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Françoise Toé face au patronat burkinabè : « Un salarié malade n’est pas productif »

Publié le vendredi 27 novembre 2015 à 12h35min

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Françoise Toé face au patronat burkinabè : « Un salarié malade n’est pas productif »

A l’occasion de l’élection présidentielle, le Conseil national du patronat burkinabè (CNPB) a reçu les différents candidats pour leur exposer les difficultés auxquelles est confronté le secteur privé burkinabè et mieux comprendre les mesures prévues par chacun des 14 prétendants à la magistrature suprême pour favoriser le climat des affaires. Le 25 novembre, c’était au tour de Françoise Toé de décliner le programme en ce qui concerne le secteur privé.

Installée depuis 1991 comme patronne d’une société d’expertise comptable à Ouaga et qui emploie une vingtaine de salariés, la candidate indépendante soutenue par le Mouvement de libération nationale Burkina Faso (MLN-BF) a rappelé qu’elle était une militante politique de longue date de sensibilité socialiste. Elle prône le développement endogène, un concept développé dans les années 70 par le Pr Joseph Ki-Zerbo et qui est repris actuellement par d’autres candidats dans leurs discours de campagne.

Que veut dire être socialiste dans un pays comme le Burkina ? Dans son programme, elle place comme priorités l’autosuffisance alimentaire, car dit-elle, « un peuple qui a faim n’est pas un peuple libre et il est exclu que nous comptions sur les productions étrangères pour nourrir notre peuple » ; il y a également la santé car un salarié malade n’est pas productif et nous avons à cœur de donner l’accès aux soins de santé, à l’eau potable pour tous, la scolarisation de tous les enfants en âge d’aller à l’école pour doter les entreprises de ressources humaines compétentes afin qu’elles puissent atteindre leur objectif. « Or, en tant que chef d’entreprise, il y a des difficultés à avoir des compétences quand on a besoin toute suite », regrette-t-elle, ajoutant « qu’il faut encadrer pendant 2 ou 3 ans l’étudiant qui sort de l’université avant qu’il ne soit opérationnel ». Une reformulation des contenus de l’enseignement sera donc faite si elle est aux affaires pour rapprocher l’enseignement aux besoins de l’entreprise pour que les jeunes soient immédiatement opérationnels. Elle compte également moderniser les infrastructures de transports pour mettre fin à l’enclavement entre régions. « La voie du développement passe par le développement des voies car on perd du temps et les machines en souffrent sur les mauvaises routes »
Elle s’engage à assurer une justice indépendante et proche des citoyens, garantir la liberté des magistrats afin qu’ils disent le droit, car dit-elle, « les entreprises ont besoin de cette indépendance pour être rassurées car les investisseurs redoutent le manque de justice ».

Afin de soutenir la compétitivité des entreprises en amoindrissant les coûts de facteurs, elle promet une énergie moins chère en élargissant les sources d’approvisionnement, combinant les énergies fossiles et les énergies renouvelables. Elle agira également sur la fiscalité en élargissant l’assiette fiscale pour faire baisser la pression fiscale. « Sans entreprises viables, il n’y a pas d’emplois durables » a-t-elle martelé.
Socialiste, elle est pour la redistribution des richesses, « mais avant de les partager, il faut d’abord les créer ». Elle compte réhabiliter le travail bien fait « car il n’est pas normal que le croupion de la classe ou le fainéant du quartier, parce qu’il a des relations haut placées, roule carrosse pendant que les honnêtes citoyens se battent comme des diables pour joindre les deux bouts », s’est-elle indignée, suscitant les applaudissements de l’assistance.
Afin de soutenir le développement de l’agriculture et les acteurs du monde rural, elle compte créer une banque agricole pour accompagner les industries de transformation et donner de la valeur ajoutée aux produits nationaux. Les retombées étant la création d’emplois viables qui vont générer des recettes fiscales pour l’Etat.

Dans un monde de compétitivité, elle a prévu de mettre en place une politique d’intelligence économique pour accompagner les entreprises et les pouvoirs publics. Le Burkina étant membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), elle exclut donc le protectionnisme mais face à la concurrence déloyale, elle prendra des mesures incitatives visant la promotion du patriotisme économique. « Nous avons intérêt à consommer nos productions et éviter des situations comme c’est le cas à la Sossuco, deuxième employeur au Burkina, mais qui n’arrive pas à écouler la production », a-t-elle déploré avant de saluer la décision de faire du Faso dan Fani le pagne du 8 mars.
Répondant aux questions de l’assistance, elle a précisé que le socialisme pour elle, ce sont « des valeurs de liberté, égalité intégrité, tolérance, de développement inclusif et coopération internationale sur un pied d’égalité »

Pour financer son programme, elle compte sur le budget de l’état avec l’élargissement de l’assiette fiscale avec des ressources propres, la traque de la fraude et la promotion de la bonne gouvernance pour éviter les travaux bâclés comme sur la route de Bobo.
Afin de faciliter l’accès au crédit, elle mettra en place un fond de garantie pour les entreprises. Répondant à une question sur les véhicules d’occasion, elle considère qu’il faut faire le ménage dans le secteur. « On est la poubelle des pays industrialisés car ces véhicules n’ont pas le droit de circuler dans leurs pays d’origine ; on les déclasse et hop, on les déverse chez nous et c’est à nous de contrôler la qualité des produits et éviter les carcasses qui polluent l’environnement ». Pour cela, elle compte prendre des mesures facilitant le renouvellement du parc automobile.
Sur les accidents qui créent la désolation tous les jours, elle a prévu d’inscrire l’apprentissage du code de la route dès l’école primaire afin que « nos enfants qui risquent leur vie tous les jours parce qu’ils n’ont pas une notion du code de la route, soient plus tard des adultes disciplinés ».

J.D, correspondance particulière

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Vos commentaires

  • Le 27 novembre 2015 à 15:42, par Burkindie En réponse à : Françoise Toé face au patronat burkinabè : « Un salarié malade n’est pas productif »

    C’est bien pensé, claire et net. Merci Mme. On vous soutient

  • Le 27 novembre 2015 à 15:50, par Alexio En réponse à : Françoise Toé face au patronat burkinabè : « Un salarié malade n’est pas productif »

    Quand Blaise Compaore avait gagner les elections de 2010 avec un score sovietique qui pouvait s inscrire dans le GINNES-BOK, dans son discours d orientattion politique nous avait beurrer avec cette promesse. L emergence du Faso dans le concert des nations deja arrives a ce superlatif. Depuis lors nous n arrivons meme pas ajoindre les deux bouts avec 3$ par jour.

    Pourquoi les politiciens veulent brules les etapes avec une politique de base fragile ? La priorite de tous les peuples de ce monde sont : L autosuffisance alimentaire, la sante, l education, l absorption du chomage et l habitat. Le reste est du luxe.

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