LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

IXe Sommet ordinaire de l’UEMOA : L’Etat de la famille déroute

Publié le vendredi 1er avril 2005 à 07h53min

PARTAGER :                          

La conférence ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine s’est réunie le 30 mars 2005 à Niamey.

Le président du Faso, Blaise Compaoré a pris part à cette rencontre-bilan de l’année 2004 aux côtés de ses pairs du Bénin, de la Guinée-Bissau, du Mali, du Niger, du Sénégal, ainsi que du Premier ministre du Togo et du ministre d’Etat, ministre de l’Intégration et de l’Union africaine de Côte d’Ivoire.

Le président Mamadou Tandja du Niger va exercer un troisième mandat à la tête de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA. Ainsi en ont décidé ses pairs à Niamey à l’issue de leur rencontre ordinaire. Le deuxième mandat du président Tandja examiné par la conférence révèle des points de satisfaction, mais aussi des difficultés.

La monnaie commune, une référence

"Notre monnaie commune constitue aujourd’hui une référence grâce notamment à la politique efficace et efficiente mise en œuvre", a souligné d’entrée de jeu le président en exercice de l’Union. Le rapport annuel de la Commission de l’UEMOA fait ressortir un taux de couverture de l’émission monétaire de 117,2% à la fin de 2004. Et ce, en dépit des chocs exogènes que sont le renchérissement du cours du pétrole, la baisse des cours de certaines matières premières tels le coton, le café, la fluctuation due à la baisse du dollar... A cela, se sont ajoutés des facteurs comme les conditions climatiques défavorables, l’invasion acridienne dans les Etats sahéliens, les tensions socio-politiques en Côte d’Ivoire, en Guinée Bissau, M. Charles Konan Banny, gouverneur de la BCEAO (la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) estime que "la conjoncture économique des Etats membres est marquée par des performances plutôt mitigées." Le rapport annuel de la Commission indique un taux de croissance de 3,3% en 2004, un taux d’inflation de 0,6%, un taux de croissance de la population de l’ordre 3%. Ce qui est bon, mais insuffisant, car en-deçà, de l’objectif de 7% de taux de croissance escompté pour espérer réduire de manière sensible, la pauvreté dans l’espace UEMOA.

"L’intégration n’est effective que si les personnes et les produits circulent sans entraves majeures sur toute l’étendue de notre espace commun", a constaté le président de la Conférence des chefs d’Etat. Il a fait observer le démarrage effectif des travaux de construction des postes de contrôle juxtaposés aux différentes frontières, à Cinkansé pour ce qui concerne le Burkina Faso et le Togo. L’objectif est de réduire les faux frais sur les routes. De plus, la Commission a soumis à l’approbation des chefs d’Etat, une "démarche" visant à sécuriser les biens et les personnes dans l’espace commun. La conférence, tout en saluant l’initiative, a demandé à la Commission d’approfondir la réflexion par une démarche plus participative. "La libre circulation des produits n’est réelle que si elle s’accompagne de la libre circulation des personnes", affirme le président nigérien qui ajoute : "Le plus important, l’indispensable étant l’implication véritable des populations afin que l’intégration soit celle des peuples et non seulement des structures et des rencontres entre dirigeants".

Un programme économique régional

"Dans les domaines prioritaires d’infrastructures routières et de production, je voudrais saluer l’adoption, en 2004, d’un Programme économique régional...", a rappelé le chef de l’Etat nigérien. Le diagnostic en matière d’infrastructures est que l’Union est faiblement dotée. Elle accuse un retard important par rapport à la plupart des régions du monde, en termes de quantité, de qualité, coût et égalité des populations aux infrastructures et services sociaux de base. Il en résulte une faible compétitivité des économies, une imparfaite intégration des marchés, une faible croissance économique, obstacle majeur à la réduction de la pauvreté.

