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Elections au Burkina : « Notre objectif, c’est de faire en sorte que les Burkinabè puissent se congratuler le 30 novembre 2015 », Me Halidou Ouédraogo, président de la CODEL

Publié le dimanche 8 novembre 2015 à 00h40min

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Elections au Burkina : « Notre objectif, c’est de faire en sorte que les Burkinabè puissent se congratuler le 30 novembre 2015 », Me Halidou Ouédraogo, président de la CODEL

La réussite des élections à venir est une véritable préoccupation pour de nombreuses organisations nationales qui, de ce fait, ne ménagent aucun effort pour déployer leur génie sur le terrain. C’est le cas de la Convention des Organisations de la Société Civile pour l’Observation Domestique des Elections (CODEL), créée en juillet 2015. Pour en savoir plus sur cette structure et le dispositif qu’elle a déployé sur le territoire, nous avons rencontré son premier responsable, Me Halidou Ouédraogo. Entretien !

Lefaso.net : Quel état des lieux peut-on, à ce jour, faire au sein de la CODEL ?

Me Halidou Ouédraogo : A quelque quatre semaines du scrutin présidentiel (l’entretien a eu lieu le dimanche 13 septembre, ndlr), nous, au niveau de la Convention des organisations de la société pour la surveillance domestique des élections (CODEL), pensons que nous sommes avancés. Nous serons prêts parce que d’abord, nous avons pu nous structurer, on a donné un visage à la CODEL ; elle comprend une chambre technique, une chambre de veille et une chambre politique. Nous avons choisi cette voie d’observation domestique qu’on appelle « situation room ». C’est une expérience qui a été tentée au Sénégal en 2012, au Libéria, en Sierra-Leone, au Nigeria tout dernièrement puis au Ghana et au Mali. Nous nous sommes rendus au Sénégal pour nous inspirer de leur expérience et nous pensons que c’est une stratégie nouvelle, viable qui peut aider à travailler à ce que les élections soient transparentes, limpides, indiscutables et acceptées par tous. Mais ceci dit, nous avons pu avoir quand même des moyens par les ONG faîtières à savoir Diakonia et le NDI qui ont pris contact avec les partenaires techniques et financiers du Burkina, ont réuni les moyens pour pouvoir nous permettre de choisir cette stratégie d’observation des élections. Cela veut dire quoi ? En fait, ils ont doté notre structure de moyens (portables, Smartphones, etc.), parce que nous aurons deux manières d’observer. La première manière, ce sont les « observateurs-piquets » qui sont immobiles, qui seront au niveau des bureaux de vote dès 5h 30 du matin et qui vont quitter le bureau après le dépouillement (et après établissement des procès-verbaux) et quand ils auront remonté les résultats. Ces résultats seront remontés grâce à leurs Smartphones à un centre de veille (la chambre de veille) où il y a une cinquantaine d’assistants, qui ont déjà été recrutés et formés qui vont s’occuper de ces machines pour rassembler les résultats ; parce qu’ils vont procéder à des comptages parallèles et en temps réel. Et quand ils vont remonter ces résultats à ce niveau de la chambre, il y aura des structures d’encadrement. Et s’il se vérifie que c’est correct, la chambre de veille va transmettre les résultats à la chambre politique qui décidera, et vous verrez les résultats sur une plateforme internet www.burkinavote.com. Ça, c’est une situation nouvelle dans le cadre des observations des élections, c’est technique et c’est inédit ; c’est vraiment novateur.
Au niveau de la chambre technique, ce sont ces gens qui vont recevoir les observations de nos observateurs mobiles, au nombre de 6 300 environ, qui vont sillonner le territoire national et qui vont remonter leurs impressions sur les résultats ; le comportement des électeurs, le déroulement du processus, etc. Ça aussi, ce sera traité au niveau de la technique et transmis à la chambre de veille qui les rassemblera et tirera les impressions qui seront envoyées à la chambre politique pour des analyses et publication éventuellement. Bref, au stade actuel, nous avons déjà procédé à la formation des formateurs les 7 et 8 septembre. Nous avons déjà recruté et formé les assistants de veille, les 10,11 et 12 septembre. Nous avons aussi recruté au niveau de la chambre politique, des experts : expert en questions du genre, expert électoral, expert en matière de conflit et un expert en matière de jeunesse.
Notre dispositif est donc prêt et comme je l’ai dit plus haut, nous nous sommes rendus au Sénégal pour nous inspirer largement de leur expérience pour ne pas être pris en défaut. Nous avons conscience que ces élections-là sont historiques- sans me payer le mot-. A la lumière de ce que je vous ai dit, c’est la première fois que cela va se faire dans notre pays. C’est la première fois que nous sommes certains, que nous pouvons ajouter un plus à l’observation des élections. Et nous avons choisi des hommes de terrain, qui connaissent le milieu sociologique, le milieu anthropologique, qui connaissent le fonctionnement, le mécanisme de fonctionnement de notre société. A côté de ceux-ci, il y aura les observateurs classiques, qui vont se joindre aux autres observateurs qui viendront pour aussi observer. Nous, nous allons apporter un plus dans ce sens par la voie de la « situation room ».

