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An I de l’insurrection : A quand la réhabilitation des édifices publics de Bobo-Dioulasso ?

Publié le jeudi 29 octobre 2015 à 23h02min

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An I de l’insurrection : A quand la réhabilitation des édifices publics de Bobo-Dioulasso ?

Bobo-Dioulasso, à l’instar des autres villes du Burkina n’est pas restée en marge de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Un an après, la ville porte toujours les cicatrices d’une lutte contre un régime qui aura duré 27 ans. Le palais de justice, la mairie centrale, et le monument Blaise-Kadhafi constituent les symboles de la révolte dans la ville de Sya. Pour ces édifices publics saccagés, pillés, incendiés et déboulonnés pour certains, rien n’est pour l’instant fait en vue de leur réhabilitation.

Ce jeudi 30 octobre 2014 à Bobo-Dioulasso, à 365 km de l’Assemblée nationale où devait avoir lieu le vote devant aboutir à la tenue du referendum, les populations de la ville de Sya ont été plus que jamais déterminées pour l’empêcher. Depuis le 28 octobre déjà, elles avaient répondu à l’appel à la désobéissance civile des partis de l’opposition. Barricades des différentes artères de la ville, fermeture de tous les commerces… en somme, l’activité économique était tout simplement au ralenti. Réunis autour du mouvement Le Balai citoyen, des jeunes d’autres mouvements sillonnaient la cité pour appeler à la mobilisation contre le régime dictatorial de Blaise Compaoré. Dès le 29 octobre, la gendarmerie procédait à des arrestations. L’idée d’incendier les édifices publics est-il parti de là ? Mystère et boule de gomme. En tous les cas, avant leur libération le jeudi 30 octobre, des manifestants s’en étaient déjà pris au domicile de l’ancien maire Salia Sanou. D’anciens caciques du régime, les sept maires d’arrondissements de même que des députés, beaucoup verront leurs domiciles incendiés par la suite.

La mairie de Bobo, toujours en ruine…

De toutes les mairies du Burkina seule celle de Bobo-Dioulasso a été incendiée. Rien n’a été épargné dans cette maison commune, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Tout a été saccagé et brulé. Un acte qui aura intrigué plus d’un à Bobo-Dioulasso. Pourquoi une telle furie des manifestants sur un édifice public ? A entendre certaines opinions, l’ancien maire Salia Sanou en a fait trop dans la défense du régime Compaoré. Des propos, ce dernier en a tenus. Et le propos qui a sans doute marqué les esprits et continue de le faire d’ailleurs est : « Si le CDP veut, même Djamila, la fille du Président peut devenir Président du Burkina Faso ». A cela s’ajoutent, les nombreuses frustrations " encaissées" dans les lotissements. Pire, des Bobolais en voulaient à Salia Sanou pour son mutisme et son indifférence sur la question du développement de la ville. Capitale économique du Burkina, la cité de Sya, selon certaines opinions ne faisait que reculer en termes de développement. Voilà entre autres raisons qui auront poussé les manifestants à brûler la mairie de Bobo, située au centre de la ville.
« C’est dommage. Les manifestants n’auraient pas dû incendier cet édifice. Le problème, c’était celui qui l’occupait. Voilà qu’il est aujourd’hui en prison mais les Bobolais restent sans mairie », déplore Moussa Sanou, un habitant du quartier Dioulasso-Bâ. Devenue presque un monument et/ou le symbole de l’insurrection bobolaise, pendant les vacances, la mairie a été plusieurs fois visitée par des touristes venus d’horizons divers. Quant aux agents qui y travaillaient, certains ont rejoint des mairies d’arrondissements et d’autres se sont vu trouver des bureaux à Bobo 2010. « Le travail se fait dans des conditions les moins envieuses », confie Lamine Passoulé, secrétaire général du syndicat des agents de la commune de Bobo-Dioulasso.

