen Africain de la Renaissance, le ’’Mouvement ça suffit’’, l’emblématique ’’Balai citoyen’’, le Brassard Noir, le Mouvement Citoyen de Jeunesse pour le Développement et le Progrès (MCJDP), le Mouvement cocorrico, le Mouvement en Rouge, ont apparu sur la scène du combat démocratique. Ces organisations de jeunesse ont affiché une opposition et une résistance actives au régime de Blaise Compaoré emballé dans ce que quelqu’un a qualifié ’d’entêtement bovin’ à vouloir sauter la clause limitative du nombre de mandats présidentiels. La suite, tout le monde la connaît : le régime de Blaise est déchu.

La jeunesse mérite bien une place de choix

La Transition qui s’en est suivie, devra fort heureusement, céder bientôt la place à des autorités démocratiquement élues. Et ce sont ces dernières qui auront en charge la destinée du Burkina Faso durant les cinq prochaines années. Dans ce sens, elles devront asseoir des organes à même d’impulser une gouvernance – politique notamment – à la hauteur des enjeux du Burkina Faso post- transition attendu véritablement démocratique. C’est un tel Burkina qui, espère-ton, reconnaîtra mieux les mérites de la jeunesse burkinabè lourdement éprouvée dans le cadre du basculement politique. Donner une place de choix à cette jeunesse dans la désignation des personnalités qui doivent animer les organes de la future gouvernance politique, ne sera que justice rendue. En tout cas, elle mérite bien cette place.
Au-delà de la justice, une telle option augure d’une relève politique sereine prônée par certaines OSC. Il n’y a pas longtemps, un forum des jeunes venus des quatre coins du pays, a même été organisé dans ce sens. Des autorités soucieuses d’un Burkina Faso des lendemains meilleurs ne devraient aucunement hésiter à opérer pareille option : un gouvernement post-transition animé majoritairement par des jeunes de moins de 45 ans compétents et politiquement mûrs. Des jeunes acteurs politiques, des jeunes acteurs de la société civile, et des jeunes simplement technocrates. C’est surtout ainsi, qu’ils pourront assurer un avenir serein à notre pays.

Des annonces qui donnent d’espérer

Dans ce sens, l’espoir semble être donné par les nouvelles autorités. En effet, le président fraîchement élu, Roch Marc Christian Kaboré, a annoncé la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, donc un gouvernement ouvert à des personnalités autres que les seuls militants de son parti, le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès). Le directeur national de sa campagne électorale, Salif Diallo, le 1er vice-président en charge de l’orientation politique du MPP planche pour un gouvernement d’alliance populaire. La philosophie qui sous-tend ce gouvernement d’alliance populaire, précise Dr Diallo, est celle de la prise en compte des différentes forces qui ont activement déboulonné le régime de Blaise Compaoré.
L’une ou l’autre de ces formes de gouvernement annoncées donne d’espérer une place réconfortante pour la jeunesse. Ainsi, aussi bien au niveau du législatif qu’à celui de l’exécutif, la jeunesse burkinabè pourra vaillamment faire entendre sa voix. Mieux, elle saura travailler énergiquement à garantir la relève politique dans un Burkina Faso en passe de s’afficher en exemple de démocratie en Afrique et au-delà.

Bebamahun, un observateur de la scène politique
Bebamahun@yahoo.fr
+226 25 36 28 99

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Vos commentaires

  • Le 14 décembre 2015 à 11:42, par OCy En réponse à : Burkina post-transition : quelle place pour la jeunesse dans la gouvernance politique ?

    Je ne suis ni pour le cota genre, ni pour le cota jeune. Un président a été élu et doit mettre en œuvre son programme. Le souhait est que le Burkina avance. Le nombre de jeunes, de femmes dans son équipe importe peu. Ce qui importe, c’est la compétence des burkinabè qui seront choisis pour le maximum de résultats positifs pour le pays.
    Il y a eu des femmes, des jeunes qui ont prouvé dans ce pays qu’ils étaient capables, il y en aura tjrs de ces femmes et jeunes là. Mais, je pense qu’avec nos réclamations de cota, nous risquons de mettre des hommes à la place qu’il ne faut pas.
    J’ai l’impression comme s’il y avait un sentiment de jalousie, comme si des jeunes, des femmes veulent que les ainés leurs cèdent la place parce qu’ils se sentent capables. Il n’est pas juste de vouloir que des gens qui ont créé leur parti avec bcp d’endurance, qui militent dans la politique des fois pendant des décennies, mettent n’importe qui, à n’importe qu’elle place parce qu’il y a un cota imposé.
    Au B.F et à travers le monde des femmes et des jeunes ont fait preuve de compétence et ils ont été récompensés : au Burkina ce n’est pas pour rien que le CDP est allé chercher Mme Juliette BONKOUGOU pour prendre la tête de sa liste national après le rejet des premières candidatures.
    Lorsque le Jeune capitaine SANKARA a été désigné par le CNR pour être président, ce n’est pas sur cota. C’est plutôt, sur la compétence que l’homme a été désigné. En tant que officier, ministre et 1er ministre l’homme a montré sa capacité à être un homme d’état.
    Des hommes également comme Mr Jacques CHIRAC, Mr Laurent FABIUS et bien d’autres ont depuis l’âge jeune jusqu’à l’âge adulte passé presque toute leur vie au sommet de l’état de leur pays n’ont pas à cause d’un quelconque cota.
    Aux USA de 2000 à aujourd’hui il y a eu 2 femmes secrétaires d’état. En Allemagne une femme Chancelière, au Libéria, au Brésil, et que sais-je encore il y a des femmes aux rangs des responsabilités les plus élevées n’ont pas une fois de plus sur la base d’un cota.
    Le champ est ouvert à tout le monde. Femmes, jeunes et autres peuvent créer leurs partis pour la conquête du pouvoir. Et ce que nous devons savoir, c’est que quand une femme, un jeune, un vieux s’engage en politique, c’est pour la conquête du pouvoir et qu’il n’est pas juste de mon point de vue que les uns disent aux autres de leurs faires la place sous le principe de cota.
    Nous avons participer aux manifestations de l’insurrection et du coup d’état n’ont pour exiger un quelque cota ou faire du chantage après, mais pour notre patrie, notre dignité. La modification de l’article 37 touchait à notre dignité et que dans ce pays une minorité se sentait au-dessus de tout et même avait du mépris envers d’autres burkinabè.
    Une fois de plus je suis pour « les hommes qu’il faut à la place qu’il faut »

  • Le 16 décembre 2015 à 09:07, par Le Fair Play Citizen En réponse à : Burkina post-transition : quelle place pour la jeunesse dans la gouvernance politique ?

    Évitons surtout de considérer les postes/nominations comme des récompenses. Toute personne devra mériter sa place par son profil ou ses expériences dans le secteur en question. On ne saurait continuer à tricher avec les postes de travail car le développement ne sera jamais possible dans la tricherie. Courage au nouveau président

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