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Disparition de Jean-Paul II : Le début d’une nouvelle ère dans les relations internationales

Publié le lundi 11 avril 2005 à 07h36min

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La disparition de Jean-Paul II consacre-t-elle le début d’une nouvelle ère dans les relations internationales ? C’est le moins que l’on puisse dire au regard des faits qui se sont déroulés pendant ses obsèques, vendredi dernier, dans la cité vaticane.

Pas moins de 200 chefs d’Etat et de gouvernement, de monarques et de dignitaires religieux venus de tous les horizons ont fait le déplacement de Rome. Ce fut une des rares occasions de voir Bush côtoyer son homologue iranien, Mohammad Khatami, président de la République Islamique d’Iran qu’il a rangée dans son fameux "axe du mal".

De même, le président syrien, Bachar Al Assad et le Premier ministre palestinien, Ahmed Koreë ont pris place dans la basilique St Pierre aux côtés du président israélien Moshe Katsav et du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.

Entre ces hommes, qui se vouent pratiquement des "inimitiés", on pouvait apercevoir le Roi Juan Carlos et la reine Sophie d’Espagne, ainsi que le roi des Belges, Albert II et la reine Paola.

Des présences qui étonnent tout comme les journées de deuil décrétées par Fidel Castro (Cuba) et Hosni Moubarak (Egypte).

A côté, les participations du patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée 1er, de l’archevêque de Cantorbéry, Rowan William, chef de l’Eglise anglicane, du patriarche arménien de Turquie, Mesrob II et d’émirs arabes paraissaient logiques à ces obsèques historiques. Jean-Paul II ayant fait du dialogue inter-religieux, un des points-clés de son pontificat.

Dur est le chemin de la paix...

Au-delà de la participation, il y eut quelques mots échangés, des poignées de mains données. Ainsi, le prince Charles a serré la main de Robert Mugabe (ils étaient du reste, séparés par une personnalité à la messe) qui n’est pas actuellement en "odeur de sainteté" du côté de Londres. Mohammad Khatami aurait pour sa part, parlé à Moshé Katsav. Khatami a vivement démenti samedi, avoir parlé à son homologue israélien au Vatican lors des obsèques de Jean-Paul II. La photo de Vincenzon Pinto de l’AFP prouve cependant le contraire. Khatami affirmant par ailleurs que l’Iran ne reconnaissait pas l’existence de l’Etat hébreu "qui a été créé par la force et l’usurpation".

Le Prince Charles sans avoir franchement démenti, a expliqué son geste par un moment d’inattention.

Du coup, on se pose des questions sur la portée véritable de ces "retrouvailles". Le temps d’une messe, d’un enterrement, le monde entier a "vibré" à l’unisson autour d’un même homme, un grand homme qui prônait la paix, la liberté religieuse, le respect mutuel et l’entente entre les peuples de différentes confessions pour paraphraser Kofi Annan.

Ce qui est sûr, il est possible de parvenir à la paix dans ce monde si les grands de ce monde le désirent. C’est sans doute le message fort que l’on peut tirer de ces obsèques.

Du coup, les quelque 2 millions de fidèles qui sont venus rendre le dernier hommage à Jean-Paul II se mettent à rêver : quelque chose de grand, de formidable, de beau a pris forme avec la disparition du Saint Père.

Des"Santo Subito" (canonise-le rapidement) ont clamé les pèlerins qui ont vu dans ces obsèques, la preuve de la sainteté de Karol Wojtyla. Des cardinaux ont la même lecture des événements que leurs fidèles, mais la procédure prendra sans doute quelques années, même si Jean-Paul II avait modifié les règles. Toujours est-il que le Vatican doit confirmer au moins, deux miracles pour que Jean-Paul II puisse être canonisé. Là, c’est une autre affaire car outre, Jean-Paul II, 300 demandes de canonisation attendent son successeur.

Seule certitude, l’unanimité semble se dégager au sein des cardinaux électeurs autour de la personnalité du successeur de Jean-Paul II. Le prochain Pape devrait ressembler à son prédécesseur.

"Il n’y aura pas de conspiration", rassure le Cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles.

"Je pense que cette fois, la nationalité, la couleur de la peau et les origines joueront un rôle bien moindre qu’autrefois", renchérit le Cardinal Karl Lehmann d’Allemagne, un pays dont les cardinaux avait joué un grand rôle dans l’élection de Karol Wojtyla en 1978.

Notons que tous les cardinaux, à l’exception de trois, ont été nommés par Jean-Paul II et beaucoup sont de tendance conservatrice en ce qui concerne la doctrine de l’Eglise comme lui. Une nouvelle page des relations internationales est donc en train de s’écrire avec la disparition de celui qui a contribué à faire tomber le mur de Berlin et le communisme. Décédé, il vient là de donner une grande leçon de "réalisme", de paix et d’humanité. Les hommes la retiendront-elle ?

Les foules ont crié déjà leur approbation. Les dirigeants pourront-ils ignorer cet aspect... L’avenir nous le dira.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo.fr)
Sidwaya

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