Trois sites pour le palais de Justice

S’il y a une question que les Bobolais continuent de se poser sans malheureusement trouver une réponse claire, c’est bien le pourquoi de l’incendie du palais de Justice. Ce vendredi 31 octobre 2014, en effet, les manifestants après l’incendie de la mairie, des domiciles, voulaient s’en prendre au gouvernorat, puis à la prison civile. De bonnes volontés de même que la gendarmerie ont tenté de raisonner les manifestants sur l’inutilité de brûler un édifice public. L’Armée a jugé utile de monter la garde pour empêcher toute tentative d’évasion de la maison d’arrêt et de correction de Bobo (MACB). Ce qui a dissuadé plus d’un. Du retour du gouvernorat après maintes tentatives, des manifestants s’en sont pris au Palais de Justice. « Nous étions à l’intérieur du Palais lorsque nous avons vu les manifestants défoncer la porte, certains escaladant le mur. Nous nous sommes pressés de sortir tout simplement, constatant impuissants le saccage puis l’incendie de nos bureaux », se rappelle encore un magistrat. Les manifestants n’ont rien laissé, saccageant de fond en comble tous les bureaux et les salles d’audiences du Palais. Qu’ils soient anciens ou nouveaux dossiers, tous ont été réduits en cendre. Il en est de même pour les scellés dont un crâne humain. Après quelques mois de « chômage » pour les magistrats, l’Etat finira par trouver trois sites : deux au secteur 20 (Lafiabougou) et un au secteur 5 (Sarfalao). Là aussi, les conditions de travail ne sont pas des plus enviables. Insuffisance de bureaux, salle d’audience exiguë, etc., les magistrats, tant bien que mal, tentent de satisfaire les populations de Bobo-Dioulasso.

Plus jolie qu’avant …

Parmi les domiciles privés brûlés, on peut citer ceux de Mamou Doukouré, femme d’affaires et de son fils Adama Doukouré, et aussi de El Hadji Djanguinaba Barro, etc… Quelques mois après l’insurrection, ce sont d’autres joyaux qui sont sortis de terre. Plus belle et bien construite qu’avant leur incendie, des propriétaires sont allés jusqu’à changer le modèle architectural de leurs maisons. Là où il n’y avait que de simples villas, certains ont érigé des bâtiments à niveaux. C’est le cas du fils de Mamou Doukouré et de l’ex-maire de l’arrondissement n°7, Moussa Héma. Fatou Ziba, ancien maire de l’arrondissement n°4 et l’ancien président du Conseil régional des Hauts-Bassins, Alfred Sanou qui avaient eux-aussi réhabilité les leurs, les verront subir à nouveau la furie des flammes lors du putsch du 16 septembre dernier. Outre ces deux cas, tous les domiciles ont été rénovés sauf ceux de Salia Sanou, toujours en ruine au secteur 12 (Niniété) et à Bobo 2010. La maison de Chantal Compaoré à Bobo 2010, le pied-à-terre de Blaise Compaoré à Lafiabougou, la cité présidentielle, la villa de François Compaoré et celle de Soungalo Apollinaire Ouattara gardent toujours les traces intactes de l’insurrection d’octobre 2014.

Un gigantesque projet de réhabilitation de la mairie de Bobo…

C’est le collectif Balai Citoyen, qui depuis un certain temps a engagé une action contributive à la réhabilitation de la mairie de Bobo-Dioulasso. Il s’agit en effet, d’une campagne de quête populaire pour mobiliser des fonds. « Nous avons déjà l’adhésion de certaines personnes ressources », confie le coordinateur local du collectif. A en croire Alexandre Diakité, des rencontres ont eu lieu avec les autorités de la ville, de même qu’avec le Premier ministre Yacouba Isaac Zida qui ont, tous apprécié l’initiative. Le Collectif dit avoir également le soutien et l’accompagnement d’une soixantaine d’artistes qui ont déjà enregistré un album de 10 titres. Des concerts auront lieu et le fonds collecté sera remis aux autorités pour la réhabilitation de la mairie. Kaba Diakité Alexandre et ses camarades ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Ils promettent faire appel aux Bobolais de la dispora afin de voir dans quelle mesure ils pourront eux aussi contribuer à la levée des fonds. Un montant particulier n’a pas été fixé selon Diakité qui rappelle, qu’il s’agit juste d’une contribution pour reconstruire la maison commune.

