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Elections en Afrique : Un mouvement démocratique irréversible

Publié le mardi 29 mars 2005 à 08h20min

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Le continent africain vit, depuis le début de l’année, au rythme de scrutins électoraux. Le cycle de renouvellement de la classe dirigeante se déroule donc, à une allure que l’on pourrait juger satisfaisante, au regard du nombre d’élections.

Après l’Afrique australe, l’attention va se focaliser sur la partie occidentale du continent, où trois élections présidentielles sont à l’agenda du Togo, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso.

En Namibie et au Mozambique, les processus électoraux se sont déroulés dans des conditions irréprochables, en dépit de la jeunesse de ces Etats. Le Mozambique a connu une terrible guerre civile et la Namibie sort à peine du joug de la colonisation.

Ces épreuves et cette accession tardive aux vertus de la démocratisation ne les empêchent cependant pas de tenir des élections consensuelles. Ce qui n’est pas le cas de l’Afrique occidentale francophone qui, après plus de 40 ans d’indépendance, tâtonne toujours dans l’organisation des élections. Si ce ne sont pas les ressources financières qui manquent, ce sont les fraudes qui viennent anéantir les espoirs d’un choix libre des citoyens.

Sur une dizaine de pays, seuls trois (Bénin, Mali, Sénégal) sont fréquemment cités comme des exemples de bonne gouvernance, où les acquis démocratiques ne sont pas monnayables. L’année électorale en Côte d’Ivoire, au Togo et au Burkina sera certainement déterminante pour l’avenir. Si l’incertitude plane sur le cas ivoirien, le doute n’est pas permis au niveau des deux autres pays.

Le Togo pourrait amorcer une nouvelle ère socio-politique, à condition que les acteurs politiques mettent l’intérêt national avant leurs calculs égoïstes. La présidentielle burkinabè pourrait connaître, quant à elle, une plus grande légitimité, avec la participation annoncée de plusieurs candidats. Les deux précédents scrutins ont perdu leur saveur du fait du boycott de l’opposition.

Dans tous les cas, on note une effervescence électorale qui tranche avec les bruits de bottes jadis entendus dans la sous-région. C’est un bon signe que les urnes remplacent, même lentement, les armes dans les processus de transition. La culture de la violence politique ayant fait les dégâts que l’on sait, il appartient donc au personnel politique d’engager un nouveau contrat avec le peuple, à travers des institutions crédibles et des élections honnêtes. C’est le point de départ à toute action de développement.

Mais faut-il organiser des élections juste pour meubler le calendrier démocratique ou pour satisfaire les bailleurs de fonds ? Les dirigeants africains devraient se mettre dans la tête que le temps des parodies d’élections est révolu. Les peuples ne sont plus prêts à avaler tout ce qu’on veut bien leur servir. Le cas togolais, récemment, interpelle à bien des égards toute l’Afrique. A la révolte du peuple, après l’imposture de Faure Gnassingbé, s’est associée la contestation venue d’Afrique et du reste du monde.

L’Union africaine, après des tentatives avortées de dénonciation des coups de force à Madagascar et en Centrafrique, a enfin pu se faire entendre. C’est peut-être le début d’une nouvelle ère, où non seulement les prises du pouvoir par la force seront bannies, mais aussi où les scrutins au rabais ne seront pas tolérés. Il ne suffit donc plus d’assurer la régularité des élections pour s’affubler du titre de démocrate. Encore faut-il qu’elles soient justes et honnêtes. La barre des exigences démocratiques est de plus en plus placée haut.

Le monde qui nous entoure est en ébullition et aucun peuple n’accepte de vivre sous le diktat de dirigeants corrompus. Les populations vivent en direct les révolutions qui balaient les derniers vestiges des régimes post-soviétiques, des Balkans au Caucase. Peuvent-elles rester insensibles à un tel rouleau compresseur ? L’Afrique suit donc le mouvement. Peut-être plus lentement. Mais l’espoir est permis.

Le Pays

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