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Les faits divers de Sakré : Bognamou a vendu sa maladie et a trouvé problème

Publié le mardi 19 avril 2005 à 07h17min

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Chez nous, on dit qu’il faut « vendre sa maladie pour avoir son médicament », autrement dit, parler de son mal autour de soi aide à vite trouver son remède. Le vieux Bognamou a vendu son mal à son voisin Gandaogo. En retour celui-ci lui a donné des problèmes ; de sérieux ennuis.

Le fils du vieux Bognamou se trouve dans de sales draps à l’hôpital. Sa jambe risque d’être amputée si le manque de soins pour cause de pauvreté perdurait.

Vieux Bognamou n’a personne pour l’aider ; en fait les gens sont, semble-t-il, fatigués de l’aider. Pourtant il lui faut 60 000 F CFA à tout prix pour honorer l’ordonnance qui lui avait été remise deux jours auparavant. Alors vieux Bognamou est allé crier misère à la porte de son voisin Gandaogo, homme pour qui 60 000 F CFA c’est rien ou presque rien.

Mais ce n’est pas pour autant qu’il prêterait cette somme sans la moindre garantie. En bon voisin mais prêteur prudent, il demande une garantie, un objet de valeur, quelque chose d’important. Vieux Bognamou n’a rien à garantir. C’est Gandaogo lui-même qui l’aidera à sortir du désarroi dans lequel il s’enfonçait, en lui disant qu’il se contenterait bien du document de sa concession. Vieux Bognamou pousse un "ouf’’ de soulagement et tout en courant chez lui chercher son permis urbain d’habiter il demande au ciel de bénir son bienfaiteur d’abondance.

A son retour, il remet le document à Gandaogo qui, à son tour, lui donne les 60 000 F CFA avant de lui demander de signer la reconnaissance de dette qu’il lui tend.

Vieux Bognamou ne sait pas lire. Il n’a jamais été à l’école une seule fois dans sa vie, sinon il aurait su que le document qu’il signait n’est pas une reconnaissance de dette, mais une attestation de vente de sa concession dont le prix qui y figure est 900 000 F CFA. Vieux Bognamou s’en va et Gandaogo, hilare, empoche le précieux papier.

Les policiers ne posent pas trop de questions

Le lendemain Gandaogo fait appeler vieux Bognamou pour lui faire comprendre que le document qu’il a signé n’avait aucune espèce d’importance tant qu’il n’aurait pas été légalisé par une autorité compétente. II oblige presque vieux Bognamou à l’accompagner à la police. Là-bas, les policiers ne posent pas trop de questions étant donné que quiconque est libre de vendre sa concession. L’acte de vente est donc légalisé et Gandaogo, plus hilare que jamais, se sépare de son voisin.

Deux mois plus lard, vieux Bognamou va pour rembourser les 60 000 F CFA. La mine froissée Gandaogo lui demande s’il plaisante ou quoi, car il ne convient pas à un ancien tel que lui de faire preuve de si peu de sérieux. Le vieux ouvre la bouche. Sèchement Gandaogo lui coupe la parole pour lui faire comprendre que s’il lui devait quelque chose ce n’est pas 60 000 F CFA, mais toute sa concession.

Le vieux est ahuri et Gandaogo poursuit pour lui dire qu’il lui donne une semaine pour quitter la concession, sa concession sinon il ferait pleuvoir des problèmes sur sa tête. Sur ce, il renvoie vieux Bognamou qui ne comprend rien à ce qui lui arrive. Pendant qu’avec les anciens de son quartier ils discutaient de ce qu’il convenait de faire, Gandaogo arrive avec une convocation d’huissier pour lui.

Vieux Bognamou s’y rend pour entendre l’huissier lui demander de quitter sa concession dans les meilleurs délais étant donné que le nouveau propriétaire voulait en jouir. Deux jours plus tard, vieux Bognamou ne s’exécutant pas parce que ne sachant où aller, l’huissier donne l’ordre à la police de sévir. Ainsi, vieux Bognamou, sa femme et ses quatre enfants sont chassés de chez eux et leur concession rasée.

Pendant que toute cette famille spoliée pleurait Gandaogo lui, rigolait. Mais il n’a pas rigolé longtemps car il y a bien un Dieu qui soutient et venge les opprimés. Ainsi donc fort de ce succès, Gandaogo s’est lancé dans une autre affaire plus tordue que celle-là. Cette affaire de parcelles ayant tourné à l’eau de boudin, il a été pris. La police qui a

eu le flair de mettre le nez dans toutes les affaires de Gandaogo a finit par comprendre la nature félonne de l’homme et le tour joué à vieux Bognamou. Mais ce n’est pas cela qui lui rendra sa cour et c’est bien malheureux.

Sakré Chédou OUEDRAOGO
Sidwaya

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