L’UEMOA, la BCEAO, la BOAD ont conjointement élaboré un programme économique régional. Son coût global est de 851,6 milliards de F CFA. Pour son financement, les institutions de la communauté comptent sur les ressources internes de l’Union, c’est à dire les budgets des Etats membres, les institutions communautaires, le marché financier régional, les banques et le secteur privé. Les financements extérieurs devant venir en appoint. Le président Tandja affirme à ce propos, "la réalisation effective de ce Programme exige d’importants moyens financiers. Tout en saluant le travail remarquable abattu par la BOAD dans la mobilisation des financements extérieurs, il me semble nécessaire que soient engagées des réflexions sur les mécanismes de financement par des ressources internes, si tant est que notre système financier et monétaire regorge de liquidités et que la gestion rigoureuse de la monnaie nous permet d’avoir des réserves importantes."

Les réflexions sur les réformes à apporter à la banque centrale ont été ajournées par la Conférence des chefs d’Etat. Un Sommet extraordinaire prévu pour juin 2005 devrait statuer là-dessus.


La solidarité dans l’Union

Le Traité de l’UEMOA a, en son article 58, institué un système transitoire de compensation des moins-values de recettes douanières subies par certains Etats membres du fait de la mise en place de l’Union douanière entrée en vigueur en 2000. Le prélèvement communautaire de solidarité (PCS) a été instauré et une régie tarifaire préférentielle transitoire des échanges au sein de l’UEMOA et son mode de financement adopté.

Au cours de l’année 2004, l’Union a versé aux Etats membres, un montant compensatoire global de 24 797 011 654 F CFA relatif à des déclarations en douane de l’année 2004 et des années antérieures. La répartition de ce fonds s’est effectué comme suit :

Bénin : 2 057 236 715

Burkina Faso : 5 651 394 669

Côte d’Ivoire : 472 129 880

Guinée-Bissau : 125 710 454

Mali : 5 709 932 089

Niger : 5 266 992 089

Sénégal : 2 958 487 745

Togo : 2 555 107 760

Source : Rapport annuel de la Commission sur le fonctionnement et l’évolution de l’Union.


Vu et entendu à Niamey

- Ce n’était pas la grande mobilisation des populations à Niamey pour l’accueil des chefs d’Etat. Et ce, en dépit du fait que le collectif contre la vie chère ait décidé de ne pas boycotter la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA.

- Le palais des congrès de Niamey a accueilli l’ouverture et les travaux des chefs d’Etat. Cette immense bâtisse qui a fait la gloire de Niamey dans les années 80 semble être dépassée de par sa fonctionnalité, par les événements. On sent à l’intérieur, les odeurs de moisisure. Certains locaux, comme la salle de presse sont devenus exigues.

- "Doyen des chefs d’Etat du continent, le président Gnassingbé Eyadéma, de par son expérience et son pragmatisme laisse assurément un grand vide que nous mettrons du temps à combler" Plus loin : "le défunt président était, nous le reconnaissons tous, un fervent défenseur de la cause de l’intégration régionale et de l’unité africaine. Il était aussi un grand partisan de la paix, de la solidarité et de la stabilité sur notre continent". C’est en ces termes que le président Mamadou Tandja a rendu hommage à feu Gnassingbé Eyadéma. On ne tire pas sur le pianiste.

- Le président Mathieu Kérékou du Bénin a mis à profit le Sommet de Niamey pour dire adieu à ses pairs. Son dernier mandat arrive à échéance en 2006. De plus, il est atteint par la limite d’âge. Les joutes électorales qui commencent dans six (6) mois vont préoccuper Mathieu Kérékou. Des voix dans les coulisses du Sommet laissent entendre que Yayi Boni, président de la BOAD est sur les starking-blocks pour les présidentielles béninoises de 2006.

- L’année 2005 va consacrer la mise en place du Fonds régional de développement agricole (FRDA). Ce dispositif vise la mobilisation et l’orientation des investissements dans le secteur agricole pour assurer la sécurité alimentaire.

TPD.

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique