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Déclaration du SYNADEC sur la situation nationale

Publié le vendredi 18 septembre 2015 à 07h13min

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Depuis la journée du 16 septembre 2015, notre pays traverse la plus grave crise de la transition marquée par l’incertitude et la confusion totale. A l’origine de celle-ci, l’irruption d’éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) aux environs de 14h30 mn dans la salle du Conseil des Ministres qui se tenait à Kosyam, la Présidence du Faso. Ces éléments du RSP ont pris en otage le Président du Faso, son excellence Monsieur Michel Kafando, ainsi que des membres du gouvernement. Après des heures de confusions générales, les derniers développements montrent qu’il s’agit bel et bien d’une tentative de coup d’Etat militaire, en fait une tentative de restauration de l’ancien régime assis sur l’odieux système clientéliste de la Famille Compaoré et entièrement vomis par le peuple qui en avait ras-le-bol. Les auteurs du coup d’Etat ne sont rien d’autres que les éléments du RSP organisés au sein d’un certain Conseil national pour la démocratie (CND) et conduit par le Général Gilbert Diendéré, déjà meneur du sanglant coup d’Etat du 15 octobre 1987 ayant coûté la vie au Président Thomas Sankara et à ses compagnons d’infortune.

Ce énième coup de force du RSP intervient à un moment où le pays tout entier s’apprête à organiser les futures élections présidentielle et législatives du 11 octobre 2015. Il s’agit là sans conteste d’une violation flagrante et grave de la charte de la transition, qui a été adoptée après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, ayant conduit au renversement du régime corrompu de Blaise Compaoré, et une remise en cause de l’ensemble du processus démocratique enclenché, et dont l’aboutissement était prévu pour le 11 octobre 2015. Le Général Diendéré dans une interview accordée à Jeune Afrique a prétendu qu’ils « sont passés à l’acte pour empêcher la déstabilisation du Burkina » parce qu’une « grave situation d’insécurité pré-électorale régnait au Burkina ». Peut-on avoir pire déstabilisation et insécurisation du pays qu’un coup de force qui remet en cause le cours normal des institutions démocratiques conduisant aux seules élections libres de la Ve République prévues pour le 11 octobre 2015 ?

Nous avions salué, dans une précédente déclaration, les bonnes dispositions de l’armée au dialogue, à la négociation pour assurer une transition pacifique, à ne pas conserver le pouvoir et à rétablir l’ordre républicain. Les derniers événements montrent qu’une partie de l’armée, cette armée dans l’armée que constitue le RSP, n’est pas prête à abandonner le pouvoir qu’elle a côtoyé et géré avec le régime déchu de Blaise Compaoré et qui tient à conserver égoïstement ses avantages acquis dans les allées d’un pouvoir autoritaire. Ce régime qui a tenté de tripatouiller la constitution par la modification de l’article 37. Le pouvoir appartient au peuple et aucune tentative ne saurait priver le peuple de sa liberté chèrement acquise.

Le SYNADEC rappelle que le peuple burkinabè refuse de se voir dirigé à coups de baïonnettes et que l’armée doit se mettre au service du peuple pour sa défense et non au service d’intérêts particuliers et égoïstes.C’est en se mettant au service du peuple qu’il facilitera le retour au calme et à une paix durable.
Au regard de la gravité de la situation, le SYNADEC :
-  condamne avec la dernière énergie cette intrusion du RSP dans la marche de la République et cette tentative de coup d’Etat militaire.
-  exige la libération immédiate du Président de la Transition et des membres du gouvernement et le rétablissement de toutes les institutions démocratiques.
-  rejette son projet politique prétendument démocratique du CND.
-  invite tous les militants et sympathisants du SYNADEC à se mobiliser et à prendre part à toutes les manifestations organisées par les forces vives de la nation pour faire échec à cette tentative de coup d’Etat et au retour de la dictature et du pouvoir militaire.
-  appelle à une grève jusqu’au rétablissement des institutions de la transition.
-  invite toute la communauté internationale (ONU, Union Africaine, Union Européenne, CEDEAO, etc.) à prendre toutes les mesures idoines pour accompagner le peuple burkinabè jusqu’à l’aboutissement du processus de transition.
-  appelle le peuple burkinabè à la vigilance. Une bataille a été gagnée lors de l’insurrection populaire, mais la lutte n’est pas terminée.

Mobilisons-nous pour un succès total de la transition !
Vive le peuple libre du Burkina Faso !
Fait à Ouagadougou le 17 septembre 2015

Pour le SYNADEC

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Vos commentaires

  • Le 18 septembre 2015 à 10:57, par Findecavale En réponse à : Déclaration du SYNADEC sur la situation nationale

    Cette tentative de coup de force est un acte désespéré de criminels tapis au sein du RSP, car l’étau judiciaire se resserrait sur eux pour leurs crimes de sang et crimes économiques. Mais c’est peine perdue car leurs jours sont comptés. Ils sont dans une panique totale et aggravent leur cas en tuant et blessant les manifestants. Les patriotes, qu’ils soient militaires ou civils se démarquent de leur aventure sans lendemain. Au sein du RSP même, il y a des défections justifiées par le fait que les éléments étaient sortis pour des revendications corporatistes et non pour se faire utiliser. Des renforts arrivent également sur Ouaga. La victoire du peuple est proche.

