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4e rapport ITIE : Le contenu livré aux populations de Yalgo

Publié le mercredi 24 juin 2015 à 03h16min

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4e rapport ITIE : Le contenu livré aux populations de Yalgo

L’équipe de dissémination du 4e rapport ITIE a repris son bâton de pèlerin. Deux mois après la première étape qui l’a conduite successivement dans les régions du Sud-Ouest, des Cascades,de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Ouest et du Centre-Sud. Cette fois-ci, elle se rendra respectivement dans les régions du Centre-Nord, du Sahel et du Nord. Le 22 juin 2015, elle était à Yalgo, commune abritant la société minière de Taparko (SOMITA). Là, une quarantaine de personnes représentant des organisations de la société civile, des services municipaux, des services techniques déconcentrés de l’Etat et de la mine de Taparko ont répondu présents à cette rencontre.

C’est la salle de conférence de la mairie de Yalgo qui a abrité la rencontre de dissémination du rapport 2012 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Contrairement aux autres étapes, le contenu du document n’a pas été présenté par le chargé du rapport, Dr Sidiki Guiré. C’est plutôt l’un des représentants de la société civile membre du comité de pilotage de l’ITIE qui s’est prêté à l’exercice, Baba Traoré. Mais avant, les participants à la rencontre ont eu droit à une communication sur la coalition mondiale « Publiez ce que vous payez » (PCQVP). Cette coalition se veut être l’ancêtre de l’ITIE. « La coalition PCQVP a pour but de promouvoir une gestion transparente des revenus miniers au Burkina Faso », a précisé Françoise Piouparé, membre de l’équipe de dissémination du rapport ITIE, au titre de la société civile.Cette coalition a des tentacules dans tous les continents. Dans sa présentation, elle est donc partie de cette coalition pour déboucher sur la création de l’ITIE, son fonctionnement, ses missions, ses attributions, les parties prenantes, la production du rapport annuel et ses implications et contraintes…

Présentant le contenu du 4e rapport ITIE, Baba Traoré précisera que 26 sociétés ont été prises en compte dans la conciliation de l’administrateur indépendant chargé de l’élaboration du rapport. Le seuil de matérialité ayant été fixé à 200 millions de francs CFA. Au cours de la même année, 256 autres sociétés ont payé chacune moins de 200 millions.

SOMITA a payé environ 19 milliards en 2012

L’ensemble des sociétés minières ont payé, en termes de taxes, impôts et autres contributions d’ordre social, la somme de 190 757 766 392 de francs CFA en 2012. La commune de Yalgo dans la région du Centre-Nord est impactée par les travaux de la mine de Taparko. Cette société minière du groupe Nord Gold a déclaré avoir payé 19 087 979 479 F CFA à l’Etat burkinabè. Les services étatiques déclarent avoir reçu 19 196 100 735 F CFA, soit un écart de 108 121 256 FCFA. Le total des écarts étant de 222 068 214 FCFA.
En termes de revenus perçus par les mairies, la région du Centre-Nord a perçu 38 653 000f CFA. Actuellement, environ 80 emplois occasionnels sont répartis entre les fils de la localité, a laissé entendre Nestor Boulou, Chargé des relations avec les communautés de SOMITA.
Les questions des participants ont porté sur le respect des cahiers de charges, les différences dans les déclarations de paiements de l’Etat et des sociétés minières, les emplois et les modes de recrutement, le Plan de gestion environnementale et sociale (PGES) et sa mise en œuvre…
Après Yalgo, l’équipe de l’ITIE a mis le cap sur la région du Sahel. Ils étaient à Gorom-Gorom le lendemain 23 juin.

Moussa Diallo
Lefaso.net

Propos de quelques participants

Ado Korga, membre de l’association Tégawendé : « Je vais échanger avec les autres associations pour voir comment on peut faire changer les choses »

Je suis très content de la tenue de cette rencontre. Ça fait dix ans aujourd’hui que la société minière de Taparko est là, mais on ne peut pas dire ce qu’elle a fait pour les populations. Il n’y a pas d’échanges entre la société et les communautés riveraines.
A Bissa Gold par exemple, le recrutement se fait au niveau de la mairie. Ici, on apprend du jour au lendemain qu’un tel a été recruté à SOMITA.
Au sortir de cette rencontre, je vais échanger avec les responsables des autres associations de la province pour voir comment on peut faire changer les choses.

Romaric Yaméogo, proviseur du lycée départemental de Yalgo : « c’est la communication avec les communautés riveraines qui manque »

Cette rencontre permet aux populations de se rapprocher un peu plus de nos industries extractives parce que beaucoup de choses se disent, mais on n’a pas l’information juste. Ce qui fait qu’il y a des extrapolations qui conduisent souvent à des bagarres et même à des grèves. Ce qui n’est pas bon ni pour la commune, ni pour les sociétés minières parce que non seulement la société perd mais la population aussi perd parce qu’il y a des retards. A l’issue de cette rencontre, il y a eu des informations qui permettent d’être beaucoup plus averti pour pouvoir poser un certain nombre d’actions et d’avancer ensemble.
Sur SOMITA, beaucoup de choses ont été dites, comme quoi, elle ne vient pas en aide aux populations. Au niveau des écoles, on se dit qu’elle peut encore nous aider davantage. Aussi, la communication de SOMITA, ce n’est pas pour le commun des mortels. Elle est orientée vers un certain nombre de personnes qui, souvent, ne répercutent pas à la base. Je propose qu’elle communique un peu plus avec la population locale. Je pense que c’est cette communication avec les communautés riveraines qui manque. Pourtant, si elle est améliorée, ça pourra éviter beaucoup de choses.

Frank Toé, directeur financier de SOMITA : « Beaucoup de choses se disent sur nous, c’est vrai… »

Cette rencontre initiée par l’ITIE permet de vulgariser ce que les sociétés minières font dans les différentes localités où elles sont installées, mais aussi au niveau national. Les contributions que les sociétés versent, ce n’est pas seulement au niveau des régions, mais beaucoup de choses se font au niveau national également. Donc, nous ne pouvons qu’accueillir favorablement cette initiative de l’ITIE qui a consisté à publier le rapport de 2012 et de le présenter aux populations.
Le deuxième point que nous voulons souligner, c’est le fait que cela favorise la communication avec les communautés locales parce qu’un des problèmes qui se posent au niveau du secteur minier au Burkina, c’est que ce que les sociétés minières font n’est pas suffisamment porté à l’attention des populations. Donc, c’est une raison supplémentaire pour les sociétés minières d’accueillir favorablement cette initiative au niveau de l’ITIE.
Beaucoup de choses se disent sur nous, c’est vrai. Nous mettons cela sur le compte de l’attente que les communautés et la nation entière même portent aux mines. Une activité devenue la principale source de revenus au niveau de l’Etat attire forcément des convoitises. Donc, c’est normal, que ce soit au niveau des populations ou que ce soit au niveau de l’Etat ou de la société civile, qu’il y ait beaucoup de discussions au niveau des sociétés minières.
Nous sommes conscients que les discussions et les différentes attentes au niveau du secteur minier vont continuer. Nous essayons de communiquer plus pour porter à l’attention des populations ce que nous faisons et ce que nous versons comme contribution au niveau de l’Etat.

Propos recueillis par Moussa Diallo
Lefaso.net

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