Les Editions L’Harmattan : Une solution ou un problème pour les auteurs africains ?
La publication d’un livre est, pour de nombreux auteurs africains, un parcours extrêmement difficile. Ceux qui y parviennent sont souvent confrontés à de nombreuses difficultés. Quand le livre est publié, ils demeurent insatisfaits, voire déçus, parce que certaines maisons d’édition leur imposent des conditions parfois inacceptables comme, par exemple, le non-respect du tapuscrit ou l’élimination pure et simple de documents.
Les expériences vécues témoignent de l’opacité et du flou qui caractérisent certaines maisons d’édition.
Le cas le plus récent qui nous est parvenu, concerne Emmanuel ARGO dont l’ouvrage, à son insu, s’est trouvé publié par le Président des Editions L’Harmattan à Paris, Xavier PRYEN, alors qu’il l’avait confié à l’éditeur Yves MICHALON.
Ce descendant de plusieurs générations de nègres créoles nés en terre de France (c’est ainsi qu’il se définit lui-même) a adressé une lettre datée du 29 janvier 2015 à Monsieur Xavier PRYEN, Président de L’Harmattan, pour demander le retrait sans délai de la vente de son livre intitulé Nelson Mandela et la naissance de la nouvelle Afrique du Sud, dans lequel il rapporte, comme grand témoin, l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela.
En voici la raison : constatant les manques et malfaçons de la première épreuve, (non-respect de l’intégralité des informations relatives à sa biographie et à ses ouvrages antérieurs, non-respect de la totalité des documents à inclure dans l’ouvrage de l’auteur, non-respect de la qualité des documents photographiques fournis) il avait refusé la publication de son livre. N’ayant obtenu ni exemplaire corrigé, ni « bon à tirer », il a constaté pourtant que les Editions L’Harmattan maintenaient la vente de l’exemplaire initial et erroné depuis le mois de décembre 2014.
De plus, il s’étonne que le contrat a été fait sur papier sans entête, sans mention du registre de commerce, non daté et sans la mention « lu et approuvé ». Pourquoi y a-t-il un flou total sur la dénomination et la responsabilité de l’éditeur ? Pourquoi M. Yves MICHALON, président des Editions Yves MICHALON, s’est dit le patron de FAUVES Editions qui appartient en réalité à L’Harmattan, maison d’éditions qu’Emmanuel ARGO n’avait pourtant pas choisie ?
A sa grande surprise, l’auteur s’est entendu répondre par Yves MICHALON que « c’est lui qui décide du contenu et de la forme de l’ouvrage pour le vendre selon ses choix (...) c’est ainsi que PRYEN et lui procèdent avec les Africains, depuis longtemps (...) que sans l’Harmattan, il ne connaît guère d’Africains qui pourraient publier ailleurs ! » Et d’ajouter « pour bien les connaître et les pratiquer depuis longtemps, vous êtes trop sensible, comme tous les noirs ».
Comment faut-il comprendre ce propos ?
On peut se demander s’ils ont bien lu le livre qui justement fait état de toutes les formes de discriminations racistes de blancs sud-africains à l’égard notamment des journalistes noirs et de Nelson Mandela.
Pourquoi, alors que cela relève de leurs compétences d’éditeurs, acceptent-ils de vendre un ouvrage qui comporte des photographies où les personnalités politiques noires, qui ont lutté contre l’apartheid, sont « charbonnées », rappelant ainsi les méthodes racistes de l’ancien régime sud-africain citées par l’auteur ?
Dans ces conditions, les Editions Yves Michalon et l’Harmattan servent-ils vraiment la cause qu’ils prétendent défendre et dont ils font pourtant leur fond de commerce ?
La survie des Editions l’Harmattan
Les données biographiques et bibliographiques de l’auteur Emmanuel Argo participent à la crédibilité et à la visibilité de son ouvrage Nelson Mandela et la naissance de la nouvelle Afrique du Sud, et participent à coup sûr à la promotion de l’intelligentsia africaine et de sa diaspora, chose que les Editions l’Harmattan ne cernent pas bien. Il est temps que les auteurs africains dont la qualité de la production n’est plus à démontrer soient pris au sérieux.
Faut-il voir dans le traitement condescendant que ces maisons d’édition imposent aux auteurs africains une certaine forme de discrimination, une forme d’ « apartheid » portée sur le champ du savoir ?
S’agit-il simplement du traitement habituel réservé à tout ce qui ne vient pas de la petite sphère parisienne, à savoir, la province française, les régions ultra-marines, les pays francophones ?
Faire fortune depuis de nombreuses décennies sur une image d’ouverture culturelle grâce à la publication d’œuvres africaines et leur témoigner en retour du mépris et de l’humiliation, est pour le moins inacceptable. Les Editions L’Harmattan semblent convaincues que les africains et la diaspora ne peuvent se passer d’elles. La maison d’édition L’Harmattan survivrait-elle sans les auteurs de ce continent ?
