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Démission de « 102 jeunes étudiants et élèves » de l’UNIR/PS : Le parti de l’œuf ne reconnait que deux comme étant des siens

Publié le jeudi 20 août 2015 à 00h21min

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Démission de  « 102 jeunes étudiants et élèves » de l’UNIR/PS : Le parti de l’œuf ne reconnait que deux comme étant des siens

A travers une conférence de presse tenue le samedi 15 août 2015 à Ouagadougou, l’on apprenait que « 102 jeunes étudiants et élèves » se réclamant de l’Union pour la renaissance /Parti sankariste (UNIR/PS) « ont démissionné du parti de l’œuf ». Les raisons de cette démission, selon le porte-parole des « démissionnaires », Marc Bonogo, ex-président de la Fédération estudiantine et scolaire sankariste (FEDES) sont, entre autres, « le désintérêt du parti vis-à-vis des structures des femmes et des jeunes, la très faible implantation du parti sur l’étendue du territoire national, l’incapacité du parti à fédérer les autres partis sankaristes pour une union d’action, l’absence du parti sur le terrain politique, la tendance de celui-ci à appeler ses militants à voter pour le Mouvement pour le Progrès et pour le Peuple en cas de second tour, la politisation à outrance du ministère dont le portefeuille est détenu par l’UNIR/PS, notamment le Ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation ». Estimant, en conclusion, qu’après des années de militantisme, ils se sont rendus à l’évidence que « les idéaux que ce parti dit sankariste incarne, ne le sont qu’aux bout des lèvres ».

90% des démissionnaires déposeraient leurs valises au Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) tandis que les 10% opteraient d’évoluer désormais dans la société civile. « Le nouveau président du CDP est un rassembleur d’hommes, de femmes et de jeunes. Il est animé par le sens de la sagesse et la paix, se traduisant dans ses discours », a justifié Marc Bonogo à la conférence de presse, en appui à leur option. Pour les besoins d’une lecture croisée nous avons essayé de joindre monsieur Bonogo deux jours après, en vain.

Du côté de l’UNIR/PS, l’on note …

Approché sur la question, un responsable dans le parti a expliqué : « On a appris par voie de presse qu’il y a 102 de nos militants qui ont démissionné pour rejoindre un autre parti. Il y a effectivement deux que nous avons reconnus, comme ayant été nos militants, en la personne de Bonogo Marc et un autre du nom de Fernand A. José Sari. Le premier cité a été président de la FEDES (structure des étudiants du parti) et Sari qui a été dans son bureau (secrétaire à l’information). Ce sont les deux que nous connaissons comme étant les membres du parti qui sont partis », a campé Bachirou Soré, chargé de communication de la coordination nationale de la jeunesse, ancien responsable de la FEDES. Selon M. Soré, les deux noms suscités étaient d’ailleurs ‘’en touche’’ (mis à l’écart du bureau de la structure) du fait d’un certain nombre de comportements dont ils se sont rendus coupables.

« Après l’insurrection populaire, ils se sont rendus, le jour de la rentrée politique du Front progressiste sankariste, chez Eddie Komboïgo pour nettoyer sa cour. Nous nous sommes posé la question sur la motivation réelle d’insurgés qui partent nettoyer le domicile d’un député qui a été à la base de ces événements avec toutes les conséquences qui s’en sont suivies. Tous deux étaient là-bas et quand nous les avons interpellés, ils ont dit qu’ils ont agi pour le compte d’une association qui s’appelle ANC (Alliance des Nouvelles Consciences, ndlr) et non en tant que militants de l’UNIR/PS. Le secrétariat exécutif national a donc demandé une lettre d’explication qui n’a jamais été remise. Après cela, ils sont sortis (sous la bannière associative) pour faire une conférence de presse au cours de laquelle, ils ont indiqué être pour le vote des Burkinabè de l’étranger, juste quelques jours après que le parti ait expliqué que le contexte actuel ne permettait pas à nos compatriotes de l’étranger de prendre part au scrutin ; ils se sont donc désolidarisés de cette position du parti. Ici encore, ils ont été interpellés. Après ce deuxième acte, ils sont sortis une troisième fois pour demander l’inclusion (comme c’était le terme à la mode à l’époque). On a donc estimé que c’était de trop. Le parti a donc mis en place un organe transitoire, faisant office de bureau et les a extraits du bureau. C’était avant juin 2015 », a expliqué le chargé de communication de la coordination nationale de la jeunesse, Bachirou Soré.

Sur le nombre de démissionnaires, M. Soré a indiqué qu’une note signée par un « chef de file des démissionnaires », Marc Bonogo, a effectivement été reçue le 10 août dernier. Mais, relève-t-il, le parti ne connaît pas la liste de la centaine annoncée par les conférenciers. « Cette liste n’a jamais été déposée à notre niveau. Nous avons vu à travers le petit écran, un public assis à la conférence de presse et présenté comme étant des étudiants démissionnaires. Mais les visages ne montraient pas que ce sont des étudiants que nous connaissions. Nous avons la liste des étudiants affiliés au parti mais nous ne connaissons pas ces gens-là comme des nôtres. Maintenant, comme ils les ont présentés comme tels, peut-être qu’ils les ont recrutés après leur départ ou ils ont fait une confusion entre membres de l’ANC et militants de l’UNIR/PS », soutient-il.

Quid des motifs soulevés ?

Bachirou Soré dit éviter toute polémique sur les raisons évoquées contre le parti pour justifier leur démission. Raisons qu’il trouve fallacieuses sur toute la ligne, visant purement et simplement à soutenir leur mouvement vers leur nouvelle destination. Il déplore le « manque de conviction » et la « malhonnêteté » qui se sont exprimés par cette forme de « prostitution politique » qui, ajoute-t-il, ne sont pas de nature à faire honneur à la jeunesse. Quand bien même il dit regretter ce départ « parce que toute séparation humaine laisse un vide », Bachirou Soré a confié que cette démission de Bonogo Marc « est même une source d’espoir » pour les étudiants militants du parti « parce qu’il est le seul de la structure à n’avoir pas pu organiser une seule activité pour le compte des étudiants. Ils pourront maintenant s’organiser pour trouver des responsables aptes à faire concrètement les activités. Tous ceux qui ont géré la fédération ont eu des activités de référence mais lui, pas du tout ; et bien qu’il fait partie des boursiers de l’UNIR/PS en partenariat avec la Fondation Konrad Adenaeur ».

De son avis, il appartient à chacun d’assumer ses actes dans la vie. « Ce que nous savons aussi, c’est que lui-même (Bonogo) avait dit que Eddie Komboïgo lui avait demandé de recenser un certain nombre de jeunes pour financement de leur projet à hauteur de 50 millions. Si c’est pour cela qu’il a décidé de rejoindre le CDP, c’est aussi un choix. Mais je pense que quand on est jeune, il y a des choses sur lesquelles on ne doit pas s’amuser. On ne doit pas vendre sa conviction pour des questions d’argent. Nous pensons que ce n’est pas bien, surtout lorsqu’on est jeune. Leur parti de destination doit aussi s’inquiéter de ce type de militants, prêts à monnayer leur militantisme à tout moment ».

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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