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Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

Publié le mercredi 14 octobre 2015 à 05h57min

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Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

13 octobre 2015. Dans trois jours, ça fera un mois pile que les soldats de l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP) séquestraient le président du Faso, le Premier ministre et d’autres membres du gouvernement de la transition. C’était le début d’un putsch. Cette tentative du Coup d’Etat manquée a fait officiellement quatorze morts et plus de 200 blessés. A quelques jours de ce triste anniversaire, une équipe gouvernementale a rendu visite aux familles de dix victimes. « Pour, selon Mme Nicole Angeline Zanga/Yelemou, leur apporter la compassion de toute la nation entière et le réconfort dont elles ont besoin ». Une visite sera aussi organisée dans les familles des quatre autres victimes.

Première escale de cette visite, quartier Kamsonghin. Face à l’entrée principale de l’ASECNA, deux vieilles personnes reçoivent la délégation gouvernementale dans une cour familiale. La soixantaine bien sonnée, ce sont les parents de Rouamba Abdoul Razar Amadé. « Nous avons été envoyés par le président de la transition pour vous présenter nos condoléances. Nous avons appris ce qui est arrivé à votre fils et nous sommes venus vous dire que nous compatissons à votre douleur. Il est tombé pour sauver la nation. Que la terre lui soit légère », dit Jean Claude Dioma, aux deux vieillards. La mère tient plus le coup. Elle parle : « Nous vous remercions de votre visite et de ce soutien. Nous accueillons la mort de notre enfant comme la concrétisation de la volonté de Dieu. Comme il n’était pas seul que pouvons-nous dire d’autre ? », a-t-elle répondu aux ministres. Très réservé, la voix encore nouée par la douleur d’avoir perdu un fils, le père renchérit : « Puisse-t-il de là où il est nous assister. Et que la terre lui soit légère ».

« Il a croisé le chemin des éléments du RSP qui lui ont fauché »

A quelques encablures du Scolasticat, au quartier Wemtinga, c’est le neveu et ami d’enfance de Barry Nouhoun qui a accueilli les visiteurs. Siaka Diallo connaissait très bien le défunt pour avoir grandi avec lui. « Je le connaissais très bien parce qu’il était mon oncle. Nous avons même grandi ensembles. Il était de 1983 et moi de 1984. Nous avons même fait l’école primaire ensembles. Il était plus qu’un oncle, il était un frère. Il avait refusé de faire l’école et avait suivi une formation en climatisation et froid. Il exerçait donc le métier de frigoriste », a-t-il raconté interrompu par l’amertume.
Mais poussé par les journalistes, il poursuit : « J’ai pu poursuivre mes études jusqu’à avoir un concours. Après ma formation, j’ai été affecté à Ouaga ici. Mais à chaque fois qu’on s’appelait, il me disait toujours qu’il voulait venir à Ouagadougou parce qu’il ne s’en sortait pas. Il m’a donc rejoint en 2012. On vivait dans la même maison et jusqu’à ce qu’il déménage. Et le malheureux évènement est arrivé. Le jour de son décès au service et on m’a appelé de Bobo pour me dire que Nouhoun avait croisé le chemin des éléments de l’ex-RSP et qu’ils lui ont fauché la vie. J’ai expliqué à la hiérarchie et on m’a dit d’aller. Je suis effectivement venu trouver gisant le sang. J’ai rendu compte et on a envoyé une équipe faire le constat et le corps a été enlevé ».

« Il était l’unique enfant de ses parents. C’est ce qui fait le plus mal »

Kologho Appolinaire était âgé de 37 ans. Il vivait chez son oncle à Wemtinga. Tout comme les autres, il a été transpercé par une balle assassine lors de la répression des manifestations contre le putsch manqué par les militaires du RSP. Son oncle, sa majesté Naba Padré de Nedego dit toute sa déception : « Je vous remercie pour votre visite. Il était ici avec moi. Il était l’unique enfant de ses parents et c’est ce qui fait le plus mal », a-t-il indiqué avant de souhaiter le défunt puisse reposer en paix.