Lefaso.net : Quelles structures avez–vous pu rencontrer au Sénégal ?
Me Halidou Ouédraogo :
Il y a d’abord la société civile sénégalaise qui a ‘’monitoré’’ les élections entre le Président Macky Sall et le Président Abdoulaye Wade. Nous avons pu rencontrer par exemple, le mouvement « Y en a Marre » qui ressemble un peu au Collectif de lutte contre l’impunité (qui était venu s’inspirer aussi de notre expérience à une époque). Tout cela a été rendu possible par ECES (Centre européen d’appui électoral). Nous avons rencontré aussi OSIWA (Open société initiative for west Africa).
Ce sont ces partenaires techniques et financiers, avec le concours de Diakonia, qui nous ont permis de réaliser cette opération. Ce sont ces gens-là, avec One Word, NDI, qui ont expérimenté ce genre de stratégies dans les pays que je vous ai cités. Donc, c’est un ensemble d’experts et de techniciens qui nous encadrent et nous comptons en tirer profit.

Lefaso.net : Il y a eu par la suite le coup d’Etat …
Me Halidou Ouédraogo :
Vous voyez qu’au 16 septembre (date du coup d’Etat), la CODEL était prête. La formation des formateurs qui devait commencer le 20 septembre, du fait du putsch, aura lieu du 12 au 15 novembre et une deuxième formation du 15 au 17 novembre et cela se fera dans beaucoup de chefs-lieux de provinces selon les axes.
A la rencontre avec le président de la CENI le 3 novembre dernier, nous avons noté avec satisfaction que les urnes sont déjà envoyées dans les communes et attendent d’être déployées dans les bureaux de vote. Maintenant, il peut se trouver que les bureaux de vote qui sont sur les cartes d’électeurs ne soient pas toujours aux mêmes endroits, tout simplement parce qu’entretemps, on a construit une école par exemple, des bâtiments, etc., permettant de déplacer un bureau de vote qui était à 200 mètres par exemple et qui était sous un arbre pour aller dans le bâtiment à côté. Mais il n’y a pas de risque que les gens se perdent.

Lefaso.net : Le coup d’Etat n’a-t-il pas eu d’impact sur votre dispositif ?

