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Présidentielles 2015 au Burkina : Les favoris, les baroudeurs et les autres !

Publié le samedi 14 novembre 2015 à 09h28min

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Présidentielles 2015 au Burkina :  Les favoris, les baroudeurs et les autres !

Tous les observateurs de la scène politique burkinabè sont unanimes, les élections du 29 novembre prochain sont des plus ouvertes. Deux favoris se détachent cependant du lot des 14 candidats : Zéphirin Diabré et Roch Marc Christian Kaboré. Qu’importe ! Tous les candidats croient à leurs chances même si la première semaine de campagne électorale nous donne à penser que cette course vers Kossyam ressemble à une mêlée de rugby, et pour cause !

De Tahirou Barry du parti pour le renouveau national (PAREN), le premier à entrer dans les startings blocks, au candidat indépendant, Idrissa Zampaligré, le dernier à s’être déclaré candidat en août dernier, les prétendants à la succession de Michel Kafando ont le même rêve mais pas les mêmes moyens de le réaliser. Election ouverte, dit- on, mais en réalité cette présidentielle pourrait donner de voir une belle mêlée pour emprunter l’expression connue au rugby, où les joueurs, épaules contre épaules, empilés les uns sur les autres, convoitent le ballon, si proche, si loin d’eux.

Par ailleurs, au rugby, il y a des joueurs baroudeurs dont le fort est d’aller au contact de l’adversaire pour l’empêcher de développer son jeu et à contrario, offrir des espaces aux ailiers de leur camp, entrainés à marquer les essais. Dans l’élection présidentielle en perspectives, il y a assurément des candidats baroudeurs. C’est-à-dire des candidats qui ne peuvent pas gagner mais sont là pour gêner les favoris.

En effet, des candidats sont en lice, plus pour gêner tel adversaire et porter de l’eau au moulin de tel autre. C’est ainsi que Idrissa Zampaligré va grignoter des voix à Zéphirin Diabré dans les régions du Centre Sud et du Centre Est, vote identitaire oblige. Ou encore Françoise Toé au détriment de Saran Séré Sérémé dans le Sourou-Nayala. Idem pour Ablassé Ouedraogo au détriment de Roch Marc Christian Kaboré dans les régions du Centre et du Plateau central.

Le tamis du premier tour du scrutin fixera mieux les rôles même si déjà lors des congrès ou cérémonies d’investiture des candidats, des clivages d’alliance se sont laissé entrevoir qui se sont peu ou prou confirmées avec les deux regroupements de partis qui soutiennent l’un Roch Marc Christian Kaboré et l’autre Zéphirin Diabré.

De fait, candidat à la présidentielle, dis-moi qui tu as invité à ta cérémonie d’investiture, qui y a pris la parole, et je te dirai les alliances que tu projettes maintenant et pour un probable second tour ! Dis- moi qui t’accompagne dans tes tournées de campagnes et je te dirai qui est ton passeur de balle pour la transformation de l’essai.

Mais tout ce qui brille n’est pas or et se ne sont pas toujours ceux qui se ressemblent qui s’assemblent. Voyez le cas des Sankaristes ! Morcelés en une dizaine de partis politiques, ils sont incapables depuis toujours de se regrouper en un seul bloc ou front, ne parlons pas de fusionner en une seule formation. Le retour médiatisé de la veuve Mariam Sankara dont Bénéwendé Sankara de l’UNIR/PS a voulu se servir comme d’un tocsin de rassemblement n’a rien pu y faire. La candidature unique sankariste a fait illusion, l’espace d’une retrouvaille au palais des sports début juin dernier. Ce flop retentissant a convaincu même les plus optimistes des disciples du défunt président du Conseil National de la Révolution, que l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, n’a pas sonné l’heure du retour gagnant des Sankaristes au pouvoir.

On peut le dire sans grande crainte d’être démenti par les événements, ce n’est pas Bénéwendé Sankara, le candidat sankariste le plus en vue, qui succédera à Michel Kafando à l’issue de la prochaine élection présidentielle. Ce serait même une prouesse électorale s’il fait un score de 10% des suffrages exprimés. La raison, l’homme n’est pas charismatique comme le truculent père de la révolution burkinabè. Le programme alternatif sankariste n’emballe pas non plus les Burkinabè. Quand s’y ajoutent les divisions des partis sankaristes, on est parti pour un éparpillement de leurs voix. Dès lors, un candidat comme Bénéwendé Sankara est assurément un concurrent de deuxième chance, pour emprunter le vocabulaire du PMU. Il peut cependant jouer un petit rôle de passeur de balle – pour rester dans le rugby- pour la victoire finale et les atomes crochus avec le candidat du MPP qu’on lui connait, malgré son discours de campagne, laissent entrevoir une très probable alliance entre ces deux partis en liaison avec les 17 autres partis qui soutiennent déjà Roch Kaboré, pour gérer le pouvoir après la transition.

Quant aux autres partis sankaristes, notamment la Convergence pour l’espoir de Jean Hubert Bazié, ou le parti de la renaissance pour l’indépendance totale (PRIT/ LANAYA) de Mamadou Kabré, ils se sont alliés dès le premier tour du scrutin avec l’UPC de Zéphirin Diabré.

A ce propos, c’est une lapalissade que d’affirmer que le candidat de l’UPC a toutes ses chances dans cette présidentielle. C’est un ailier à craindre par le camp adverse. En effet, en tant que chef de file de l’opposition, il a su faire mousser la contestation des Burkinabè contre la création du sénat et la modification de l’article 37 de la constitution. Par ailleurs, comparé à un autre prétendant sérieux comme Roch Marc Christian Kaboré, il passe pour plus intègre, plus neuf, incarnant mieux la volonté d’alternance des Burkinabè. Pour reprendre notre image de rugby, c’est un ailier qui peut marquer l’essai de la victoire au deuxième tour de cette présidentielle.

Mais au premier tour, il faut le redire, la candidature de Monsieur Idrissa Zampaligré, est très gênante pour Diabré. On n’a pas besoin d’être grand clerc pour savoir que ce Zampaligré va prioritairement moissonner ses voix dans sa région d’origine du Centre Est et de celle voisine du Centre Sud, zones où l’UPC a une forte côte. Cela suffit pour que des observateurs voient dans la candidature tardive d’Idrissa Zampaligré, une torpille du MPP pour barrer la route du second tour au candidat de l’UPC. La torpille fera-t-elle mouche ? Pas sûr du tout, si, comme il se murmure, des partis de l’ancienne majorité, notamment le CDP et la NAFA, les frustrés de cette présidentielle, travaillent à convaincre ce qui reste de leur électorat à voter pour Zéphirin Diabré. Ces partis de l’ex majorité, joueraient donc le rôle de passeur de ballon pour l’ailier de l’UPC. On attend de voir !

Derbié Terence Somé
Pour Lefaso.net

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