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COTE D’IVOIRE : Adama Dahico "candidat" à l’élection présidentielle

Publié le jeudi 4 décembre 2003 à 11h15min

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Malgré les contradictions politico-militaires que traverse son pays depuis le 19 septembre 2002, l’humoriste ivoirien Adama
Dahico n’a pas perdu de son mordant. Du 27 novembre au 1er
décembre dernier, il était à Bamako pour célébrer la 1ère édition
des trophées de la musique, mises en jeu par la maison de
production Seydoni Mali, au profit des musiciens du Mali,
d’Afrique et des Caraïbes.

Au détour d’une prestation, le maestro
du désormais mythique groupe du Doromikan distille non sans
humour ses vérités sur la crise ivoirienne ainsi que les raisons
qui l’amènent à "briguer" en 2005 la magistrature suprême
comme Futur président ivoirien (F.P.I).

Le Pays : Dans son nouvel album, Adama Dahico se présente
beaucoup plus sous le jour de chanteur que d’humoriste. Son
premier métier aurait-il atteint sa limite dans une Côte d’Ivoire
plongée depuis plus de 15 mois dans une crise sans
précédent ?

Adama Dahico : Effectivement, dans notre formation de
comédien, on nous a enseigné que parler, c’est aussi chanter.
Cela suppose qu’on dise des choses qui soient justes avec les
notes, avec la musique. C’est pourquoi, j’ai décidé de montrer
une autre facette de mon petit talent, c’est-à-dire chantonner
dans mon style pour que mon message puisse passer dans de
meilleures conditions.

Dans mes précédents albums, il y a eu
de la musique, mais je ne suis pas allé jusqu’à un certain
niveau. Avec mon nouvel album, je veux donner un autre cachet
à ma carrière.

Doit-on voir là, un revirement de l’humour au profit de la
chanson ?

Ce n’est pas un revirement. Je suis comédien de formation et la
musique n’est pas étrangère. Quand nous disons des poèmes,
quand nous faisons des pièces de théâtre, elles sont toujours
accompagnées par des illustrations musicales. Et si aujourd’hui
je me permets de mettre la musique en tant que telle, c’est juste
pour respecter une tradition, sinon ce n’est pas nouveau.

Les
musiciens ont toujours besoin des comédiens pour faire leurs
clips, pourquoi les comédiens ne se permettraient pas
également de chanter ? Ça s’apprend et il faut qu’on nous
encourage parce que nous avons beaucoup à dire à travers des
textes.

Ton nouvel album est très "Salsa". Pourquoi tu as préféré ce
genre musical ?

J’ai fait le reggae dans le précédent album intitulé "les
baramogo", c’est-à-dire les jeunes du ghetto comme on dit le
reggae étant une musique de combat. En plus nous avons fait
une musique d’ambiance pour satisfaire les usagers des
maquis et ceux qui aiment les fêtes.

Cette fois-ci, nous avons
pensé à un autre public que les gens ignorent, c’est-à-dire les
personnes du troisième âge. Avec les nostalgiques du passé
que j’appelle les doyens, j’ai signé un contrat. C’est ainsi que j’ai
choisi la Salsa qui est aussi une musique de toutes les
générations.

Il y a quelques jours, Adama Dahico était à Ouagadougou pour
le Festival des arts dans la rue (FAR), aujourd’hui il est aux
Tamani. Qu’est-ce qui fait te courir tant ?

Vous ne le savez peut-être pas. Mais je serai candidat aux
futures élections présidentielles prévues pour 2005 en Côte
d’Ivoire. J’ai le soutien de toute la Côte d’Ivoire. Et l’un de mes
secrets est de plaider pour le vote des enfants. L’âge minimal
pour voter étant de 18 ans, je vais faire en sorte qu’un enfant de
8 ans et celui de 10 ans s’associent pour voter. De la même
façon, deux enfants de 9 ans peuvent s’associer pour voter
Adama Dahico. Ce sont là des astuces qui me permettront de
damer le pion à tous les autres candidats.

Ensuite, je veux briguer le mandat de président des Etats-Unis
d’Afrique. Toute chose que je ne peux réussir qu’avec la
bénédiction de tous les Etats. C’est pourquoi j’ai parcouru les
capitales comme Conakry en Guinée, Yaoundé au Cameroun,
Ouagadougou au Burkina Faso. Je suis venu à Bamako pour
dire à la population malienne que j’ai besoin de son onction
parce que mon combat est africain, ne se limite plus dans le
cadre étriqué des frontières ivoiriennes.

Ce n’est pas peut-être
par hasard que le président ivoirien est allé au Burkina deux
jours après moi et à Bamako en même temps que moi. A
l’heure actuelle on parle de réconciliation nationale en Côte
d’Ivoire. Laurent Gbagbo veut régler les problèmes politiques,
mais moi, ce sont les problèmes culturels qui m’intéressent
(rires).

Plus sérieusement, de quel côté peut-on classer Adama Dahico
dans le processus de réconciliation qui a du mal à se mettre en
place dans sa chère Côte d’Ivoire ?

Durant les événements difficiles que nous vivons toujours, je
suis resté en Côte d’Ivoire pour communier avec les militants.
C’est vrai qu’il a été difficile de rire et de faire rire, mais Adama
Dahico a tenu à demeurer dans la République. C’est-à-dire
quoi ? Je ne soutiens pas la rébellion et je demande aux
loyalistes, c’est-à-dire au gouvernement de discuter avec les
rebelles parce que le peuple souffre.

D’un côté comme de
l’autre, tout le monde souffre de cette trop longue crise.
Et notre
message consiste à apaiser, à attirer l’attention des uns et des
autres par rapport au danger qui plane sur notre pays. Ce qui
nous permet d’être en phase avec la population. Je ne suis pas
inquiété, je roule dans le pays comme je veux, je dis ce que je
veux parce que je parle juste. C’est cela le combat d’un artiste. Il
n’est pas celui qui prend position mais celui qui se met dans
une position pour dénoncer des dérives suicidaires pour son
peuple. L’artiste doit être comme un essuie-glace qui va aussi
bien à gauche et à droite pour permettre au véhicule que
constitue son pays d’avancer en toute lucidité.

Adama Dahico se proclame également un soldat en combat
contre la propagation du VIH/Sida. Quel est son secret en la
matière ?

Pour moi, l’artiste est un soldat et sa vie est un combat. Depuis
très longtemps j’écris beaucoup de sketchs et d’émissions
radiophoniques de sensibilisation sur le Sida, j’ai fait des
tournées en Côte d’Ivoire. Dans mon nouvel album, j’ai un
sketch et j’exhorte les radios de proximité à le diffuser afin que
ceux qui vont l’écouter puissent en tirer des leçons pour leur vie.

Si par ailleurs, j’ai la possibilité de me déplacer avec des ONG
pour sensibiliser, je me ferai disponible. Mais je pense qu’on
doit mettre les moyens à la disposition des artistes et des
médias pour permettre au plus grand nombre d’être conscient
des menaces du Sida. Ma formule pour ce combat est le C.F.A
c’est-à-dire la monnaie africaine pour barrer la voie au Sida. A
chacun selon son pouvoir d’achat, je propose le C pour la
capote, le F pour la fidélité et le A pour l’abstinence.

Propos recueillis par Félix Koffi AMETEPE à Bamako
Sidwaya

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