Me Halidou Ouédraogo : Au niveau de notre bureau (notre chambre de décision), il y a eu un impact parce que nous étions obligés de nous séparer d’un d’entre nous, Siaka Coulibaly qui semblait avoir une position ambiguë ; puisque quand le 16 septembre nous avons appris que le Chef d’Etat et son Premier ministre avaient été arrêtés, de même que des membres du gouvernement, le bureau de la CODEL était indigné et choqué au plus haut point, parce que ça faisait la quatrième fois que le RSP intervenait pour lever le Conseil des ministres. Nous avons tout de suite fait un appel au Chef d’Etat-major général des Armées pour lui dire que le RSP relève de l’Armée. Et que de ce fait, qu’il contacte le général Diendéré et exige de lui qu’il dépose les armes et qu’il réintègre avec ses hommes. Un membre de notre bureau était à Genève à ce moment et j’ai dit de lui envoyer quand même le texte. Ce qui fut fait et c’est-là qu’il a dit que si on publie ce texte, il va se désolidariser parce qu’il est partisan (le texte) et que la société civile n’a pas à se mêler de ça. Je dis mais, elle va se mêler de quoi ? Elle va se mêler d’un semblant de putsch ou d’un putsch ? Ça, ça ne se fera pas ici. Je lui ai dit que le texte a été adopté à l’unanimité des membres présents et a déjà été envoyé au Chef d’Etat-major et qu’on sait au demeurant sa position (on lit Facebook). Puis, nous avons publié notre communiqué à travers la presse. On l’a expulsé donc du bureau parce qu’on n’a pas le temps à nous accommoder avec ceux qui ont des relents putschistes (on ne dit pas qu’il est putschiste mais ceux qui ont des relents putschistes). C’est ainsi que nous avons eu les mains libres pour faire une déclaration quand le coup d’Etat a été officialisé pour dire de remettre les institutions en place et une autre déclaration quand les médiateurs sont arrivés pour dire que nous n’étions pas d’accord avec leurs propositions. On ne pouvait pas accepter le putsch. Nous avons vécu de nombreuses années d’exception et nous n’étions pas prêts à nous replonger dans les années d’exception que nous avons connues ; puisque, je reprends ma phrase « un Etat de droit bancal vaut toujours mieux qu’un Etat d’exception ».

Lefas.net : Que faut-il comprendre par « situation room » ?
Me Halidou Ouédraogo :
C’est une stratégie d’observation des élections. La différence est que, si on vous prend comme observateur des médias et vous envoie à Falagountou, on vous affecte un numéro et on vous donne votre bureau de vote (qui est numéroté aussi) et un appareil Smartphone et vous dit que vous allez observer tel bureau de vote. Vous allez être devant un bureau de vote à 5h30 ; vous allez arriver en même temps que le personnel du bureau, qui va ouvrir le bureau de vote devant vous. Il va présenter l’urne aux membres du bureau de vote. Vous allez voir d’abord le dispositif (bulletins, ancres, accesseurs, présence de jeunes, des femmes, etc.). Autour de 9h, vous allez nous dire exactement ce qui se passe, le comportement des électeurs, comment votent-ils, l’attitude du président du bureau de vote et du personnel du bureau, etc. Vous allez procéder à une première remontée de vos observations, en saisissant la chambre de veille pour dire que dans tel bureau de vote, c’est moi qui suis là-bas et voilà ce que j’ai observé (le bureau ouvert avant 7h, le personnel était présent, tout était en place et disposé de façon visible et de sorte que même les personnes vivant avec un handicap n’ont pas eu de difficultés pour voter). Dans le même temps, les 1 300 observateurs-piquets vont faire la même opération en direction de la chambre de veille qui va procéder à l’analyse, avec la chambre technique, et envoyer ça à la chambre politique. A ce niveau les experts regardent, si c’est conforme c’est envoyé au niveau de la plateforme internet www.burkinavote.com. L’avantage est que le citoyen lambda qui est à Ouagadougou peut voir qu’à Falagountou, dans tel quartier au bord du fleuve, il y a un bureau de vote où c’est correct et dans l’ensemble du territoire la carte du Burkina sera marquée en bleu. Mais si à 9 heures vous n’êtes pas dans le bureau, on va vous appeler pour savoir pourquoi vous n’y êtes pas, comment ça se passe et les informations que vous allez donner à la chambre de veille seront de fausses ; elles seront marquées en rouge. Si c’est vous seuls, ça va mais si vous êtes dix, la carte sur l’internet ne sera plus bleue mais plutôt rouge ; ça veut dire qu’il ya quelque chose qui ne va pas et là, les techniciens vont vous appeler pour vous dire de rejoindre votre bureau de vote parce qu’à 13 heures vous devez nous remonter des impressions.
Donc, à 20 heures, si le travail est fait correctement, la chambre politique a les résultats du vote. Mais, par bienséance, elle ne les publiera pas parce que, ce n’est pas à elle de les publier mais à la CENI. Nous avons les résultats et en cas de contestation, le candidat X peut venir et on va lui donner les résultats du bureau de vote contesté ; cela va lui servir pour sa requête. Si c’est bien fait, personne ne peut contester les résultats. Les résultats seront là, avec des preuves à l’appui, statistiquement fiables, faits par des techniciens et experts nationaux et internationaux.

