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Javier Perez De Cuellar : <BR>« Il faut sauver le français à l’ONU »

Publié le dimanche 7 décembre 2003 à 17h38min

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L’ONU a décidé de regrouper à Bruxelles les activités de ses Centres d’information en Europe. L’objectif est de réduire les dépenses des Nations unies dont le budget a atteint 2,6 milliards de dollars pour les deux années 2002 et 2003. Contrairement à la dizaine de bureaux qui seront supprimés, les Centres de Genève et Vienne seront maintenus comme New York, ces deux villes sont en effet le siège de plusieurs organes des Nations unies. Secrétaire général de l’ONU de 1982 à 1992, Javier Perez de Cuellar s’inquiète des effets négatifs de cette décision pour la francophonie.

LE FIGARO. - L’ONU compte fermer son centre d’information à Paris en décembre. Cette décision, qui concerne aussi une dizaine d’autres bureaux européens, est justifiée par une politique d’économies. Mais, comme l’a écrit Maurice Druon dans Le Figaro du 8 août 2003, les Etats-Unis sont soupçonnés d’avoir voulu marquer des points contre la francophonie. Comme ancien secrétaire général de l’ONU et francophile de toujours, quelle est votre analyse ?

Javier PEREZ DE CUELLAR
Je regrette cette décision. Certes, elle ne vise pas seulement Paris. Mais si les Espagnols, qui voient aussi disparaître le bureau de Madrid, peuvent seulement se plaindre, la France, elle, a le droit d’exprimer son opposition. Aux Nations unies, il y six langues officielles mais seulement deux langues de travail : l’anglais et le français. Chaque document officiel doit être publié simultanément dans- ces deux langues. La réalité est toute différente. Le texte anglais est distribué immédiatement, le texte français suit... un jour ou une semaine plus tard. L’abandon de Paris par les Nations unies n’est donc pas neutre. Cette initiative exprime la conviction que la langue des relations officielles doit être l’anglais comme le latin au temps de l’empire romain.

Comment la France peut-elle rappeler l’ONU à ses engagements francophones ?

Quelques mois après mon élection comme secrétaire général, en janvier 1982, j’avais été reçu par Français Mitterrand qui se plaignait que l’ONU délaisse le français. Je lui avais répondu « Ce sont vos diplomates qui cèdent devant la langue anglaise. Ce sont les Africains qui défendent le français. » Aujourd’hui, je suis désolé que le Quai d’Orsay ne réagisse pas plus vigoureusement à la fermeture du bureau parisien des Nations unies. La langue est une dimension du patriotisme, se battre pour le français, c’est se battre pour la France. Le Québec a réagi, il a sauvé sa langue.

Quelles mesures pratiques préconisez-vous ?

L’effort doit commencer en France. Il faut redonner aux Français le goût de leur littérature. Dans ma jeunesse, mes condisciples parisiens récitaient par coeur Molière et La Fontaine. Or l’autre jour je me suis plongé dans le supplément littéraire du Monde pour découvrir qu’une fois de plus il consacrait quatre pages aux romans anglophones.

L’Organisation internationale de la francophonie, dont le premier secrétaire général fut votre successeur à L’ONU Boutros-Ghali, est supposée conduire la résistance. Quel jugement portez-vous sur son action ?

Il s’agit d’un appareil bureaucratique qui, malheureusement, ne rend pas les services dont la langue a besoin. Au Pérou, ni votre lycée de Lima ni l’Alliance française ne disposent de moyens financiers suffisants. A Paris, quand j’entends le franglais des présentateurs de la télévision, je trouve que la France ne fait pas assez pour protéger sa langue. J’ai 83 ans, mais je n’ai jamais employé le mot OK, même en anglais.

La défaite du français à l’ONU serait donc irréversible ?

La France doit s’engager dans une lutte à outrance. Car une langue exprime un esprit une psychologie, une vision du monde. L’hégémonie de. l’anglais entraîne forcément la domination intellectuelle et donc politique. D’ou la polémique déclenchée par le projet de l’Unesco d’une convention prônant la défense de l’identité culturelle. Les Américains y sont hostiles parce qu’ils savent bien que la diversité culturelle préserve la diversité politique. Regardez ce qui se passe avec l’espagnol. Cette langue dispose du vivier latino-américain qui, de plus, se trouve aux portes des Etats-Unis. Le résultat est là pour la première fois de leur jeune histoire, les Etats-Unis connaissent sur leur propre territoire la concurrence d’une autre langue.

L’ONU se défend d’avoir cédé à un complot des anglophones. Elle souligne que les activités des bureaux européens seront centralisées à Bruxelles, ville francophone.

D’abord, Bruxelles n’est francophone qu’à moitié. Ensuite, je tiens à dire à mes amis anglophones fascinés par la technologie, qu’Internet ne peut pas, toujours et partout, remplacer l’information fournie par des êtres de chair et de sang. Enfin, au moment où l’ONU a tellement besoin de trouver des appuis dans l’opinion, c’est une illusion de croire que Bruxelles pourra remplacer efficacement non seulement Paris mais aussi Lisbonne, Copenhague ou Athènes.

Propos recueillis par Charles Lambroschini
www.Le Figaro.fr (le lundi 17 novembre 2003)

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Vos commentaires

  • Le 8 avril 2004 à 16:57, par celine En réponse à : Un homme du passé : Javier Perez De Cuellar

    Monsieur Javier Perez de Cuellar est un homme qui devrait aujourd’hui passé le flambeau. A 83 ans, il s’accroche à son siége d’Ambassadeur du Pérou. Il n’a aujourd’hui aucune crédibilité car non seulement il n’a plus aucun pouvoir mais dirige une ambassade où l’incompétence est reine. Il est à savoir que le parler français n’existe pas au sein même de son établissement en Françe. (J’invite tout citoyen français à me prouver le contraire) Je vous le dit en ayant appelé l’autre jour au sein de cette sois disante superbe institution. Au lieu de prétendre défendre la langue française, il ferait mieux de choisir des personnes dans son ambassade qui parlent correctement le français. Je suis franco française et m’étonne qu’une telle diplomatie soit en fin de compte aussi mal tenue.

    Il soutient officiellement Toledo qui n’a fait que du mal au Pérou (CF tous les journaux au Pérou). Il n’est plus bon pour le Pérou car il soutien une politique qui n’a fait qu’appauvrir le pays. Ce Président de la République est désavoué comme jamais il n’a été. La pauvreté au Pérou ne fait que s’accroitre. La croissance ne revient qu’aux riches. Je tiens à féliciter ce site s’il laisse cette article en place car ce serais une vrai preuve de courage dans notre démocratie. Pour finir, cet homme n’a, à mon sens aucun intérêt et devrait être désavoué car il soutient la corruption actuelle du pays.

  • Le 9 avril 2004 à 22:06, par christine En réponse à : Javier Perez De Cuellar : une honte pour la France

    J’ai voulue vérifier si ce que l’on m’avait dit était exacte. J’ai donc appelé l’ambassade du Pérou aujourd’hui. Quelle ne fut pas ma surprise en constatant que ce que l’on m’avait dit était si vraie et lue aussi par ailleurs. J’ai eu plusieurs dames qui faisaient beaucoup d’erreurs orales en français et avec un accent très prononcés. Il y a même certaines phrases de leur français que je n’ai pas compris. J’avais l’impression qu’elles ne comprenaient pas ce que je leur disais.

    Par ailleurs, j’ai eu une confirmation par une amie au sein de l’ambassade qui m’a dit que le niveau de français était si bas, que ce sont des stagiaires non payés qui font les traductions. Mais ce qu’elle m’a dit de plus inquiétant c’est que même les discours de l’ambassadeur sont fait par des stagiaires bénévoles ! Le chef de l’ambassade monsieur Javier Perez de Cuellar accompagné de son corps diplomatique sont donc une honte pour leur pays mais aussi pour la France qui n’a pas a accepté de défenseur de sa langue avec un si bas niveau. Bien qu’en nuançant un peu seul monsieur Javier Perez de Cuellar parle mieux le français que les autres dont le niveau est honteux mais son niveau décline. Bref, avec un oeil externe je me demande comment ils nomment des personnes de si bas niveau.

  • Le 28 mai 2004 à 21:16, par maria En réponse à : Changer la diplomatie du Pérou en France

    J’ai lu votre message et je vous trouve des fautes d’orthographes…Bref, je crois que la critique est réelle. Je suis péruvienne, donc le français n’est pas ma langue natale. Je trouve que la diplomatie actuelle du Pérou en France n’a jamais été aussi basse. J’ai actuellement 46 ans et j’ai connue de nombreuses diplomaties et celle-ci est un déshonneur pour le Pérou car aucun responsable ne parle bien le français. (parler…je n’ose me prononcer sur l’écrit qui doit être pire encore…) Aucune diplomatie digne de ce nom en Europe n’oserait employer ces personnes tellement elles sont ridicules dans leur pathétique français et dans les autres langues aussi : anglais… et d’un espagnol très vulgaire.

    Pour ma part, je parle 7 langues et j’ai honte pour mon pays d’avoir une diplomatie où plus personne ne parle bien le français, ce qui n’étais pas le cas avant. Je vais renoncer à ma nationalité car je ne me reconnais plus dans ce pays qui a bien changé en mal. Aucun péruvien digne de ce nom ne veux travailler pour l’Ambassade car tous les péruviens le savent l’incompétence est reine actuellement. Je crois que Monsieur Javier Perez de Cuellar ferait mieux de faire le ménage devant sa porte…(Pour les fautes, s’il en existe, je conseillerai à la personne de discuter avec moi en 7 langues et deux langues mortes à mon actif)

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