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Le gouvernement face à la presse : Neuf concours entachés de fraudes ont été annulés et seront repris

Publié le jeudi 5 novembre 2015 à 02h37min

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Le gouvernement face à la presse : Neuf concours entachés de fraudes ont été annulés et seront repris

Concours de la Fonction publique, subvention des élections couplées, soutien du gouvernement aux blessés et aux martyrs de l’insurrection populaire et du putsch, couverture médiatique des élections couplées. Ce sont entre autres points d’actualité abordés par le ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale ; celui de l’Administration territoriale et de la décentralisation ; celle de l’Action sociale et de la Solidarité nationale ainsi que le ministre de la communication, chargé des relations avec le Conseil national de la transition. C’était ce mardi, 3 novembre 2015 à Ouagadougou.

C’est le ministre de la communication, chargé des relations avec le Conseil national de la transition, porte-parole du gouvernement, Frédéric Nikiéma, qui a donné le ton de ce rendez-vous avec la presse. Avec lui, il a été question de la couverture médiatique des élections couplées, l’adoption du projet de loi portant réglementation de la publicité au Burkina et du projet de loi portant statuts particuliers du Fonds d’appui à la presse privée.

Sur le premier sujet, il s’est agi pour le ministre Nikiéma d’exprimer les attentes du gouvernement de la presse en matière de médiatisation du scrutin couplé à venir. Des attentes qui se résument en des encouragements aux journalistes au respect des obligations professionnelles pour le succès de ces élections « historiques ». L’exécutif attend donc de la presse, un travail dans le respect strict des règles édictées par les textes, la promotion d’une information électorale plurielle, équilibrée, éducative visant à offrir des conditions d’élections crédibles, transparentes et équitables.

En ce qui concerne la relecture du code de la publicité, second point abordé, le ministre a indiqué qu’elle fait suite aux attentes exprimées par les opérateurs du secteur et vise à corriger les insuffisances et les écueils soulevés par ceux-ci. Par cet acte, le gouvernement voudrait aussi donner plus de possibilité d’épanouissement économique aux acteurs, libéraliser davantage le domaine et protéger les opérateurs nationaux de la concurrence externe. « La protection des mineurs, celle de l’image de la femme, le respect de la vie privée, étaient également des préoccupations prises en compte dans le nouveau cadre juridique de la publicité au Burkina », précise le ministre Nikiéma.

Quant au Fonds d’appui à la presse privée, le porte-parole du gouvernement a rappelé qu’il est l’aboutissement d’une lutte des organisations professionnelles du secteur. L’objectif est, justifie-t-il, de mettre en phase le discours et les proclamations politiques sur l’importance et le rôle incontournable de la presse dans la promotion de la culture démocratique. Outre cela, le gouvernement de la Transition a autorisé des mesures et facilités au profit de l’entreprise de presse burkinabè en vigueur dans l’exercice budgétaire 2015, avec possibilité d’être reconduites.

La subvention aux élections revue à la hausse

Le financement des élections couplées a été le sujet développé par le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Youssouf Ouattara.

Selon le ministre Ouattara, ces élections se tiennent dans un contexte particulier marqué par de grands enjeux (grandes attentes des populations), le nombre élevé de candidats à la présidentielle et aux législatives par rapport aux années antérieures, une baisse de l’activité économique et la réduction des recettes de l’Etat, le nombre important de délégués des candidats et partis politiques à prendre en charge par l’Etat et, enfin, par l’adoption par le Conseil national de la Transition de la loi portant prévention et répression de la corruption au Burkina.

Le ministre Youssouf Ouattara a (après avoir rappelé les dispositions relatives aux subventions et le contexte particulier de la tenue de ces élections) annoncé que le gouvernement a revu à la hausse la subvention aux candidats et aux partis politiques d’un milliard à un milliard trois cent millions de FCFA (soit une augmentation de 300 millions). Mieux, l’Etat décide d’affecter entièrement cette somme au financement des campagnes électorales couplées (présidentielle et législatives). En clair, cette somme n’ inclut ‘’plus’’ le financement hors-campagne.