Lefaso.net : Quelle sera votre attitude, si un observateur venait à vous signaler une faille dans un bureau de vote ?

Me Halidou Ouédraogo : Il y aura un médiateur au niveau de la chambre de veille qui va nous saisir et le président de la CODEL saisit la CENI sur le motif. Et ça, c’est possible ; corriger les dysfonctionnements. Quand c’est normal, on le dit et quand ce n’est pas normal, on le dit aussi.

Lefaso.net : On sait aussi que des élections ‘’propres’’ n’arrangent pas certains partis perdants, quel comportement comptez-vous adopter pour pouvoir faire face aux mauvaises intentions, si toutefois… ?

Me Halidou Ouédraogo : Nous, nous travaillons pour des élections propres. Si on fait attention aux sentiments des compétiteurs, c’est pour les signaler afin que notre peuple prenne à témoin leurs comportements. Puisque vous pouvez suivre l’opération sur internet (c’est vrai, tout le monde n’a pas internet mais cette opération, conjuguée à l’opération de la CENI et de ses structures…), tout est réuni pour que les électeurs voient le comportement, dans telle localité ou de telle personnalité vis-à-vis du vote. Nous n’avons pas à juger, on retransmet les résultats. Ces observateurs ont suivi des formations dont un cours de déontologie : il faut être neutre, impartial, ne pas être un faiseur de résultats, ne pas insulter le président du bureau de vote, ne pas s’en prendre aux candidats, éviter d’apprécier la manière dont les candidats ont été sélectionnés, etc.

Lefaso.net : Avez-vous des projets de collaboration avec d’autres structures d’observation ?

Me Halidou Ouédraogo : Nous allons les recevoir et leur expliquer ce qui se passe chez nous. Nous aurons donc dans ce sens, des journées portes ouvertes. Sinon, nous nous occupons de nos observateurs, des observateurs des organisations qui composent la Coordination. Mais, s’il y a des questions à répondre de leur part (observateurs autres que ceux de la CODEL, ndlr), nous n’hésiterons pas. Nous ferons des déclarations à chaque étape du déroulement du processus (avant, pendant et après). Nous sommes assez outillés pour pouvoir faire cela. Maintenant, on est ouvert pour accueillir les observateurs d’autres pays qui veulent surveiller, mais leur déontologie ne relève pas de nous. On veut être à la fois le plus neutre et le plus ouvert possible. On n’est pas fermé parce nous aussi, nous sommes allés observer jusqu’au Kazakhstan, Madagascar, Albani, etc. C’est normal que nous aussi, à notre tour, nous recevions les autres observateurs (Union africaine, Union européenne) qui sont même impliqués dans le processus.

Lefaso.net : Quel sort réservez-vous à votre organisation après les scrutins ?

Me Halidou Ouédraogo : Nous, nous voulons d’abord réussir les scrutins, comptez sur nous ! Tout ce que je vous ai dit, vise à nous donner beaucoup de courage et beaucoup de courage pour qu’on réussisse ce scrutin ; pour que ces élections soient apaisées, neutres, inclusives et puissent être acceptées par tous. Que le vaincu félicite le vainqueur au soir du scrutin. Maintenant, on va tirer les leçons pour dire comment nous avons fait pour arriver à ces résultats. Nous allons capitaliser les expériences pour que ça serve. On fera tout pour capitaliser les expériences pour que ça serve dans l’avenir et dans l’installation des structures de la démocratie.
Nous souhaitons de bonnes élections au Burkina, et qu’elles soient acceptées !