Blaise n’est toujours pas là…

C’est le 28 octobre 2014 que la statuette de Blaise Compaoré a été détachée de celle de Kadhafi et déboulonnée en plein midi. Des manifestants s’en sont, en effet, pris à ce monument dressé au rond-point de Lafiabougou. Un acte que beaucoup de Burkinabè ont jugé à l’époque, prémonitoire de la chute de Blaise. Ce qui fut fait deux jours après. Au lendemain des faits, la statuette a été enlevée et déposée à la gendarmerie. A l’an 1 de l’insurrection populaire, Kadhafi est toujours seul et la question que l’on se pose reste à savoir si Blaise reviendra à cet endroit ?
Un an après l’insurrection populaire donc, la ville de Bobo-Dioulasso ne renaît toujours pas de ses cendres. Les Bobolais qui semblent regretter l’incendie de certains de leurs édifices publics se demandent donc à quand leur réhabilitation ?

Bassératou KINDO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 octobre 2015 à 05:56, par jeanine Debo En réponse à : An I de l’insurrection : A quand la réhabilitation des édifices publics de Bobo-Dioulasso ?

    Les Bobolais regrettent-ils vraiment les incendies de la mairie centrale, du palais de justice, des domiciles privées y compris ceux des fils et descendants des ex majorités ?
    Est on sûr qu’avec la commission de réconciliation dirigée par Monseigneur très partiel secondé par Hervé Kam tout le monde puisse pardonner ?
    Bobo-Dioulasso n’a ni morgue, ni hôpital fonctionnant, encore moins d’unité de dialyse !
    Les Bobolais regrettent ils quand on ne les voit que lors des manifestations de rue et jamais sur les chantiers de construction ?
    Les Bobolais regrettent ils quand ils sont incapables d’avoir de vrais leaders aussi bien politiques que économiques !
    Les Bobolais ?

  • Le 30 octobre 2015 à 15:08 En réponse à : An I de l’insurrection : A quand la réhabilitation des édifices publics de Bobo-Dioulasso ?

    OUI les bobolais ; les seuls à l’insurrection populaire à s’attaquer à leur propre emblème.Les silures de dioulassoba représentant la mairie centrale .LES BOBOLAIS ? LES BOBOLAIS ? LES BOBOLAIS ?!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Hélas les bobolais.

  • Le 30 octobre 2015 à 16:46, par Alexio En réponse à : An I de l’insurrection : A quand la réhabilitation des édifices publics de Bobo-Dioulasso ?

    Entant que Bobolais ,je propose une nouvelle mairie et l ancien comme un site touristique et historique pour les generations a venir, Cette Mairie a ete le centre de la magouille de 1966 a 2014. Apres la chute de Maurice Yameogo la ville est restee sans leaderchip pour un developpement pour tous mais pour les clans. Le Wahhabisme aussi jouer un role nocif pour le Commerce. Puisque le Commerce etant monopolise presque par ce secte segregationiste.

    Bobo-dioulasso une ville cosmopolitique a ete trahi par ses fils au profit de la poltique politicienne. La corruption etait la courte echelle du developpement individuel des sbires de l ancien regime.

  • Le 1er novembre 2015 à 06:46, par Camus En réponse à : An I de l’insurrection : A quand la réhabilitation des édifices publics de Bobo-Dioulasso ?

    Pas de regrets inutiles. Quand on pose un acte, on doit être prêt à en assumer les conséquences. Qui va réparer les dégâts ? Posez la questions aux casseurs. L’état ne passera pas le temps à réparer les torts causés par des irresponsables.

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