Ainsi, la répartition donne 25 millions par candidat sur la liste définitive à l’élection présidentielle. La somme de 460 millions est mise à la disposition des partis politiques et regroupements d’indépendants aux législatives pour être repartie au prorata du nombre de candidats présentés et confirmés par la CENI. La somme de 518 619 000 FCFA est destinée à la prise en charge des délégués désignés par les partis politiques et les groupements indépendants.
Le ministre a également rappelé les modalités d’utilisation de cette subvention par les bénéficiaires avant de lancer un appel aux concurrents pour des élections apaisées au profit de tous.

Les efforts d’accompagnement aux victimes rencontrent des difficultés

Le ministre de l’Action sociale et de Solidarité nationale, Nicole Angéline Zan a, en ce qui la concerne, fait le point du soutien du gouvernement aux blessés et aux martyrs de l’insurrection populaire et du putsch. Présentant la situation de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2015 qui montre 31 personnes décédées dont 20 à Ouagadougou, cinq à Tangangari dans la province du Yagha, trois à Ouahigouya dans le Yatenga, deux à Bobo-Dioulasso dans le Houet et une personne décédée à Léo dans la Sissili.

Le nombre de blessés s’élève à 600. 357 victimes collatérales, composées des ex-travailleurs de Azalaï Hôtel Indépendance, de Joly Hôtel, de la société Tan-Aliz et autres sont également recensées avec 1500 personnes à charge. On note aussi les ayant-droits des personnes décédées (un veuf et 17 veuves avec 55 orphelins) et 500 enfants vulnérables (159 enfants des blessés et des victimes collatérales et 341 enfants des ex-travailleurs de Azalaï Hôtel Indépendance, de Joly Hôtel et de Tan Aliz).

Le putsch manqué du 16 septembre laisse quatorze personnes décédées dont treize à Ouagadougou et une à Tenkodogo. Il a fait également 127 personnes blessées, un veuf, trois veuves et treize orphelins et plus de 60 personnes à charge.
Le ministre a aussi indiqué que le gouvernement a apporté un soutien moral, alimentaire, sanitaire et financier aux familles endeuillées, aux blessés et aux travailleurs ayant perdu leur emploi. Précisant que son département a mené des actions sur le plan de la prise en charge psychosociale, prise en charge scolaire et la formation professionnelle, sur le plan alimentaire et sur l’appui aux activités génératrices de revenus.

Au plan de la prise en charge psychosociale, le ministre a déclaré que le gouvernement a rendu une visite aux 31 familles des personnes décédées des 30 et 31 octobre 2014 et aux treize familles des personnes décédées du putsch manqué du 16 septembre 2015. Il s’est agi, précise-t-elle, de présenter les condoléances de toute la nation aux familles éplorées et de leur apporter un soutien moral, tout en lançant un message de paix , de pardon, de tolérance et d’acceptation mutuelle. Le ministre a ajouté qu’un soutien financier de 200 mille francs a été apporté à chacune des familles des personnes décédées des 30 et 31 octobre et 630 mille à chacune des treize familles des décédés lors du putsch manqué. Elle a confié également que pour l’année scolaire 2014-2015, 17 enfants vulnérables de travailleurs de Joly Hôtel ont vu leur reliquat de frais de scolarité pris en charge par le Fonds national de solidarité à hauteur de 507 250 francs, un enfant d’un ex-travailleur de Tan-Aliz a bénéficié de 175 000 francs pour le reliquat de ses frais de formation professionnelle.

Pour ce que de l’année scolaire 2015-2016, 420 enfants des familles endeuillées, des blessés et des travailleurs de Tan-Aliz, de Joly Hôtel et de Azalaï Hôtel ont bénéficié d’un appui financier de 31 500 000 francs, soit 75 000 francs par enfant pour sa scolarité. Des besoins supplémentaires, dit-elle, exprimés à 18 975 000 francs sont en cours de paiement depuis le 30 octobre 2015.

