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Peste porcine africaine : Attention au porc au four !

Publié le vendredi 15 avril 2005 à 07h28min

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Attention ! Les Burkinabè pourraient retrouver dans leurs assiettes, de la viande de porc infectée. La peste porcine (PPA) est rentrée par effraction dans les porcheries de la province du Kadiogo. Elle décime cette espèce animale très prisée des Burkinabè friands de viande de porc accompagnée de "bière fraîche".

Fixons tout de suite les esprits : la province du Kadiogo compte 149 588 porcins (65 602 mâles et 83 986 femelles). C’est le résultat de la 2e Enquête nationale sur les Effectifs du Cheptel (ENEC II) réalisée en 2003 par les services techniques du Ministère des Ressources animales (MRA). On a enregistré, avec beaucoup de désolation, 4 000 mortalités depuis novembre 2004 à mars 2005, période au cours de laquelle la maladie a été signalée dans toute la province du Kadiogo.

Aujourd’hui, il ne reste plus que 18 000 porcs dans les quelque 2 900 porcheries recensées dans cette même contrée territoriale. Suspectée au Burkina Faso en 2003 et déclarée d’abord dans la province de la Kompienga (à l’Est du pays) en 2004, la Peste porcine africaine (PPA) a eu ensuite l’outrecuidance de "voyager" dans une partie du Burkina pour se retrouver dans la région du Centre et particulièrement dans le Kadiogo. En l’état actuel du constat, on admet officiellement que tous les arrondissements de la ville de Ouagadougou ont contracté la maladie.

La PPA a sévi à Saaba (village de Saaba), "frappé" à Nioko I et au quartier Saint-Léon. Elle a "endeuillé" les départements de Komsilga, Komki-Ipala, Pabré, Tanghin-Dassouri, et Koubri, etc. Le deuil pourrait être constaté chez les vendeurs, acheteurs et consommateurs indécrottables de porc. C’est une évidence clinique. Et il faudra se résoudre à l’accepter et à la vivre autrement en se transportant désormais dans une logique d’extrêmes précautions hygiéniques conseillées par les services vétérinaires du Ministère des Ressources animales (MRA).

Il faut surtout éviter de tricher avec soi-même : il faudra, quoiqu’il vous en coûte, faire toujours inspecter sa viande par la Direction de la Santé animale, savoir choisir philosophiquement entre la faim, par moments, et la consommation de viande d’un animal mystérieusement mort ; se laisser pénétrer l’esprit et la lettre des textes réglementaires en vigueur et en faire siens ; être perméable aux décisions de l’autorité compétente, etc. En un mot : avoir une bonne conduite de vie et d’hygiène. Cela est une exigence minimum pour sauver l’homme ... et son cheptel. Il s’agit donc pour les pouvoirs publics de présenter leur feuille de route qui propose un comportement nouveau à l’intention de ce vaste public hétérogène et peu enclin au changement de ton.

Le Kadiogo accompagne les services vétérinaires

Pour réunir donc les conditions nécessaires à la saine expression des opinions, la Région du Centre et particulièrement la province du Kadiogo d’un côté, et la Direction générale des Services vétérinaires (DGSV) et la Direction régionale des Ressources animales du Centre (DRRA/Centre) du Ministère de l’autre, ont opté d’aiguillonner leurs stratégies de lutte contre la PPA pour une meilleure efficacité sur le terrain.

Les autorités administratives ont rendu publics deux Arrêtés provinciaux le 24 novembre 2004 et le 28 février 2005 portant respectivement "déclaration d’infection de la PPA dans la province du Kadiogo" et "interdiction de faire entrer dans la zone de séquestration (commune de Ouaga et Saaba) ou d’en faire sortir, tout porcin, objet ou produit de porciculture, sans une autorisation par les services vétérinaires".

Ces Arrêtés ont donc valeur de texte juridique et technique parce qu’ils en donnent, à la lecture, des explications sur la nature de la maladie et son mode de propagation dans les zones dites séquestrées et déclarées. Le second Arrêté, évidemment, prévoit des sanctions à tout contrevenant qui enfreindrait à l’application de ce texte. Quant au Ministère, il s’est inscrit dans une logique évidente de campagne de sensibilisation de "masse" en s’appuyant sur toutes les formes de supports de communication et d’information.

Le 12 avril dernier par exemple, la DRRA/Centre a invité les abattants-fourreurs, les éleveurs, les organisations professionnelles, les inconditionnels "mangeurs de viande de porc"... à une journée d’échanges et de partage d’expériences respectives. L’idée-force de la rencontre était de "dégager des stratégies communes à même de minimiser les mouvements des porcs et de limiter l’extension de la maladie à d’autres régions du Burkina".

Mortalité proche de 100%

Actuellement limitée au seul continent africain, la Peste porcine africaine (PPA) est une maladie virale très contagieuse et mortelle. Les sources des services vétérinaires estiment la mortalité proche à 100%. Ce sont singulièrement les porcs domestiques qui "hébergent" le virus et "font" la maladie. Mais les phacochères et les porcs sauvages peuvent aussi héberger le virus. La maladie, expliquent les techniciens, est contractée par une piqûre des "tiques infectées".

Historiquement, rappelle-t-on, la plupart des foyers auront été provoqués par des virus de souche ouest africaine qui comporte des virus isolés en Europe et particulièrement au Brésil. On situe la présence de cette épidémie en Afrique depuis 1995. Elle a été timidement observée au Burkina en 2003 dans la Kompienga. La PPA se reconnaît par la présence d’une mortalité importante de porcs de tous les âges avec des signes cliniques.

Comme chez l’espèce humaine qui assiste souvent à sa propre survie dans la douleur annonçant une mort certaine, l’animal, lui aussi, fera la fièvre et la diarrhée sanguinolente, perdra l’appétit et laissera paraître une démarche chancelante... Avertis par leur instinct de survie, les animaux se blottiront les uns contre les autres. Mais hélas ! Ils mourront quand même.

A preuve : les truies gestantes se "cacheront" pour avorter en cascades. Signes annonciateurs. Rate hypertrophiée et de couleur sombre, abdomen et thorax teintés de sang, poumons oedémateux. A l’ouverture des carcasses, c’est la désolation. Et cela s’appelle un deuil national chez les animaux. C’est la fin de la vie qui commence, comme chez les humains, par la mort.

Comme la plupart de maladies terrestres, c’est encore notre indélicatesse qui cause notre tristesse : matériels et produits usés, abusés et contaminés ; viande suspecte consommée ; notre vie sociale est menée sans grande considération aucune des règles élémentaires d’hygiène. Pour sauver l’animal, il faudra d’abord sauver l’homme. Et les "commerçants" se doivent enfin de le comprendre afin que le Ministère puisse les sauver et ... avec leurs animaux.

Idrissa NOGO
DCPM/MRA

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