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Renouveau démocratique de l’Afrique : il faut faire évoluer les instruments juridiques nationaux et régionaux

Publié le dimanche 31 mai 2015 à 23h30min

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Renouveau démocratique de l’Afrique : il faut faire évoluer les instruments juridiques nationaux et régionaux

Le colloque international organisé par l’Institut Général Tiémoko Marc Garango pour la gouvernance et le développement (IGD) sur l’Etat de droit, la démocratie et les changements anticonstitutionnels de gouvernements, a refermé ses portes le vendredi 29 mai 2015 à Ouagadougou. A l’occasion, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida a indiqué qu’il « convient désormais de plaider pour une adaptation des instruments juridiques africains ».

Après deux jours de « réflexions riches et profondes », les participants à ce colloque international ont, selon Premier ministre burkinabè, abouti à des « conclusions pertinentes ». Fait partie de ces conclusions, « l’insuffisante conceptualisation de la notion de changement anticonstitutionnel ». Cette insuffisance tient, de l’avis de Yacouba Isaac Zida, au manque de « constitutionnalisme authentique ».
Et pour rectifier le tir, le PM Zida préconise la prise en compte des aspirations démocratiques des peuples. En effet, précise le chef du gouvernement burkinabè, « il convient désormais de plaider pour une adaptation des instruments juridiques africains en vue de prendre en compte le droit pour les peuples africains de se défaire des régimes constitutionnels qui trahissent l’esprit du constitutionnalisme en manipulant les institutions pour se perpétuer au pouvoir ».
A en croire M. Zida, le peuple burkinabè est dans cette dynamique d’adaptation à la faveur de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. « Tenant, dira-t-il, le constitutionnalisme comme valeur suprême, le peuple burkinabè s’est évertué à préserver la Constitution en la complétant par une Charte constitutionnelle visant à combler les dispositions constitutionnelles rendues inapplicables par l’insurrection ».

Manipulations de Constitutions, même chose que…

Cette exigence visant à faire évoluer les instruments juridiques africains a, en effet, été émise par les participants à la ‘’grand’messe’’ internationale de Ouagadougou, au titre de recommandations. De la liste de ces recommandations - énumérées en une dizaine - , il ressort entre autres, que le principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels doit être vraiment consacré au plan africain, que les manipulations de Constitutions pour se maintenir au pouvoir doivent être considérés comme des changements anticonstitutionnels de gouvernement et sanctionnés comme tels.
Ces recommandations, Yacouba Isaac Zida dit être « convaincu » qu’elles « peuvent contribuer à une prise de conscience des décideurs politiques africains de la nécessité de mettre en œuvre de véritables mécanismes de promotion de la démocratie et de la culture citoyenne ».

Vulgarisation et plaidoyer pour la suite

Le suivi de leur mise en œuvre, le Pr Augustin Loada annonce qu’il sera assuré conjointement par l’IGD et le réseau de chercheurs venus de divers pays pour animer le colloque. Il s’agira, précise-t-il, « de faire en sorte que nous puissions vulgariser au maximum ces recommandations et plaider auprès des instances panafricaines, notamment la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, ndlr) et l’Union africaine, pour qu’elles prennent en compte la nécessité de faire évoluer les instruments juridiques régionaux dans le sens des aspirations démocratiques des peuples ».
La mise en œuvre desdites recommandations, de l’avis du Pr Martin Bléou (celui-là même qui a présenté la synthèse des travaux du colloque), est, à tout le moins, « un idéal vers lequel il faut tendre ». Et d’ajouter, « il faut y croire et se mettre en chemin de le réaliser ».
Déjà, et à en croire le Premier ministre Yacouba Isaac Zida, « le gouvernement du Burkina Faso attache une importance particulière » à ces recommandations. Des recommandations qui, selon lui, « permettront aux institutions de la transition de proposer à notre peuple des options de réformes idoines, à même de répondre à ses aspirations à une meilleure gouvernance démocratique. »
Ces recommandations sont issues, confie un des participants au colloque, Marcel Marie Anselme Lalsaga, chercheur et journaliste, d’une « ambiance de communication où tout le monde avait droit à la parole pour exprimer son point de vue », évidemment dans le sens d’offrir à l’Afrique, les solutions à ses maux politiques notamment. Le renouveau démocratique de l’Afrique peut bien partir des actes de ce colloque international de Ouagadougou qui a réuni la crème des experts constitutionnalistes africains et panafricanistes, deux jours durant.

Fulbert Paré
Lefaso.net

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