  • Le 18 septembre 2015 à 11:31, par De Birfo En réponse à : Déclaration du SYNADEC sur la situation nationale

    Belle déclaration du SYNADEC ! J’attendais impatiemment votre réaction. Vos analyses de la situation nationale m’ont toujours séduit. Que le peuple se mobilise pour organiser la résistance. L’organisation de la résistance ne peut se faire dans les salons, mais par une organisation intelligente pour défier les putschistes et faire échec à leur projet macabre de tuer la démocratie au pays. En fait, tous ceux qui parlent de démocratie ne pas des démocrates. On utilise toujours le paravent de la démocratie pour passer à l’acte et assouvir des intérêts égoïstes.
    Avec ce coup de force, les Burkinabè devront comprendre qu’on ne construit pas un pays dans les arrangements, les arrondissements des angles, l’impunité, etc. Ce qui préoccupe les putschistes, c’est justement la restauration de l’ancien régime tel que vous l’avez pertinemment fait ressortir. Diendéré n’a-t-il pas dit que les questions de justice ne le préoccupent pas ? Cela signifie que la restauration ne vise qu’à protéger les intérêts acquis à coups d’oppression du peuple et du pillage des maigres ressources de la nation.
    Vivement que la transition soit rétablie et que les auteurs du putsch punis à la hauteur de leur forfaiture.

  • Le 18 septembre 2015 à 11:45 En réponse à : Déclaration du SYNADEC sur la situation nationale

    Il faut que ces truands soient arrêtés et châtiés à la hauteur de leur forfait

  • Le 18 septembre 2015 à 14:15, par Général Moussa En réponse à : Déclaration du SYNADEC sur la situation nationale

    IL nous fallait cette dernière carte du régime compaoré pour que nous puissions en finir avec.Cet général est un traite de la république et ne mérite pas ses galons,La victoire final du peuple est en marche,Et la fin du régime compaore est proche.Courage au vaillant peuple du burkinabè.La patrie ou la mort nous vaincrons.

  • Le 18 septembre 2015 à 14:23, par L’indigné En réponse à : Déclaration du SYNADEC sur la situation nationale

    On ne peut compter dans ce pays que sur les civils !
    Défalquons du budget de 2016 les lignes allouées à l’armée.
    Quelle honte !

  • Le 18 septembre 2015 à 16:04, par L’indigné En réponse à : Déclaration du SYNADEC sur la situation nationale

    On ne peut compter dans ce pays que sur les civils !
    Défalquons du budget de 2016 les lignes allouées à l’armée.
    Quelle honte !

  • Le 18 septembre 2015 à 16:15, par Le Roi En réponse à : Déclaration du SYNADEC sur la situation nationale

    Chers frères et sœurs du RSP vous avez mal démarrer en faisant lire votre déclaration préliminaire par BAMBA MAMADOU que tous les étudiants de l’université de Ouaga des années 90 connaissent très bien . Etudiant dans un premier temps à l’ISN /IDR , on le retrouve quelques années après étudiant à l’ESSA (actuelle UFR/SDS ) il est alors délégué CDR puis CR de la dite école de médecine et parallèlement gérant du local qui sert de permanence CDR / CR et surtout de prison sis dans l’enceinte de l’ESSEC ( actuelle UFR/SEG ) . A un rythme de passage d’une classe à l’autre tous les 2 ou 3 ans ; c’est à sa 5ème année de médecine précisément au début de l’année universitaire de grâce 1990-1991 que nous avons tous été surpris de le voir en tenue militaire avec épaulettes d’officier .
    Notons que nombre d’étudiants ont vu leur cartons tripatouillé (synonyme de suspension ou de coupure de bourse grâce à ses œuvres ) .
    C’est de ce BAMBA (jusqu’à présent son nom fait sursauté) que le DR KOUANDA SENI faisait allusion lors de son témoignage à l’université il y a environs 2 mois de cela concernant les évènements de mai 1990 ayant conduit au décès de DABO BOUKARY .
    Pour ce qui n’ont jamais connu de tortionnaire dans leur vie , eh bien vous en avez vu un vrai à la télé hier . Sacré BAMBA fidèle compagnon de GASPARD SOME et capable de dormir toute la nuit devant le domicile d’un militant ANEB aux fins de le capturer , direction conseil .
    Pour terminer je pense que l’ordre des médecins gagnerait à investiguer sur l’authenticité de son Doctorat car on ne sait jamais !

  • Le 18 septembre 2015 à 22:11, par sidnooma moun En réponse à : Déclaration du SYNADEC sur la situation nationale

    Donc risque d’Année blanche exposant 2
    les conséquences sont incalculables,n’est on pas dans un bourbier sans précédent ?
    A qui profite ce coup d’état ? peut-on garantir que le peuple en tirera un micro-bénéfice ?

  • Le 19 septembre 2015 à 08:29, par Citoyen En réponse à : Déclaration du SYNADEC sur la situation nationale

    Bonjour
    Le SYNADEC à frappé fort , c’est vraiment un syndicat du peuple et pour le peuple.
    Je vous félicite pour votre clairvoyance et votre détermination pour la démocratie.
    Courage et encore vigilance absolue
    Na lara an sara

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