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Fespaco 2015 : Avec « Cellule 512 », Missa Hébié croit en l’Etalon de Yennega

Publié le jeudi 5 mars 2015 à 23h31min

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Fespaco 2015 : Avec « Cellule 512 », Missa Hébié croit en l’Etalon de Yennega

C’est l’un des deux films en compétition pour l’Etalon de Yennega à cette 24ème édition du Festival panafricain du cinéma. « Cellule 512 » du réalisateur Missa Hébié met à nu les tristes réalités de la vie en cachot où se mêlent souvent viol, l’homosexualité, la corruption et le harcèlement. 1h45mn pour raconter presqu’une vie entière en prison.

C’est un accident banal de circulation qui a malheureusement emporté le jeune Edem, fils d’un richissime homme d’affaires. Accusée pour homicide volontaire, Honorine Kinda, est arrêtée et emprisonnée. Elle purge sa peine dans la « cellule 512 », de la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou. Un séjour en cachot qui ne sera pas des plus tendres. La nouvelle venue est convoitée par le directeur de la prison qui ne cesse de la harceler. D’ailleurs, avant elle, toutes les femmes, notamment ses deux voisines sont passées par là. D’abord avec le directeur, puis avec les gardes de sécurité pénitentiaire, avant d’être livrées aux autres prisonniers. Violées et violentées, les deux prisonnières subissent les affres de leurs bourreaux sans aucune pitié. Honorine, mère de deux enfants, ne cède et ne cèdera pas, convaincue qu’une femme, c’est d’abord sa dignité. Une dignité que foule au pied le richissime homme d’affaire qui tente par tous les moyens de corrompe un greffier afin de gagner le procès contre elle. Quant à l’époux d’Honorine, il se la coule douce avec sa meilleure amie. Le film se termine néanmoins par la libération de la prisonnière qui grâce à son avocat et un défenseur des droits de l’homme, arrive à mettre à nu les manigances que tramaient les premiers responsables de la prison. C’est en effet, entre autres, le résumé que l’on peut faire de la « cellule 512 ». Présent lors de la projection, Missa Hébié explique ces motivations pour la réalisation de ce film. « Beaucoup de rapports ont fait cas de tortures dans les prisons africains. Les droits des prisonniers sont bafoués. Aussi, beaucoup de phénomènes sont développés dans cet endroit, tels que l’homosexualité, la consommation de drogue, la prostitution etc. », explique-t-il.

Inspiré, le réalisateur burkinabé fait appel à son complice de tous les jours, Noraogo Ouédraogo pour l’écriture des scenarii. A travers ce film pathétique mais très sensibilisateur, Missa Hébié étale les rapports entre les gardes pénitentiaires et les prisonniers, entre les prisonniers eux-mêmes, et enfin, entre les prisonnières et les prisonniers. En un mot, c’est pratiquement tout ce qui se trame dans les coulisses de prisons africaines qui sont mis à nu dans « Cellule 512 ». Le film a été tourné à Ouagadougou en aout 2014 non sans difficulté. A l’époque, confie Missa Hébié, nous avons eu l’autorisation du Ministre de la Justice pour tourner à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou. Une autorisation qui ne sera pas entérinée par le directeur de la prison. Le sujet est jugé trop sensible. Il fallait, dit-il, créer tout le décor qui a couté excessivement chers. Qu’à cela ne tienne, le réalisateur burkinabé a foi en son film. D’ailleurs, dit-il : « si le comité a sélectionné le film pour la compétition, c’est dire que le travail professionnel est déjà reconnu ». Un travail professionnel que partage justement, Ali Nestor Tiemtoré, venu spécialement voir « Cellule 512 ». Il avoue avoir très bien apprécié le film qui dépeint la triste réalité de la vie en prison. Pour lui, il faut avoir de bons agents publics mais aussi de bons juges pour rendre justice. Le même avis est partagé par Franco Hien qui croit que le Burkina pourrait remporter cet étalon d’or avec « Cellule 512 ». L’histoire en elle-même est poignant, selon Philomène Nanema, une des actrices qui fonde l’espoir qu’au-delà de la compétition, le message du respect de droits des prisonniers soit porté plus haut.

Bassératou KINDO
Lefaso.net

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