Lefaso.net : Quels sont vos partenaires dans ce processus ?

Me Halidou Ouédraogo : Nous sommes partis de là grâce à Diakonia et NDI ; ce sont les interfaces entre la CODEL et les partenaires techniques et financiers. Ces deux ont, par leur conviction, réussi à montrer que c’est utile, qu’il faut une structure de veille d’observation domestique, comprenant des gens qui sont du pays et qui ont une expérience avérée (puisque nous surveillons des élections depuis 1990). Ils ont fait leur lobbying, ils ont mis des moyens et ils ont commencé par faire des colloques internationaux depuis près de six mois et les résultats, c’est la création de la CODEL. Donc, les partenaires techniques et financiers nous soutiennent, l’Etat nous soutient (le chef de l’Etat nous a reçus et on attend d’autres audiences pour nous donner quelques conseils). Nous travaillons à mériter la confiance de notre peuple, nous ne sommes pas un parti politique et le travail que nous faisons, s’il n’existait, il fallait le créer.

Lefaso.net : Quel est votre message à l’endroit des acteurs politiques en course et à l’ensemble des Burkinabè ?

Me Halidou Ouédraogo : Le message est simple : les 30 et 31 octobre, on a assisté à quelque chose d’extraordinaire, d’inédit dans notre pays. Si vous avez vu le déversement de notre population sur le terrain, personnellement, j’ai parcouru l’Afrique, le monde, j’ai créé des organisations de défense des droits humains mais, je n’ai jamais vu ça ; nulle part. Donc, cette insurrection montre que des gens ont accumulé des rancœurs ou des espoirs déçus ou inachevés. Mais, ce qui est contenu comme message, ils veulent quand même changer ; parce que ce n’est pas normal qu’un régime reste 30 ans au pouvoir en Afrique aujourd’hui et ça, c’est normal aussi parce que les successions politiques en Afrique posent toujours problèmes.
Après ce coup d’Etat de septembre dernier, le message de la CODEL, c’est aussi un message de félicitations, parce que nous avons pu sortir de ce qui semblait être une situation pré-génocidaire, fratricide, à conséquences démesurées. Le simple fait que la population se soit mobilisée et ait refusé ce coup de force, montre effectivement que notre peuple se souvient des expériences de ses devanciers et est prêt à poser les prémices d’une démocratie susceptible de le sortir de la misère et le diriger sur le chantier du développement et le progrès social.
Nous vivons un contexte historique ; ce n’est pas la fin, c’est peut-être le début, parce que ces élections doivent aider à asseoir les fondements d’un régime démocratique pour le développement et un progrès social dans notre pays. Le Burkina est un pays qui a beaucoup de chance ; c’est un pays profondément laïc. Les religions, tout en gagnant nos populations, n’ont pas une force contraignante sur le citoyen. Moi par exemple, je suis musulman et ma femme est catholique ; je suis mossi et ma femme est lobi. Tu ne verras pas ça ailleurs. Je vous partage une expérience : j’étais dans les pays des grands lacs, dans les années 90 et ils m’ont demandé comment nous faisons ici pour ne pas avoir de guerre civile. Je leur ai dit que c’est simple : nous sommes 65 ethnies et vous, vous êtes trois ethnies. Mais vous ne pouvez pas vous réunir si ce n’est pas chacun de son côté. Mais chez nous, quand un Burkinabè rencontre un autre Burkinabè, ce qui est intéressant, ce n’est pas de savoir d’où vient l’autre mais plutôt l’idée qu’il a à propos d’une situation. Et après maintenant, au fur et à mesure qu’on discute, on se rend compte qu’un tel est de telle ou telle autre région. C’est une chance qu’il faut préserver et faire en sorte qu’effectivement nos enfants puissent en hériter et que nous-mêmes nous puissions donner notre part au développement de notre pays.
Notre objectif à la CODEL, c’est de faire en sorte que les Burkinabè puissent se congratuler le 30 novembre 2015.

Entretien réalisé par Oumar L. OUEDRAOGO
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