LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

FESPACO 2015 : « Soleils » brille de mille feux

Publié le jeudi 5 mars 2015 à 18h24min

PARTAGER :                          
FESPACO 2015 : « Soleils » brille de mille feux

Un voyage dans l’histoire de l’Afrique c’est ce que nous proposent les deux réalisateurs Olivier Delahaye et Dany Kouyaté avec le film « Soleils ». C’est un hommage à Sotigui Kouyaté, et à la tradition orale africaine. Un film qui, bien qu’il ne soit pas sélectionné au FESPACO, attire de nombreux cinéphiles.

Devant le centre culturel français ce soir, c’est une longue file des grands jours qui nous accueille. Des centaines de cinéphiles sont venus regarder le film « Soleils ». Après une demi-heure d’attente pour le contrôle de sécurité, nous entrons enfin dans la grande salle du CCF. Prévu initialement pour 20h30, c’est finalement aux environs de 21h que le film commence. Les deux réalisateurs n’ayant pas pu effectuer le déplacement, c’est Bindanda Zolo, acteur principal du film qui est venu les représenter.

Dokamissa, la petite fille de l’empereur Soundjata Keita a perdu la mémoire. Il charge son griot Sotigui Kouyaté de l’aider à la recouvrer. Alors commence un voyage à travers l’histoire de l’Afrique. Un voyage où ni le temps ni l’espace ne constituent des barrières. Ainsi Sotigui conduit Dokamissa au Burkina où elle fait la connaissance d’un de nos « Soleils » peu connu, le président Sangoulé Lamizana, de là ils se rendent en France, puis en Allemagne à la rencontre des philosophes Voltaire et Hegel. Ils se rendent aussi à la prison où Nelson Mandela a été incarcéré pendant 20 ans puis au Congo.

Tout au long de ce périple, les cinéphiles sont entraînés par la voix du conteur Sotigui. Il transmet à Dokamissa les valeurs africaines à travers des contes et des proverbes. Il montre à quel point le conte était important dans le système éducatif africain et par là le rôle du conteur dans la société traditionnelle africaine. « Soleils » est un film riche de la beauté des paysages, et du regard croisé d’un réalisateur burkinabè et d’un réalisateur français sur notre histoire commune. C’est aussi un spectacle parce qu’il y a les voix de Fatoumata Diawara et de Barbara Hendricks. En plus de cela, la participation d’acteurs de plusieurs nationalités (burkinabè, français, ivoiriens, camerounais, etc.) donne un beau jeu d’acteurs.

A la fin du voyage, Dokamissa se rappelle tout. Elle est tombée enceinte et a des jumeaux : une fille et un garçon. Pour Bindanda Zolo qui incarne Sotigui Kouyaté, « cette jeune fille représente toutes les générations : celles d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Elle incarne la génération qui doit pouvoir porter l’Afrique plus loin que celle d’avant parce que l’existence est une course de relais. Chaque génération comme dans la course de relais ne peut courir que sa part. Il convient donc que chaque génération fasse sa part et surtout qu’elle passe le témoin aux suivantes. »

« Sans mémoire pas de passé, sans rêve pas d’avenir », Soundjata Keita

L’Afrique avait une charte des droits humains depuis le 13e siècle (Kurukan Fugan). Une partie de notre histoire trop souvent occultée ou ignorée. Les soleils, sont ces grands hommes qui ont marqué l’histoire et qui sont pourtant méconnus de la jeune génération. « On n’a jamais autant menti sur un continent que sur le continent africain », ajoute Bindanga Zolo. Ce film est une manière de restaurer la vérité sur notre histoire et surtout de la transmettre à la jeune génération. C’est ce souffle là que l’immense Sotigui Kouyaté nous a laissé et qu’il nous a chargés de transmettre.
Pour Tshoper Kamabi, cinéaste de la République Démocratique du Congo, « ce n’était pas seulement un film. C’était une belle leçon d’histoire. »

Carton plein pour les promoteurs du film

Le film n’a pas été sélectionné pour la compétition du FESPACO compte tenu du fait qu’il n’est pas entièrement africain. Cependant Apollinaire Compaoré du groupe Planor Afrique a décidé d’accompagner sa visibilité tout au long du festival. « Pour tout bon africain, et pour ce que le film reflète, nous avons trouvé judicieux de l’accompagner. Il incarne des valeurs essentielles qui sont l’exigence, l’espérance et transmission », a déclaré Zakaria Simporé, conseiller d’Apollinaire Compaoré.

« Soleils » avait été projeté le 1er mars au ciné Nerwaya puis le 04 au Centre Culturel Français. Chaque projection a suscité de l’engouement de la part des cinéphiles. Pour Astou Arnould une accompagnatrice des productions Sahelis et Odelion films, « c’est une satisfaction pour les producteurs, les réalisateurs, et je pense que c’est aussi le cas pour M. Apollinaire Compaoré. Il y a une réhabilitation de l’histoire de l’Afrique qui est en train d’être faite par les africains et il faut qu’elle soit connue. » Par ailleurs, elle a invité d’autres entrepreneurs à les soutenir pour la suite de la promotion et la distribution commerciale du film.

Aïssatou Diallo (stagiaire)
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Dédougou : Le festival des masques signe son retour
Burkina / Musique : Patrick Kabré chante Francis Cabrel