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Abattoir frigorifique : Trop cher pour les bouchers

Publié le vendredi 15 avril 2005 à 07h25min

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Les bouchers de l’abattoir frigorifique de Ouagadougou commencent à déchanter. Depuis le 15 février, les taxes d’abattage ont connu une hausse extraordinaire qui met en péril l’avenir de la profession.

Depuis une dizaine d’années qu’il exerce, ce boucher n’a jamais connu ce moment de doute. Pourra-t-il tenir le coup face aux nouvelles taxes instituées par l’abattoir frigorifique de Ouagadougou, désormais seul lieu officiel d’abattage des bêtes ? La réponse est sans équivoque : non. Déjà, depuis le 15 février, date d’entrée en vigueur des nouvelles mesures, les bouchers disent qu’une vingtaine des leurs ont dû quitter l’abattoir, incapables qu’ils sont d’honorer les taxes. La crainte, désormais, est qu’ils versent dans l’abattage clandestin.

Avant le 15 février, la taxe d’abattage s’élevait à 2 200 F CFA pour tout "grand animal" (boeuf, cheval, dromadaire...), 325 pour le petit ruminant et 1 000 pour le porc. Avec la nouvelle tarification, les montants passent respectivement à 5 000, 600 et 1 500 F CFA. En faisant un rapide calcul, notre boucher, qui abat 5 boeufs par jour, payera 9 millions de F CFA par an. Pour lui, c’est tout simplement insupportable. A ces taxes, il faut ajouter le coût du transport (500 F le boeuf) et de conservation dans la chambre froide (1 000 F).

Pour les bouchers, l’agrément dont ils doivent se doter (mesure en sursis) est aussi un fardeau à venir. Pour des petits détaillants sur les marchés de la capitale, il est impossible d’honorer les charges liées à l’agrément. C’est pourquoi, nombre d’acteurs du secteur demandent à être placés sous le régime de l’informel. Ce d’autant que les marchés publics sont quasiment inexistants, en dehors, disent les bouchers, de l’hôpital et de l’armée.

Autre motif d’insatisfaction des bouchers : le cours des peaux. Pour eux, les prix auxquels les peaux sont achetées, à savoir 2 500 F CFA, sont dérisoires. Ils estiment qu’ils sont sous-estimés. La question du transport des carcasses de viande de l’abattoir vers les différents marchés reste en suspens. Du fait du nombre limité des véhicules de la SOGEAO (2), les bouchers sont pour le moment autorisés à transporter une partie de la viande.

Au regard de toutes ces difficultés, la corporation souhaite l’instauration de concertations avec les autorités, pour trouver des points d’intérêts convergents. Pourquoi, se demandent-ils, ne pas fixer la taxe d’abattage d’un boeuf à 3 000 F CFA ? Par ailleurs, les bouchers plaident pour l’instauration de la pesée dans la vente de la viande. Car le système actuel, très aléatoire, ne leur permet pas de maîtriser au mieux les recettes.

L’impression qui se dégage dans le secteur, c’est comme si tout ce qui se passe autour de l’abattoir frigorifique a pour objectif d’éliminer les petits bouchers, pour ne laisser que quelques magnats fortunés, donc à créer de nouveaux monopoles.

Par Mahorou KANAZOE

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