« Que justice soit rendue »

Les familles de Ouédraogo Amza (18 ans), Yoda Issouf (27 ans), Yoda Jean Baptiste (14 ans), Yelnongo Salfo (35 ans), Bazié Badama (25 ans), Ouédraogo Souleymane (16 ans), Mme Ouédraogo/Kaboré Angèle (23 ans) ont aussi reçu la délégation gouvernementale. La revendication était la même : « Que justice soit faite ». « Seule la justice peut nous soulager. Il est vrai que l’enfant n’est plus mais si on connait celui qui l’a tué, c’est encore mieux », a souhaité le géniteur du petit Ouédraogo Amza. Il est appuyé par Siaka Diallo, le neveu de Barry Nouhoun : « C’est ce qu’on n’a de cesse de dire depuis que la situation s’est produite. Le jour de l’inhumation des victimes, c’est ce que les parents ont aussi demandé : la justice d’abord, après la justice et enfin la justice. Rien ne peut remplacer une vie. Mais que justice soit rendue à ces personnes qui sont tombées pour la liberté et la justice ».
Au nom de l’enfant de 10 mois de Mme Ouédraogo/Kaboré Angèle, c’est le ministre de l’Action sociale et de la solidarité nationale hymself qui parle : « Chez Mme Ouédraogo, nous avons vu le petit Abdou de dix mois. Il attend que justice soit faite. Il ne peut pas comprendre aujourd’hui à dix mois, pourquoi sa maman n’est pas là ».
Chaque famille a reçu la somme de 630 mille francs CFA donnée par le gouvernement (200 000) et le CNT (430 000). A l’issue de cette randonnée, le ministre de l’action sociale justifie son action : « Nous sommes africains et nous le demeurons. Et en Afrique, lorsqu’on perd une vie, c’est toute la famille qui se mobilise. Le gouvernement de la transition et le Conseil national de la transition, sur instruction de son excellence le président du Faso, a décidé d’entrer à fonds dans cette dynamique de solidarité africaine en venant soutenir les familles qui ont perdu un des leurs au cours de ce maudit putsch. Et c’est pourquoi nous sommes venus ce matin présenter nos condoléances aux familles éplorées. Nous avons visité dix familles et leur apporter la compassion de toute la nation entière et le réconfort dont elles ont besoin. Nous sommes aussi venus leur dire que le sacrifice de nos enfants ne sera pas vain et que nous sommes à leurs côtés parce que ces jeunes-là se sont donné pour nous sauver et pour la liberté et la démocratie ». Fort heureusement, elle a rencontré des « familles braves et courageuses mais qui ont soif de justice. Et nous entendons, pour l’apaisement des cœurs, que les familles des victimes veulent aussi, rendre justice et que la nation entière soit apaisée à travers cela ».
Des visites seront organisées dans les prochains jours dans une famille à Ouagadougou, deux à Tenkodogo et une autre à Léo. Par-là, le gouvernement entend témoigner son soutien aux familles des quatorze victimes tombées lors de ce « maudit putsch ».

Jacques Théodore Balima
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 14 octobre 2015 à 08:08, par kouadio En réponse à : Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

    c’est la consequence de l’exclusion mise en oeuvre par le MPP et le gouvernement de la transition mene par des evangelistes et des illumines

  • Le 14 octobre 2015 à 08:27, par Raogo En réponse à : Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

    « maudit putsch ».
    Perpétré au nom de "l’inclusion" par des fils et filles militaires et civils maudits entretenus avec les deniers de notre sueurs et de notre force.Dieu saura les recompenser pour ce gâchis causes aux familles éplorées et a la nation entière.

  • Le 14 octobre 2015 à 08:35, par Raogo En réponse à : Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

    « maudit putsch ».
    Perpétré au nom de "l’inclusion" par des fils et filles militaires et civils maudits entretenus avec les deniers de notre sueurs et de notre force.Dieu saura les recompenser pour ce gâchis causes aux familles éplorées et a la nation entière.

  • Le 14 octobre 2015 à 09:30, par somé En réponse à : Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

    je trouve que le gouvernement n’a pas fait assez d’effort. 200 000F qu’à même ? Au moins 500 000F.

