Disons donc pour éviter toute polémique inutile qu’il s’agit d’une égalité virtuelle qui attend des situations concrètes pour être manifestée. En attendant, les disparités sont nombreuses entre les hommes et, loin de choquer, renvoient même parfois à un ordre supérieur, œuvre d’un horloger dont les desseins transcendent les notions de commencement et de fin desquelles l’homme est prisonnier. Des hommes simples, faisant des choses simples, bâtissent des fortunes tandis que d’autres s’arrachent les cheveux pour savoir comment sécuriser leur devenir immédiat. Les uns encore font fortune au détour d’une banalité tandis que d’autres volent d’échec en échec dans des entreprises pourtant plus prometteuses les unes que les autres.

Cela relève de l’ordre des choses et tous ces acteurs, au-delà des désirs satisfaits ou insatisfaits, ont l’immense mérite de lutter. Le prophète l’a dit : "Ceux qui vivent, sont ceux qui luttent". Hommage donc à tous ceux qui luttent ; hommage à tous ceux qui réussissent à avoir un gain par leurs propres efforts quelle que soit la petitesse de l’activité qui le leur confère. Cependant, à côté de ceux qui luttent se déploie une race de parasites pour lesquels la lutte pour la vie revient à tendre la main.

De prime abord la mendicité n’est pas condamnable car il y a des hommes que certaines insuffisances physiologiques ont transformés en épaves que ballottent ça et là les flots de l’existence. Ils ont besoin de la solidarité d’autrui pour survivre et pour cela, cette catégorie d’hommes est reconnaissable au simple coup d’œil. Outre la grandeur d’âme que cela signalera, c’est faire œuvre pie que d’aider ces êtres-là.

A côté d’eux évoluent malheureusement des saprophytes dont le dénominateur commun est qu’ils vivent aux dépens des autres. Telles des sangsues, ils sont partout, allant même jusqu’à tendre la main à des bébés dans des landeaux (astuce de fins psychologues qui consiste à viser la maman nécessairement émue par cette façon de manifester son enfant au monde).

Le phénomène est aujourd’hui d’une telle intensité que Ouagadougou connaît la plus forte concentration de mendiants au Burkina.

Or, ces pseudo mendiants sont des hommes et des femmes valides mais fainéants et ayant opté pour le moindre effort.

L’absence de scrupules dont ils font preuve, traduit bien leur nature véritable : de vulgaires escrocs qui ont simplement choisi de jouer sur la corde sensible de leurs concitoyens. Il n’y a aucun espace où des meutes de ces parasites ne se manifestent. Ils occupent des centaines de mètres de l’espace public face aux marchés, s’installent en grappes compactes aux abords des lieux de cultes, écument la cité avec des bébés d’emprunt (soi-disant jumeaux) dans les bras tractent des malvoyants (alors qu’eux mêmes sont valides et saints) s’asseyent partout où il y a foule... Il y a dans la population un sérieux ras-le-bol que certains manifestent ouvertement à présent face à cette agression permanente.

La mendicité est en passe de se “professionnaliser” et il est temps de réagir. Un juriste a d’ailleurs laissé entendre que la mendicité est un délit au Burkina. Si cela est vrai, le caractère délictuel ajouté à la présomption d’escroquerie dont on peut taxer les "mendiants" valides font qu’il devient urgent et légitime d’entreprendre des actions appropriées pour juguler le phénomène.

Pour cela, il faudra d’abord des mises au point complètes destinées à mettre à nu les agissements des pseudo mendiants en expliquant en quoi cela est une escroquerie et le caractère délictuel de ces comportements vis-à-vis des lois de la république. Ensuite il faut annoncer des dispositions punitives pour tout contrevenant et sévir vraiment. Il ne faut, en aucun cas, hésiter à combattre le phénomène. De nos cultures traditionnelles ou religieuses, retenons le positif.

A bon entendeur ...

Salomon