Pour la formation professionnelle, il est prévu un appui financier à douze orphelins et enfants vulnérables à raison de 300 000 francs par enfant. « Jusque-là, un seul cas a été enregistré à ce niveau », confie le ministre. Au plan alimentaire, des vivres pour une période allant de six à douze mois ont été données aux ayant-droits des personnes décédées, aux blessées et aux victimes collatérales de l’insurrection populaire. Pour les ayant-droits des personnes décédées du putsch manqué, une assistance alimentaire d’une valeur de 3 694 500 francs leur a été apportée.

Sur le plan de l’appui aux activités génératrices de revenus pour les blessés de l’insurrection populaire, elle a informé que 13 800 000 francs sont disponibles au profit de 92 bénéficiaires, soit 150 000 francs par promoteur. « Sur les 54 dossiers reçus, 31 remplissant les conditions sont en cours de paiement », dévoile le ministre.

Le ministre de l’Action sociale et de a solidarité nationale a rappelé qu’outre cela, le gouvernement a adopté dix décrets en Conseil des ministres du 28 octobre 2015 pour organiser la prise en charge et l’accompagnement psycho-social, financier, sanitaire, scolaire et alimentaire des familles des martyrs. Ces mesures concernent l’octroi gratuit de logements à certaines victimes (huit veuves/veufs), l’accès à un emploi pérenne pour trois veuves, l’appui à la création d’unités économiques individuelles pour certaines victimes (21 veuves/veufs), l’appui financier aux ayant-droits des victimes ( 25 victimes), l’appui scolaire et à la formation professionnelle des orphelins et enfants vulnérables (31 scolaires et 12 pour la formation professionnelle) et le soutien financier et médical aux blessés (955).

Cependant, annonce le ministre Nicole Angéline Zan, les efforts d’accompagnement du gouvernement aux victimes rencontrent des difficultés. Il s’agit du repérage difficile de toutes les victimes en raison de l’absence ou l’indisponibilité des contacts, la confusion des représentants des victimes entre indemnisation et accompagnement social de l’Etat, les associations nées spontanément des évènements veulent se substituer aux services techniques pour l’octroi des aides aux victimes. Faisant, de ce fait, obstacle à l’action publique.

Neuf concours entachés de fraudes ont été annulés et seront repris

Le ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, Pr Augustin Loada a fait le point sur les concours directs en annonçant l’annulation de neuf d’entre eux, entachés de fraudes. Il s’agit des Agents de l’ENAREF cycle A, B et C, des Conseillers des affaires économiques, des Assistants des affaires économiques, des Contrôleurs des douanes, des Agents techniques d’élevage, des Agents itinérants de santé et d’hygiène communautaire, des Assistants des douanes. Ces concours seront repris mais aucune date n’est fixée. « Il y a tout un processus parce qu’on ne sait pas s’il faut prendre un cabinet ou bien faire comme en France où il faut nommer des membres de jury qui se chargeront de la confection des sujets », a exposé le ministre Loada.
Au-delà des concours ci-dessus énumérés, annonce-t-il, des investigations se poursuivent sur d’autres concours.

Face à certaines réactions hostiles, le ministre de la fonction publique a relevé que « c’est quand même sous la Transition qu’un réseau de fraudes, en place depuis des années, a été démantelé ». Selon Pr Loada, c’est le dispositif mis en place par le ministère qui a permis de déceler le réseau de fraudes. Expliquant les actions entreprises pour éviter les fraudes et mettre en exergue la confiance et la responsabilité de chaque maillon de la chaîne, le ministre a déploré que des acteurs aient trahi la confiance placée en eux. « A quelque chose, malheur est bon. Lorsque la prévention échoue, il faut sévir », s’est-il résumé, visiblement partagé entre déception et révolte. D’où sa conviction que « Beaucoup de travail reste à faire pour que le Burkina devienne ‘’Pays des Hommes intègres’’ ».

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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