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Michel Kafando sur l’Affaire des Boissons périmées : « Nous allons émettre un mandat d’arrêt international contre le PDG de OBOUF… »

Publié le jeudi 26 février 2015 à 08h25min

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Michel Kafando sur l’Affaire des Boissons périmées : « Nous allons émettre un mandat d’arrêt international contre le PDG de OBOUF… »

A l’occasion de la première session du cadre de concertation et de dialogue entre l’Etat et les Organisations de la société civile, tenue le 24 février, le chef de l’Etat Michel Kafando a été interpellé sur des sujets qui font l’actualité. « Nous n’avons pas les nouvelles de M. OBOUF, nous allons émettre un mandat d’arrêt international contre lui s’il est à l’étranger », a indiqué en substance le chef de l’Etat sur l’affaire des boissons périmées. Le dossier Guiro et les dossiers pendants en justice et le sort politique de ceux qui ont soutenu la modification de l’article 37, ont aussi été directement abordés avec Michel Kafando.

Ce sont les Organisations des droits humains et des mouvements spécifiques qui ont directement et sans langue de bois appelé le chef de l’Etat à accélérer le pas sur certains dossiers. Citant Jacques Attali, les Organisations des droits humains et des mouvements spécifiques ont signifié au président que « toutes les grandes réformes se font les trente premiers jours de la transition et au-delà des trente premiers jours, s’installe une contre-révolution ».

Pour le cas de l’affaire des boissons périmées du groupe OBOUF, le chef de l’Etat a affirmé qu’elle « indigne toute conscience humaine ». C’est pour cela, que tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire ont été mis aux arrêts. Le premier responsable de la société serait quant à lui à l’étranger. « Mais je vous prie de croire que si nous n’avons pas les nouvelles de M. OBOUF, nous allons émettre un mandat d’arrêt international contre lui ». Il a par ailleurs précisé qu’à la faveur de cette découverte macabre, le ministre du commerce et des gendarmes sillonnent tous les entrepôts de la capitale de nuit, pour s’assurer que cette pratique n’y a pas cours.

Depuis quelques temps, des voix s’élèvent pour exiger que soient frappés d’indignité politique, tous ceux qui ont soutenu la modification de l’article 37 de la constitution. Michel Kafando s’est défendu en ces termes. « Nous y avons pensé, mais nous ne travaillons pas seuls. Nous travaillons avec la communauté internationale. Au début de la transition, le Burkina risquait des sanctions. Nous aurions pu continuer, mais sous sanction. En ce moment ça aurait été l’hécatombe, une véritable tragédie pour le Burkina. Nos seules ressources ne pouvaient pas nous aider à conduire la transition. Les pays qui nous ont aidés ont donné comme condition, de travailler à la réconciliation. C’est pour cela que nous avons levé la suspension sur les partis politiques ». Pour lui, il appartient aux partis politiques de l’ex-opposition de travailler à remporter les élections. Ils sont en pole position, bénéficient actuellement de la confiance des populations, et c’est à eux de mettre les chances de leurs côtés, dans une compétition électorale ouverte à tous.

Affaire Guiro, Norbert Zongo, Thomas Sankara… encore un peu de patience
Le dossier Guiro, une fois de plus, a été rappelé au chef de l’Etat, par les Organisations des droits humains et des mouvements spécifiques. A en croire, Michel Kafando, en l’étape actuelle de la justice, il est impossible de poursuivre l’ancien directeur général des douanes, Ousmane Guiro. C’est entre autres pour s’attaquer à ce genre de dossiers que les Etats généraux sur la justice ont été initiés. « Avant de venir, je me demandais ce qu’ils attendent pour le problème Guiro. Lorsque nous avons visité toute la procédure de la justice, on s’est rendu compte que tant qu’il y a cette procédure, nous ne pourrons jamais nous attaquer au dossier Guiro. Il faut d’abord reformer la justice et c’est cela qui nous a amenés à initier les états généraux de la justice. Nous l’avons fait parce que nous voulons contenter une de nos promesses, la justice contre tous ceux-là qui ont détourné les fonds par des stratagèmes, qui ont miné le trésor public ». Son équipe et lui, voudraient aller vite, mais il y a des écueils qu’il faut d’abord lever, a ajouté le locataire de Kosyam.

Au contact avec la réalité, Michel Kafando s’est rendu compte « de beaucoup de choses », mais il rassure n’avoir pas perdu de vue l’essentiel et les promesses de justice faites aux Burkinabè. L’Etat a beaucoup perdu, du fait des stratagèmes utilisés par des ténors du régime de Blaise Compaoré pour s’enrichir. Michel Kafando citera, par exemple les bâtiments que certains dignitaires ont loués à l’Etat. « Il y en a même qui, semble-t-il, ont perçu leur loyer, cinq, dix ans à l’avance. Nous sommes en train de faire des enquêtes sérieuses. Ce n’est pas un travail facile. (…) ». Par ailleurs, il y a 26 milliards de chèques qui n’ont pas été encaissés par l’Etat, et tous ceux-là seront débusqués et punis à la hauteur de leurs forfaits. Michel Kafando a une fois demandé la patience et la confiance des Burkinabè.

Le gouvernement et la famille du président Sankara se sont enfin compris sur la procédure de l’enquête devant aboutir à l’identification du corps de Thomas Sankara, qui commencera bientôt. Il en est de même pour le dossier Norbert Zongo qui de l’avis du chef de l’Etat a repris avec de nouvelles personnes commises à la tâche.

Si c’est vrai que « plus rien ne sera comme avant, nous estimons qu’aucun dossier ne doit être considéré comme politiquement lourd », ont martelé les Organisations des droits humains et des mouvements spécifiques avant de lancer à l’endroit du chef de l’Etat : « Nous vous souhaitons de rentrer dans l’histoire du Burkina par la grande porte. Vous avez 9 mois pour poser les bases d’un état véritablement démocratique ».

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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