C’est le 11 juillet dernier que le FRONDEG a lancé l’appel à son désormais candidat pour défendre les couleurs du parti en octobre prochain. A en croire le contenu de la déclaration du parti dont copie a été remise aux journalistes. Entre autres arguments qui ont prévalu au « choix unanime » de Misbaou Sow, l’on retient qu’il est un homme de poigne et que, de par son statut d’ancien officier de l’Armée, il est à mesure de se mettre au-dessus des clivages ethniques, régionalistes et culturels. « Jeune et dynamique », les militants du FRONDEG estiment que tous les jeunes et toutes les femmes se reconnaîtront en lui. Selon le FRONDEG, la Guinée n’est pas démunie, mais est désunie ; le pays a tout, mais manque de tout.
C’est fort de cette analyse, et déterminé à donner un vent d’espoir aux Guinéens que le parti de Moussa Baro, le FRONDEG, a porté son choix sur Misbaou Sow.
Sa candidature sonne donc comme un espoir pour mettre fin aux « caprices et à la cupidité des dirigeants de 1958 à ce jour ».
« Suite à cet appel, j’ai décidé de répondre favorablement à cette demande en me portant candidat à ces élections », a campé Misbaou Sow, notant qu’une Guinée émergente n’est possible qu’au prix d’un changement radical dans la gestion des affaires publiques.
Ce qui implique, dit-il, de nouvelles pratiques, une nouvelle vision et surtout un leadership jeune et ambitieux qui doit se traduire par l’accès au pouvoir d’hommes et de femmes intègres, compétents, profondément attachés à l’idéal d’une justice sociale et entièrement dévouée à leur pays. « Des dirigeants exempts de toute implication dans la gestion chaotique de la Guinée depuis des décennies à tous égards. Ces jeunes leaders doivent être issus de toutes les ethnies et de toutes les couches sociales de la Guinée », a étayé le candidat du FRONDEG, convaincu que c’est la voie royale par laquelle doit et va s’opérer la reconstruction et le développement du pays. C’est pourquoi, estime-t-il, il y a urgence à faire appel à une nouvelle façon d’incarner la politique en se détournant de pratiques surannées. En clair, il s’agit désormais d’exercer le pouvoir autrement, et, par conséquent, d’opter pour de nouvelles mœurs, propices à la réorganisation profonde de la vie politique.
C’est, visiblement, dans cette dynamique que s’inscrivent le FRONDEG et son candidat. « Notre détermination est totale pour qu’il en soit ainsi. Il s’agit-là d’un grand défi que nous allons relever, si nous voulons transmettre aux générations futures une Guinée unie, laïque, républicaine et démocratique. Une Guinée meilleure que celle que les générations précédentes nous ont léguée. C’est cela le sens du devoir de génération, pas de génération d’âge, mais de génération de leadership. C’est seulement à ce prix que nos enfants cesseront d’aller misérablement mourir dans les océans, à la recherche de meilleures conditions de vie à l’étranger », dévoile l’ancien officier supérieur de l’Armée guinéenne.

Le contrat social avec les Guinéens et la Guinée

En se réclamant Guinéen de la « région de la Guinée », c’est-à-dire sans considération ethnique, le candidat du FRONDEG a déploré la mise à rude épreuve de la cohésion sociale du fait de la manipulation des populations par les hommes politiques dans le seul but d’accéder au pouvoir. Sa candidature se veut donc un socle pour réconcilier l’ensemble des populations guinéennes. C’est pourquoi il prévoit placer son mandat sous le signe de l’unité nationale.
Misbaou Sow se fixe pour actions prioritaires, une fois élu, de « bâtir un Etat fort et juste », « susciter la mutation des mœurs et pratiques de gestion par l’avènement de la bonne gouvernance dans les affaires publiques », « instaurer une véritable culture démocratique en impliquant les citoyens dans les processus de prise de décision ». Toujours au titre des priorités, M. Sow escompte « éradiquer la corruption qui contribue à désintégrer toutes les valeurs morales et, par conséquent, les bases de l’économie nationale », « combattre les inégalités flagrantes en instaurant l’égalité d’accès à l’éducation, à la justice, à la santé et à l’eau potable pour tous les citoyens ».

De grandes réformes à opérer !

Pour y parvenir, le candidat du FRONDEG veut s’appuyer sur cinq axes majeurs de reformes qu’il compte entreprendre. Il s’agit de la mise en place d’un Fonds spécial d’indemnisation de toutes les victimes de la tragédie du 28 septembre 2009, de l’aménagement du territoire (construction d’une nouvelle capitale économique, de routes reliant la Guinée aux grandes capitales de la sous-région, d’un aéroport à gros porteurs à Boffa, d’un port ultra moderne à Benti, etc.). Le troisième axe de réforme est celui de l’intégration de la Guinée à l’UEMOA afin de doter le pays d’une économie saine et compétitive avec en sus, l’adoption du FCA comme monnaie. Toute chose qui, selon lui, va faciliter la libre circulation des Guinéens dans l’espace UEMOA et permettre à la Guinée de bénéficier de l’expertise des programmes de développement sectoriel mis en œuvre par l’union communautaire. Un autre axe dévoilé par le candidat est celui relatif au « développement industriel » avec un Code de délocalisation industriel en Guinée (CDIG). A l’en croire, ce sera une première en Afrique qui fera de la Guinée la première usine de production d’Afrique. « Ce dispositif permettra de créer des emplois pour la jeunesse guinéenne et positionner le pays sur une voie d’émergence réelle », illustre t-il. Le cinquième axe, c’est le « soutien aux groupements et associations » pour soulager les structures de femmes, de jeunes commerçants, de handicapés moteurs.
Outre cela, Misbaou Sow promet travailler à favoriser l’émergence d’une société civile forte en Guinée car, se convainc t-il, sans une société civile forte, capable d’être exigeante vis-à-vis des dirigeants, de s’opposer aux mauvaises pratiques, les hommes politiques continueront de gérer le pays comme un patrimoine familial.
C’est fort de ce diagnostic de la situation du pays et conscient des défis à relever que le FRONDEG et son candidat partent à l’assaut de la présidentielle guinéenne et appellent à une mobilisation générale des Guinéens « pour remettre le pays sur les rails du développement et de la bonne gouvernance dans l’intérêt de toutes les populations guinéennes ».

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

Zoom sur Misbaou Sow :

Parti de la Guinée il y a maintenant sept ans, Misbaou Sow est actuellement propriétaire d’une entreprise de confection de véhicules aux USA (qu’il compte, dit-il, délocaliser en Guinée pour le montage).
Ancien officier supérieur de l’Armée guinéenne (commando parachutiste), Misbaou Sow fut plusieurs fois accusé, à tort ou à raison, de tentatives de renversement du régime de feu le Général Lansana Conté.
Engagé dans l’Armée en 1990 à la faveur d’une mesure de rajeunissement, M. Sow est accusé et arrêté le 27 mars 1996 suite aux événements des 2 et 3 février 1996 lors de la révolte des militaires revendiquant une amélioration de leurs conditions de vie. Il a été acquitté par la Cour de sûreté de l’Etat mais libéré de l’Armée avec le grade de commandant. Malgré cette libération, il est resté dans le collimateur des responsables politiques de l’époque qui le soupçonnaient d’être un agitateur.
Le 12 février 2003, il est arrêté pour des raisons restées jusque-là opaques.
De transferts en transferts dans les prisons du pays, et sentant sa vie menacée, il réussit à s’évader avec le soutien de certains de ses hommes restés fidèles.
Commence alors une nouvelle vie d’exilé politique. Il se retrouve tour à tour au Sénégal, au Mali, au Burkina et aux Etats-Unis où le statut d’exilé politique lui a été accordé.
Aux USA, il s’inscrit à l’Université du Michigan grâce à une bourse du gouvernement américain et d’où il ressort avec un bachelor en sciences et relations internationales.
Pendant sa formation, il a effectué plusieurs stages de haut niveau dans des cabinets de maires, sénateurs et gouverneurs.
Né en 1966 à Dalaba, Misbaou Sow vit entre les USA, le Burkina Faso et la Guinée, et se réclame simplement fils de toutes les zones de la Guinée.

Source : Documents de presse