LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

AFRIQUE FRANCOPHONE : Balbutiements démocratiques

Publié le jeudi 4 décembre 2003 à 11h05min

PARTAGER :                          

C’est un paradoxe : alors que la plupart des pays de l’Afrique anglophone font de plus en plus preuve d’une culture démocratique, ceux de l’espace francophone sont plongés dans des eaux troubles. Une Afrique à deux vitesses, tenaillée par le lourd fardeau des craintes et le désir ardent de l’espoir.

Le développement devient ainsi à géométrie variable sur le
continent, plaçant les pays anglophones en tête de peloton. Il
suffit de consulter le dernier rapport du PNUD sur le
développement humain durable pour s’en convaincre.

Il suffit
aussi de cerner les réalités du terrain pour comprendre la
mesure de l’enjeu.
Déjà, à l’époque coloniale, la donne était différente dans les
pays francophones et anglophones. On a donné du poisson aux
premiers au moment où on apprenait aux seconds à pêcher. Or,
le poisson gratuit tue l’initiative et crée une dépendance vis-à-vis
du donateur. Les autres ont par contre appris à développer leur
génie et à donner un signal fort sur le champ du concret.

Certes,
tous les pays francophones ne sont pas malmenés par le
spectre de la malgouvernance. Mais force est de reconnaître
qu’ils sont, pour la plupart, ancrés dans une culture d’inertie en
matière de développement prospectif. Même ceux qui se sont
positivement illustrés ont fini par tremper dans des pratiques
portant atteinte à la démocratie. La carte actuelle de l’Afrique
francophone a tendance à laisser libre court au pessimisme. La
situation en Côte d’Ivoire est particulièrement déplorable. Il y a
aussi le triste tableau du Togo, de la Guinée, du Camerou, etc.

Bref, la liste est longue. Et on se demande bien si 40 ans après
les indépendances, ces pays sortis du moule français sont
capables d’un sursaut salvateur, à même de frayer les chemins
d’un développement humain durable. Mais qu’on ne s’y trompe
pas : certains Africains de la zone francophone ont posé des
actes forts dans l’optique d’édifier l’avenir et le devenir du
continent. Mais que reste-t-il encore de cette "sève nourricière"
face aux effets dévastateurs des "démocraties bananières" ?

Dans l’espace anglophone, des élans d’espoir ont aussi été
voués à l’échec. Cependant, les dynamiques nationales ont été
beaucoup plus fructueuses. L’esprit d’indépendance et la culture
d’initiatives s’inscrivent ici de plus en plus dans les pratiques
quotidiennes des populations.

Sur le plan politique, on assiste assez souvent à une solidarité
de corps. Le Zimbabwe a d’ailleurs récolté les frais de son
intransigeance, lui qui vient d’être interdit d’un sommet du
Commonweath. Certains pays anglophones (Grande Bretagne,
Australie, Nouvelle-Zélande) dénoncent en effet la politique du
président Mugabe à propos de la gestion interne du pays.

Mais,
des Etats, pour la plupart anglophoes, tractés par de grands
pays anglophones, avaient fait bloc commun pour protester
contre l’interdiction faite au Zimbabwe de participer au sommet
des pays de l’Afrique, des Caraïbes, du Pacifiques et de l’Union
européenne (ACP/UE). Signe que le Commonwealth tient aux
principes démocratiques et oeuvre à les traduire en réalité.

Les pays francophones d’Afrique peuvent-ils avoir le courage de
prendre des décisions fermes vis-à-vis de Laurent Gbagbo de la
Côte d’Ivoire, Eyadéma du Togo et des autres dinosaures de
l’espace francophone ? On a vu Nelson Mandela, alors
Président de l’Afrique du Sud, braver, le premier, l’ambargo
contre la libye. Les chefs d’Etat africain francophones ont déjà
raté plusieurs occasions pour afficher sans complaisance leur
position. En outre, tout cela semble se dérouler avec la
bénédiction de certaines puissances occidentales. En vérité, la
crise ivoirienne par exemple, peut se résoudre. A condition bien
sûr, de conjuguer harmonieusement la bonne foi et la volonté
ardente des structures ou entités sous-régionales. Mais les
francophones oublier leurs divergences pour tracer enfin les
sillons de la paix ? Quand il fallu fair partir Charles Taylor, il n’a
pas mis du temps à faire ses valises.

De plus en plus, les pays anglophones oeuvrent à briser cette
situation préjudiciable au développement du continent. Il importe
donc que la dynamique "France-Afrique" s’inscrive dans la
recherche permanente de la démocratie et de la bonne
gouvernance. Afin que germe enfin une Afrique francophone qui
bouge, qui gagne.

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique