Après l’arrestation des autorités de la transition, les médias ont été les premières cibles du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et le Conseil national pour la démocratie (CND). Tour à tour, ils ont procédé à une fermeture systématique des stations radios. Surtout celles qui condamnaient ce passage en force. Omega FM, Radio liberté, Ouaga FM, Savane FM pour ne citer que celles-ci, ont été forcées de cesser d’émettre.
Cette fermeture est souvent accompagnée de violence. C’est le cas de la radio Oméga Fm où après fermeture « les soldats ont mis feu aux motos de certains journalistes », selon un animateur de la station radio. Joint au téléphone, un journaliste de cette station parlait de quatre à cinq motos brûlées. Dans un communiqué, l’association des professionnels des médias a d’ailleurs condamné cette attitude. « Ils feront une intrusion dans certaines radios et télévisions de la capitale où ils ont fait arrêter manu militari les émissions, brutalisé certains journalistes ou confisqué leur matériel de travail. A la radio Omega FM, ils ont même incendié les motos du personnel avant de quitter les lieux », explique l’association. Ouaga Fm, Savane FM ont aussi connu des incendies.

La « radio de la résistance »

C’est dans ce contexte fermeture presque totale des stations radios, qu’une autre est née. La radio de la résistance. Elle a été créée au deuxième jour de la résistance du peuple burkinabè contre le coup d’Etat. Dans la clandestinité, elle émet sur 108.0 FM. Durant toute cette journée, elle diffuse les messages de la résistance notamment les déclarations du président du Conseil national de la transition (CNT), Shérif Sy.

Le CNT fait figure d’Assemblée nationale puisqu’il regroupe les députés de la transition. En l’absence du chef de l’Etat, Shérif Sy proclamé chef de l’Etat et appelle toutes les composantes de la population à rejeter et à résister face à la forfaiture du RSP. La radio de la résistance, comme son nom l’indique, est dès lors la voix des résistants. La voix de ceux qui disent non au coup d’Etat et appellent au rétablissement du gouvernement et aux autres institutions de la transition.
Mais hélas ! Cette voix est aussi coupée. La voix de la résistance a cessé d’émettre. Beaucoup d’auditeurs l’ont constaté dans la matinée du samedi 19 septembre 2015.

La revanche des réseaux sociaux

Les journalistes, activistes et autres internautes et « résistants » prennent leur revanche sur internet. « La radio … émet à nouveau mais sur internet », m’apprend un twit. Facebook et twitter sont devenus les nouveaux canaux par lesquels, on informe et l’on s’informe.
Même si certaines de ces informations sont difficiles à vérifier, les réseaux sociaux demeurent, en ce moment, le canal le plus libre pour le peuple Burkinabè. Les images de la mobilisation dans les autres villes sont transmises grâce à ces réseaux sociaux.
Ouahigouya, Fada N’Gourma, Bobo-Dioulasso, Gaoua etc. Toutes les localités du pays montrent leur engagement et détermination contre le coup de force à travers les réseaux sociaux.

Judicaël Gaël Lompo
Lefaso.net