« Papa est tout simplement mort de fatigue. Il ne souffrait pas. Il s’est couché et son cœur s’est arrêté. C’est d’ailleurs ce qu’il nous disait tous les jours. Qu’il mourra pendant son sommeil », nous confie Bibiane Danielle Awa Barreaud 9e fille du défunt. Ce mardi matin, la cour du docteur Ali sis dans le quartier Diarradougou (secteur 2) ne désemplissait pas. « Nous sommes venus saluer la famille pour le décès du voisin. C’était un vieux sage et bien », laisse entendre une dame. Pas de pleurs, ni de tristesse, mais les mines ne sont pas joyeuses. « Vieux Ali n’est pas mort, il a rejoint ses ancêtres, on aurait dû fêter cet évènement, mais la faucheuse ne mérite pas qu’on la célèbre » soutien un membre de la famille. 97 ans, père de 10 enfants (4 garçon, 6 filles), docteur Barreaud comptait 30 petits-fils et 2 arrières petits fils. Selon Bibiane Danielle, depuis la mort de son épouse le 15 juin 2011, il a été beaucoup affecté par cette perte. Ses enfants et les voisins gardent de l’homme, la sagesse, l’humilité et l’amour du prochain. « Papa, confie Bibiane, était un homme exceptionnel. Il nous a élevé dans un amour indéfinissable. Je prie le Seigneur de perpétré cet amour au sein de la famille ».

Il reposera aux côté de son épouse

Docteur Ali Barreaud sera inhumé ce lundi au cimetière municipal dans le caveau familial ou repose depuis 2011 sa tendre épouse. « Nous attendons les frères et sœurs qui doivent rentrer de la France et de la Côte d’Ivoire. C’était une volonté de Papa. Il a voulu que tous ces enfants soient là le jour de son enterrement », confie Bibiane Danielle Barreaud. Pionnier et l’un des fondateurs du Rassemblement démocratique africain, le défunt Ali a été ministre de la Santé de 1970 à 1974. Il a également occupé les postes de député et de questeurs à l’Assemblée nationale, puis la fonction de directeur de l’hôpital de la santé urbaine (ex-hôpital Sanou Sanon). Docteur Barreaud s’est engagé dans la politique parce que : « Nous nous sommes engagés parce qu’il n’y avait pas quelqu’un d’autre pour le faire à notre place. Imaginez qu’on venait prendre nos parents, nos frères à tout moment, que ce soit en saison sèche ou en saison pluvieuse. Quelquefois, leurs champs restaient en friche parce qu’il n’y avait plus personne pour les entretenir après eux. Nous étions très peu préparés pour la politique, mais la situation était telle que nous avons pris les devants avec des bribes de connaissance en politique, et nous y sommes allés avec la langue et avec le cœur, sans autre chose que cela. Nous n’avions jamais dit que nous prendrions les armes contre les Français, au RDA. Jamais ! », disait- il, dans une interview accordée à notre confrère du San finna en 2010.

Bassératou KINDO
Lefaso.net
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