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Journée nationale de la liberté de la presse : Les médias se penchent sur leur contribution à l’insurrection d’octobre 2014

Publié le mercredi 21 octobre 2015 à 09h10min

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Journée nationale de la liberté de la presse : Les médias se penchent sur leur contribution à l’insurrection d’octobre 2014

Les médias burkinabè ont joué un rôle considérable dans l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. A l’occasion de la 17e édition de la journée nationale de la liberté de la presse, les professionnels des médias ont voulu évaluer la contribution des médias dans le soulèvement populaire qui a conduit à la chute de Blaise Compaoré et son régime. Ils ont échangé sur le thème « médias et insurrection au Burkina » lors d’un panel organisé par le Centre National de presse-Norbert Zongo (CNT/NZ) le 20 octobre 2015.

Les médias burkinabè ont, dans leur ensemble, contribué à l’émergence d’une conscience démocratique au Burkina Faso. C’est l’avis du directeur de publication de Le reporter. Il a abordé le sous thème sur la « contribution des médias et du Centre national de presse Norbert Zongo à l’insurrection ». Selon Boureima Ouédraogo, la révolte dans les médias ne date pas de 2014. Elle trouve sa source dans l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. « L’assassinat de Norbert Zongo a produit aujourd’hui plusieurs journaux qui s’essaient à l’investigation », a déclaré Boureima Ouédraogo.

A cette révolte dans les médias, le directeur de publication de Le reporter ajoute une professionnalisation accrue des journalistes. Selon lui, ces dernières années, les médias du Burkina sont devenus plus professionnels. Tout est loin d’être parfait, mais Boureima Ouédraogo note que les journalistes ont traité les sujets comme la mise en place du Senat, le projet de modification de l’article 37 avec plus de professionnalisme. Il note également l’arrivée de nouveaux médias, l’avènement de « journalistes déterminés à faire du bon travail et surtout une adhésion populaire pour le changement. « Si les journalistes ont fait du bon travail, c’est parce qu’il y a des gens dans la société qui les encouragent », a affirmé Boureima Ouédraogo. Selon lui, les médias se sont positionnés dès le début contre la mise en place du Senta et la modification de l’article 37.

Parlant de la contribution du Centre national de presse/Norbert Zongo, Boureima noté qu’il a offert des formations aux journalistes. Depuis 2013, dit-il, le CNP/NZ a donné des formations sur la question du rôle des médias dans un contexte d’effervescence. Il a relevé également les formations sur les genres rédactionnels et autres renforcements de capacités des journalistes.

La contribution des « médias sociaux » à l’insurrection
Les réseaux sociaux ont également apporté leur contribution. « Rôle des réseaux sociaux dans la survenue de l’insurrection des 30 et 31 octobre ». C’est le sous thème que le Dr Cyriaque Paré a traité. Parlant tout simplement de « médias sociaux », il a noté que la première tentative d’insurrection populaire sur les réseaux sociaux a eu lieu en 2011 dans la dynamique du printemps arabe et après les mutineries militaires. Plusieurs groupes sont créés sur Facebook notamment et demandent le départ du président Blaise Compaoré. C’est le cas des groupes comme « Blaise Compaoré doit partir », « Blaise Dégage ». Cette première tentative, s’inspirant du printemps arabe, selon ses initiateurs, s’est soldée par un échec.

Pour Dr Paré, Internet a ouvert un autre espace d’échanges aux Burkinabè dans le débat sur le Senat ou le projet de modification de l’article 37 de la Constitution avec une augmentation accrue de la présence des burkinabè sur internet. C’est la « démocratisation de la parole citoyenne ». Les réseaux sociaux deviennent un champ de combat politique et idéologique entre les pro et les anti-Compaoré. Ils ont offert à la fois des espaces, des outils pour la diffusion de l’information et une interactivité.

Selon Dr Paré, la contribution des réseaux sociaux a été rehaussée par l’engagement et la détermination d’activistes qui ont su utiliser ces canaux pour une mobilisation populaire. Ils diffusaient aussi des informations notamment sur comment se protéger des effets des gaz lacrymogènes, sur le dispositif sécuritaire autour du parlement lors des journées des 30 et 31 octobre 2014.
Mais il fait remarquer que cette utilisation des réseaux sociaux a connu des dérives aussi notamment dans la publication d’informations non fondées.

Dans l’utilisation des réseaux sociaux, Dr Paré a noté que Facebook et Twitter ont été les plus utilisés par les Burkinabè au cours de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Le premier encore plus parce qu’il offre plus de commodité aux utilisateurs.
Le Dr Cyriaque Paré a conclu en précisant que les réseaux sociaux à eux-seuls ne suffisent pas pour faire une insurrection. Il faut un relai au niveau des activistes et des médias traditionnels notamment les médias internationaux.

Le doyen des panélistes, Boureima Sigué, a abordé l’évolution des médias et leur implication dans les différentes luttes que le pays a connues.
La projection du film « une révolution africaine : les 10 jours qui ont fait chuter Blaise Compaoré », le 20 octobre 2015, la remise des prix de la meilleure journaliste 2015, et le prix du journalisme d’investigation le 21 octobre 2015, sont les autres activités de cette journée nationale de la liberté de la presse. Ces activités étaient programmées pendant la 6e édition du Festival de la liberté de presse interrompue par le coup d’Etat manqué de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle.

Judicaël Gaël Lompo

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 20 octobre 2015 à 23:01, par LA VERITE En réponse à : Journée nationale de la liberté de la presse : Les médias se penchent sur leur contribution à l’insurrection d’octobre 2014

    J’ai particulièrement aimé l’entretien avec l’éminent Pr Serges Théophile Balima au JT de 20h de la RTB du mardi 20 octobre. En homme averti, il a dénoncé le fait que certains journalistes sont déjà à la solde de parrains politiques afin d’accaparer des parcelles de pouvoir dans les médias publics pour perpétuer une gestion clanique au profit d’un pouvoir partisan et au détriment de la liberté de presse. Même si la cupidité, la boulimie, l’arrogance et la tricherie de certains prétendus professionnels, qui ont toujours brillé dans le métier par la triche, les ont déjà conduit à la MACO, il faut déjà se rendre à l’évidence que le ver est dans le fruit. En plus de cela, la relève a tellement la grosse tête qu’elle est sourde à toute critique pour reconnaître ses erreurs et s’améliorer. Le combat continue donc pour séparer la bonne graine de l’ivraie.

  • Le 21 octobre 2015 à 10:21, par Pr NANEMA, UO En réponse à : Journée nationale de la liberté de la presse : Les médias se penchent sur leur contribution à l’insurrection d’octobre 2014

    Bonjour

    La qualité de nos média ne tient pas au seul événement de l’insurrection de l’an passé ou de la lutte contre le coup d’Etat de septembre 2015. Je suis désolé de vous sortir de cette fixation de circonstance, mais il faut voir le sort de ce metier noble et déterminant dans la vie d’une nation aussi bien en temps de guerre qu’en temps de paix ... en temps ordinaire ... là se pose un certain nombre de questions cruciales :
    1) la question de la formation, des formations continues pour nos journalistes (où ? comment ? avec quelles ressources ?) ; sont-ils capables de jugement critique, de penser au lieu d’être ou de se constituer en simples caisses de résonnance des groupes de pression qui les entourent ? en somme sont-ils capables d’autonomie intellectuelle et morale ou bien pensent-ils/vivent-ils leur métier comme de la prostitution ?
    2)la question de la compétence, de la qualité de vos prestations, loin des passions, des idéologies religieuses ou politiques et des circonstances brûlantes dans lesquelles la tentation de prendre parti est trop forte .......
    3) la question du cadre légal de valorisation de leurs compétences (est journaliste qui veut ? ou bien y a t-il des critères et lesquels) ? combien sont-ils payés ? le paiement est-il correct , sûr, régulier ? décent ? ou bien les salaires ridicules les obligent-ils à mendier, à se prostituer chaque jour au plus offrant , devenant de ce fait des griots modernes ? quel cadre de travail ? quel confort dans leur travail quotidien ? leur profession est-elle exercée sous le mode d’un bricolage ridicule et insultant pour l anoblesse du métier ?
    4) ont-ils une vision à partager à leurs lecteurs/auditeurs ? quelque chose qui dépasse le simple clientélisme sordide qui les détourne de l’ambition forte de développer et de proposer une approche humaniste de la vie en société ?

    bon je ne suis pas journaliste ...mais j’ai comme l’impression que le journaliste peut comme l’enseignant être le miroir dans lequel on reconnaît une société : ce qu’elle est, ce qu’elle n’est pas, ce qu’elle peut, ne peut pas, ce qu’elle rêve ou ne rêve pas, ce qu’elle ambitionne ou pas) donc je laisse les spécialistes aller plus loin que ce que je viens d’écrire dans les lignes ci-dessus ....
    Merci à l’aîné STBalima pour avoir pointé en fin d’interview le risque de médiocrité qui plane sur l’exercice du métier, véritable sables mouvants suicidaires (je travaille mal mais je ne m’en rends même pas compte, je ne veux surtout pas être critiqué, je me prends pour le centre du monde, une grande dame, un grand monsieur, sorti de la cuisse de Jupiter, parce que j’ai mon nom en bas d’une page ...)... Si le désir d’excellence n’est pas présent dans ce métier, il faut y renoncer tout de suite .... et aller faire autre chose ...nul n’est obligé de porter des chaussures qui ne lui conviennent pas longtemps ...
    A cela il faut ajouter la tentation de l’irresponsabilité ... si vous demandez à la société de vous respecter, il faut aussi vous rendre dignes du respect que vous demandez ... c’est valable pour tous les métiers .... il me semble.
    bon vent en vous souhaitant des jours meilleurs ... mais rien ne tombe du ciel, tout se conquiert et tout se construit dans l’effort .......et surtout dans l’intelligence.

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