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Série télévisuelle : Claude Bado projette de mettre en scène le monde de la justice

Publié le lundi 11 avril 2005 à 07h21min

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Le cinéaste burkinabè, Claude Bado est en train de peaufiner un projet de série télévisuelle touchant divers thème-clés à la justice et à sa pratique au quotidien. "D’une manière générale, tous les rôles seront campés par des comédiens professionnels. De même que des professionnels de justice seront sollicités pour assister la réalisation," a dit M. Bado.

Sidwaya (S) : Nous sortons de la 19e édition du FESPACO. Quel bilan en faites-vous ?

Claude Bado (CB) : Le bilan est grosso modo, positif même s’il y a eu des imperfections. Et cela pour dire que comme en toute œuvre humaine, l’on ne peut atteindre la perfection absolue mais, j’espère qu’à l’avenir l’on travaillera à les corriger.

S. : Il y a eu quel genre d’erreur ?

C.B. : J’ai entendu des festivaliers se plaindre à propos de l’accueil. Il y a par exemple, le cinéaste guinéen Moussa Tiémoko Diakité qui s’est étonné qu’on ne le connaisse même pas au niveau du FESPACO en tant que cinéaste africain. Mais, je mets cela au compte de la jeunesse de certains membres du comité national d’organisation.

S. : Vous avez un projet de série télévisuelle sur la justice. A quel stade en êtes-vous ?

C.B. : Le projet est en amont, une fiction qui débouche chaque fois sur des procès devant un tribunal. Je suis au stade de la recherche des financements et je m’apprête à la déposer au niveau de l’Union européenne. Je ne sais pas ce que ce sera, sinon je pense pouvoir réaliser un jour ce projet qui me tient à cœur. Il est d’ailleurs déposé auprès d’autres institutions de financement, et j’ai espoir d’avoir une suite favorable. C’est un projet qui n’intéresse pas que le Burkina Faso seulement, mais toute l’UEMOA où la situation de la justice et des prisons est quasiment la même. Et je profite pour remercier le président du MBDHP, M. Halidou Ouédraogo pour avoir accepté de parrainer le projet.

S. : Pourquoi une série sur la justice et comment l’avez-vous écrit ?

C.B. : Je suis parti d’un constat assez simple. On entend parler de démocratie dans nos pays . Mais je me dis aussi qu’on ne peut pas en parler s’il n’y a pas de justice. Or, la justice dans nos pays, ne semble pas très bien comprise. Des événements dans notre pays ont fait l’objet de manifestations de rue parce qu’on a traité la justice d’être lente, d’être au service des uns et des autres. Mais je pense que c’est la méconnaissance par l’opinion publique du fonctionnement de la justice qui peut justifier cela. L’exemple de votre confrère Norbert Zongo est là pour le démontrer. Pour ce cas-là, l’on a dit que la justice était lente au point que sous la pression de la rue, le gouvernement a été obligé de donner des financements à un juge d’instruction. Bien sûr, je ne suis pas autorisé à commenter cette affaire qui est en instance d’instruction. Bien-sûr, je me dis également que le principal coupable qu’on désigne, pouvait se prévaloir d’une jurisprudence qu’on appelle la jurisprudence Borel, du nom d’un magistrat français assassiné à Djibouti et sur lequel on voulait exercer des pressions pour pouvoir abandonner l’instruction.

Pour un Etat comme le Burkina Faso, j’ai du mal à m’expliquer pourquoi on met autant d’argent, 22 millions je crois, à la disposition d’un juge d’instruction pour instruire une affaire ; surtout quand on pense que nos prisons au Burkina Faso et partout ailleurs en Afrique, sont pleines, non pas de gens condamnés, mais de prévenus. François Compaoré, je ne connais pas, mais si je devais me mettre à sa place devrait se prévaloir du fait qu’on ne devait pas donner de l’argent à un juge, que ce soit pour prouver son innocence ou sa culpabilité. Ainsi, il y a une justice à deux vitesses.

S. : Comment avez-vous écrit le projet ?

C.B. : C’est avec un ami qui est procureur et il m’a aidé avec d’autres contacts.

S. : Quelle lecture faites-vous de la pratique de la justice au quotidien dans notre pays ?

C.B. : Le constat est que la justice manque de moyens, pas seulement financiers mais matériels. Dans les commissariats, vous voyez comment les procès verbaux sont rédigés. La justice manque de tout, surtout d’homme, de juges. Et on ne peut pas attendre d’elle qu’elle soit forcément efficace. Comme nous sommes un Etat en construction, avec le temps, on arrivera à bâtir un appareil judiciaire efficace ...

S. : Vous êtes membre fondateur avec Idrissa Ouédragogo, de "ARPA Diffusion." Quel bilan faites-vous de votre reprise des activités de la SONACIB ?

C.B. : A mi-chemin de la mission à nous confiée par le gouvernement, le bilan est positif. On est dans une phase d’exploration pour voir quelles sont les pistes qui vont nous permettre d’asseoir un plan de redressement de la cinématographie nationale pour éviter les erreurs de la SONACIB (Ndlr, Société nationale d’exploitation et de distribution cinématographiques). Pour cela, je fais confiance à Idrissa Ouédraogo qui est le principal gestionnaire direct de la nouvelle structure. Je regrette simplement que la convention qui doit nous lier à l’Etat ne soit pas encore signée pour nous permettre de disposer de toutes les possibilités de relancer la machine.

S. : Quelles sont les ambitions d’une telle série ?

C.B. : Nous avons décidé d’écrire et de chercher les moyens pour réaliser cette série télévisée de plusieurs épisodes pour sensibiliser les citoyens sur leurs droits qu’ils ne maîtrisent pas. La série porte sur les infractions tels le délit d’opinion, l’atteinte à la sûreté de l’Etat, la tentative de corruption, le détournement de deniers publics...

Propos recueillis par Souleymane SAWADOGO
Sidwaya

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