LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Dictatures en Afrique : Des conséquences désastreuses

Publié le mercredi 6 avril 2005 à 07h36min

PARTAGER :                          

Un chef d’Etat élu démocratiquement, démocrate dans l’âme, devrait être serein. Car, il est presqu’assuré d’être à l’abri d’un coup de force. Au contraire, un régime qui opprime, déprime, asservit et fait ployer le peuple sous le joug de la dictature, est constamment à la merci des contestations, des insurrections, des jacqueries, des mutineries, des soulèvements et, dans le pire des cas, d’un putsch. Malheureusement, il ne s’en aperçoit souvent que tardivement, car aveuglé par la folie du pouvoir.

Jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il est contraint de lâcher le fauteuil et ce, parfois, de la façon la plus inélégante qui soit. Et pourtant, sous les mêmes tropiques, les voies démocratiques par lesquelles certains dirigeants africains sont parvenus au pouvoir leur assurent, de façon générale, une gestion quasi tranquille des affaires de l’Etat, et une fin de magistère dans la douceur et la paix.

En somme, un parcours exemplaire et enviable, sans l’ombre d’aucune révolte ou insurrection populaire. D’autres dirigeants africains, en revanche, se sentant couramment comme traqués, voient des ennemis partout et considèrent le danger permanent. A tel point que toute sortie en public, pour ces têtes couronnées, rime avec mise en place d’un dispositif de sécurité toujours sur les dents.

Tout le contraire d’autres Etats, pourtant africains, où il est permis au dirigeant de s’offrir longuement de grands bains de foule, de se promener en toute liberté sans pour autant avoir besoin de sécurité renforcée. C’est que, parfois adulés par les peuples de qui ils ont reçu la légitimité du pouvoir, ces dirigeants n’ont pas le sentiment d’être menacés.

Au Sénégal ou au Bénin, exemples presqu’achevés de la vitalité de la démocratie, on perçoit mal que le chef d’Etat soit l’objet de tentative de déstabilisation par la voie des armes. C’est presqu’évident qu’un tel coup de force sera désapprouvé par le peuple lui-même. Ce qui n’est pas le cas ailleurs où le prononciamento est parfois accueilli favorablement.

Le cas centrafricain est encore frais dans les mémoires. C’est dire que la façon d’accéder au pouvoir ainsi que la gestion qu’on en fait par la suite, sont déterminantes pour s’offrir ces libertés élémentaires et assurer au pays la stabilité. Des libertés quasiment impossibles pour bien des dictateurs africains, tant ils font peser sur leur peuple la chape de l’oppression.

Il vaut mieux démarrer son magistère "démocratiquement" avec des problèmes, que de commencer avec une autocratie aux lendemains troubles et incertains. Si la démocratie a des vertus, procure incontestablement liberté et sécurité aux dirigeants et stabilité pour la nation, cette réalité qui crève les yeux, des dirigeants se refusent encore à la regarder en face. Quelquefois, ils ont pourtant mis en place tout un ensemble de mécanismes pour automatiquement s’auto- proclamer démocrates.

Mais les leviers de la démocratie ont-ils réellement ou suffisamment été activés pour prétendre s’être revêtus des habits de démocrates ? Est-ce possible de parler de démocratie, quand on se montre encore incapable d’organiser des élections crédibles ? Le tableau est rendu encore plus sombre quand l’expression libre du peuple constitue un droit bafoué et quand la loi de l’omerta s’impose dans toute sa rigueur.

Hélas, ce sont là des réalités tristes, propres à certains régimes africains et qui donnent suffisamment la preuve que le chemin d’une Afrique mûre et prospère est encore long. Il ne fait pas de doute que pour certains dirigeants, ramer à contre-courant de l’émancipation de leur peuple reste le maître-mot, le seul but étant de se maintenir coûte que coûte au pouvoir.

Mais c’est oublier que le sort d’une marmite sur la braise, longtemps restée hermétiquement fermée, est de voir le couvercle sauté, ce qui s’accompagne d’éclaboussures qui font mal. Autrement dit, un peuple tourmenté, éprouvé et amer finit par se livrer à toutes les formes d’expression de son mécontentement. Et les coups de force apparaissent bien souvent comme la solution ultime. Des conséquences inutiles dont on aurait pu se passer, s’ évitant ainsi bien des situations dommageables.

Ces dirigeants gagneraient à susciter une adhésion consciente des populations à leur politique. Autrement, celles-ci interpréteraient cela comme des décisions de haute importance, prises sans qu’elles n’aient été associées. d’où l’impérieuse nécessité de mettre un accent sur l’ information et la communication pour que les citoyens se sentent davantage impliqués dans les prises de certaines décisions qui engagent leur destin.

Toujours est-il que trop de situations regrettables auraient pu être évitées si tous les présidents avaient pour souci permanent de marquer positivement leur passage à la tête de l’Etat.

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique