Le Chef de Bureau de la Brigade mobile de douane Hermann Zoungrana que nous avons rencontré n’a pas voulu nous donner sa version des faits pour raisons de "devoir de réserve" et de "respect de la hiérarchie". Au moment où nous l’abordions à la devanture des bureaux saccagés, il déménageait ce qui lui restait de matériel de travail pour aller le réinstaller ailleurs. Aimablement, il nous a renvoyé à la Direction régionale des Douanes de Bobo pour toute information.

Le Procureur du Faso, Maurice Nikiéma, attend lui aussi l’issue des enquêtes, astreint qu’il est au devoir de réserve.

Que s’est-t-il passé en réalité ?

Comment un douanier inspectant un véhicule chargé peut-il subitement dégainer et faire feu sans sommation sur un passager au sol en train de se soulager près des buissons ? Cela d’emblée ne s’explique pas, même si le passager tentait de fuir pour échapper à un délit de fraude du reste non encore avéré sur sa personne. Ce sont là quelques questions incontournables que bien des personnes se posent encore.

D’après certaines sources il s’agirait d’un incident dans la plus simple vision. Il semblerait que l’arme du douanier aurait accroché un rebord du camion au moment où il en redescendait. La balle serait ainsi partie du pistolet du sieur Hamidou Ouédraogo, atteignant Traoré Drissa la victime, petit commerçant de son état.

Il reste que bien d’autres occupants du véhicule auraient pris leurs jambes au cou, à travers les broussailles au moment de la fouille.

Le camion en question était attendu par les douaniers, car ayant été répéré et signalé à l’avance comme contenant des marchandises frauduleuses convoyées vers le marché hebdomadaire de Sidéradougou, localité située à une soixantaine de kilomètres de Banfora.

Selon un témoin qui a requis l’anonymat, aussitôt après l’incident, les passagers ont embarqué en sens inverse vers Banfora à bord de 3 camions. Une fois à destination, excités, ils auraient fait le détour par les bureaux des sapeurs pompiers pour demander à ces derniers de "s’apprêter à aller éteindre du feu".

Ainsi, au bout de leur détermination est survenu l’incendie des Bureaux de la douane et d’un certain nombre de véhicules.

En pareilles circonstances, il s’en mêle de véritables délinquants, et ce sont ces derniers qui auraient pris d’assaut le logement de Pierre Bationo, un douanier du reste absent pour raison de permission, nous a dit le lieutenant de gendarmerie Boukaré Zoungrana, commandant de compagnie. Les assaillants ont juste eu le temps de saccager la bicoque du pauvre gardien et de casser tout le matériel au salon avant que ne débouchent les forces de l’ordre pour disperser la foule. Ceux-ci comportaient des enfants, des femmes, des commerçants descendus du marché central de Banfora pour la circonstance.

A l’heure actuelle, le calme est revenue à Banfora. Mais la plupart des personnes rencontrées refusent de témoigner, de donner leur version des faits, même les premiers responsables de la localité.

Jean-Luc BONKIAN
Frédéric OUEDRAOGO

Les autorités de la Comoé rendent visite au blessé à l’hôpital Souro Sanou

Hospitalisé au Centre hospitalier national Souro Sanou de Bobo-Dioulasso, Drissa Traoré, celui-là même qui a été atteint par la balle tirée par un douanier lors de l’incident du 2 décembre dernier sur l’axe Banfora-Sidéradougou a reçu hier 4 décembre la visite d’une délégation venue de Banfora. La délégation, forte de 5 membres, était conduite par le haut-commissaire de la Comoé, Jean Bassono accompagné du maire de Banfora, Yacouba K. Sagnon d’un agent de la Sûreté, d’un notable et du représentant du médecin chef du district de Banfora. Elle a pu voir le blessé à qui elle a souhaité un prompt rétablissement.

Alité au service de chirurgie où il reçoit des soins intensifs, Drissa Traoré porte un bandeau autour du cou et parle d’une voix assez faible. La balle qui l’a atteint au niveau du cou a pu être extraite et de l’avis du directeur général de l’hôpital, son état de santé évoluerait positivement. Seulement, le premier responsable du centre hospitalier national Souro Sanou a demandé d’attendre quelques jours, le temps qu’il aille un peu mieux avant de pouvoir échanger avec lui. De même qu’il ne nous a pas autorisé à faire des photos.

U.K.
Sidwaya