  • Le 14 octobre 2015 à 09:47, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

    Les mêmes condoléances du gouvernement, les mêmes enveloppes ont été données en Novembre/Décembre 2014 aux parents des martyrs de l’insurrection et justice leur avait été aussi promis.

    Près d’un an après, aucun progrès n’a été fait dans le sens de trouver et juger leurs assassins. Pire, c’est récemment qu’on vient d’installer une "commission d’enquête indépendante", comme si la police et la gendarmerie ne pouvaient pas faire le travail, et comme si c’est dix mois après qu’on se rappelait des martyrs. Norbert Zongo disait que sous le régime Compaoré, pour enterrer une affaire, il suffisait de créer une "commission" et le tour était joué.
    C’est la plus grande déception de cette transition. Espérons que ce soit différent cette fois, car on ne construit pas un pays sur l’impunité et le sang innocent versé.

  • Le 14 octobre 2015 à 15:53, par Nobo En réponse à : Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

    Avant tout permettez moi de m’incliner pour prier le DIEU de la divine miséricorde pour nos martyrs. Puisse lui seul payer au centuple en leur donnant une place de choix dans son royaume.
    J’ai vraiment honte pour nos dirigeants, comment des sans gênent peuvent ’ils penser que la modique somme de 630 mille peut essuyer des larmes. Les gens ont été tué pour que vous continuer à rouler sur vos sous et c’est seulement ça que vous donnez à leur famille qui ne pourront plus les voir ni même recevoir quelque chose de leur part pour le reste de leur vie.
    A mon avis il doit être mis en place un fond spécial sur le budget de l’état pour prendre en charge les familles pendant une longue durée. Même cela ne peut compenser la perte de vie de ces humains. Alors plus de considération

  • Le 14 octobre 2015 à 16:00, par Nobo En réponse à : Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

    Combien ont touchés nos soit disant députés du CNT et nos soit disant ministres de la transition en une période de 11 mois comparé à 630 mille pour une vie perdue. Je demande que tous les responsables (les nommés) de la transition consacre leur rémunération du mois d’octobre 2015 pour constituer le capital du fond permanent à mettre en place pour soutenir les familles des victimes.

  • Le 14 octobre 2015 à 18:44, par lassane En réponse à : Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

    monsieur Kouadio ,au moins un peu de pudeur et de respect pour les victimes et les familles éplorées .C’est totalement idiot ce que vous avez écrit .Même dans la lutte politique il y a un minimum de moral et on ne saisit pas n’importe quelle occasion pour régler ses comptes personnels avec des adversaires politiques . c’est abject .

  • Le 15 octobre 2015 à 09:07, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

    Toujours le mélange des genres... C’est nous tous que ces martyrs ont sauvé au prix de leur vie. Chacun de nous, de la même manière que les ministres ou les députés, pouvons aller "saluer" les parents des victimes avec une enveloppe de ce que nous avons. Les ministres sont environs 25, ils ont pu réunir 200.000 par famille de décédé ; les députés, plus nombreux (90) ont eux pu réunir environs 430.000 par décédé soit le total de 630.000. C’est leur geste personnel, cela n’a rien avoir avec l’état. Personne ne va venir dicter à un autre le montant avec lequel il "doit" saluer un décès, ce n’est pas le sens que nous Africains donnons à ces gestes !

    Le dédommagement des familles de martyrs est une affaire de nous tous, donc de l’État du Burkina Faso. Les montants seront déterminés et versés sur le budget de l’état, pour les morts et pour les blessés d’Octobre 2014 et Septembre 2015, et cela n’aura rien à voir avec le salaire de quelqu’un. Arrêtez vos amalgames, le Burkina, ce n’est ni Zida, ni Kafando, ni les députés du CNT, ni le gouvernement. C’est nous tous !

  • Le 17 octobre 2015 à 10:48, par tapsoba yassiriki En réponse à : Coup d’Etat du 17 septembre : Le Gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes

    internaute 1 vous êtes un apatride

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