L’Afrique, c’est la terre de la croissance à tous points de vue, partant un marché potentiel qui nourrit toutes les convoitises. Ainsi, contrairement à l’ancien modèle de coopération nord-sud qui suppose la main sans cesse tendue de l’Afrique à l’Occident, un nouveau paradigme s’annonce sous la forme sud-nord, et préfigure une nouvelle ère non plus de coopération, mais de partenariat qui donne à l’Afrique une nouvelle dimension économique sans précédent. L’Afrique compte de plus de en plus d’auteurs, et partant, est un marché non négligeable pour les maisons d’édition.
Qui est Emmanuel Argo ?
Emmanuel Argo, est né en 1949. Membre de la société civile, il a un parcours qui honore l’Afrique et sa diaspora comme contributeur auprès de l’ANC (African National Congress) parti du Président Mandela, dans le cadre des travaux pour une nouvelle constitution de l’Afrique du Sud. Il a été également porteur de missives auprès de différents gouvernements européens, consultant permanent pour le Ministère de l’Education du gouvernement du Président Mandela afin de faciliter des programmes de formation professionnelle et d’échanges liés à des débouchés socio-économiques entre les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) et l’Union Européenne. Il a souvent côtoyé le président Mandela en contribuant aux travaux de construction de la nation arc-en ciel ainsi qu’aux premiers pas de la nouvelle république d’Afrique du Sud. C’est pour lui rendre hommage qu’il a écrit cet ouvrage : Nelson Mandela et la naissance de la nouvelle Afrique du sud.
Conseiller international honoraire en stratégie de développement, il continue de plaider pour une meilleure utilisation des rémittences à travers le monde.
En 2006, Emmanuel Argo est le Président d’un Think Tank international ; GLAD « Global African Diaspora Coalition établi à Londres, coalition de la Diaspora Africaine ». Avec l’appui du Premier Ministre britannique Tony Blair, lors de la réunion plénière du Civil G8 à Moscou présidée par Vladimir Poutine, il s’est illustré comme rapporteur général de recommandations relatives à l’Afrique et aux envois d’argent à travers le monde, de sorte que ces recommandations soient adoptées par le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement du G8 de St Petersburg. En 2008 à Tokyo, au titre de la Diaspora Africaine, il est Conseiller du TICAD (Tokyo International Commission for Africa) en vue de la préparation du Sommet du G8 d’ Hokkaido au Japon.
Par ailleurs, Expert au Comité économique et social européen à Bruxelles, il a été également Enseignant à la faculté de Droit, de Sciences économiques et de Gestion de l’université de Rouen (France) et membre du think tank Business Fights Poverty basé à Londre.
Principaux travaux et publications :
•Co-auteur de trois ouvrages avec “The Institute for Business Innovation ”de l’Université de Prétoria en Afrique du Sud :
“Conflict and governance : NEPAD, South Africa and Africa”. ISBN : O-620-34809-7 en 2005.
“NEPAD and the African Renaissance”. ISBN : 0-620-32510-0 en 2005.
“Regional Integration Economic Partnership Agreements, for Eastern and Southern Africa”. ISBN : 978-0-620-38462-9 en 2007.
• 2010 : A créé à partir du mot latin remittere et français rémittences, le néologisme international Remitt@nces qui exprime dans toutes les langues, l’immédiateté, l’importance des flux financiers ainsi que les enjeux économiques, sociaux et culturels que représentent les transferts d’argent envoyés principalement par les diasporas, expatriés et migrants du monde entier à destination de leur pays d’origine. Ce mot traduit également la circulation mondiale d’environ 1. 200 milliards de $ US en 2011, incluant les commissions non négligeables prélevées sur ces envois par des opérateurs de l’industrie des transferts d’argent.
• 2013 : Est l’auteur de : Main basse sur l’argent des pauvres. Merci aux Remitt@nces, préfacé par le Prix Nobel de la paix Lech Walesa. ISBN : 978-2-332-651853-9, qu’il a offert au Pape François en le rencontrant au Vatican le 4
• 2014 : Nelson Mandela et la naissance de la Nouvelle Afrique du Sud. A paraitre ailleurs qu’à l’Harmattan !
• 2015 : Prépare une contribution sur la réunification des régions françaises, leurs potentialités et opportunités de partenariat économiques avec des pays du Commonwealth en Afrique ainsi que du MERCOSUR, à partir de : Regional Integration Economic Partnership Agreements for Eastern and Southern Africa qu’il a coécrit en 2007.
Par Serge SAMANDOULGOU
Ingénieur de recherche
Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST)
Institut des Sciences des Sociétés (INSS)
Mail : sergedenison@gmail.com
BURKINA FASO
Vos commentaires
1. Le 13 février 2015 à 09:22, par L’Africain Burkinabè En réponse à : Les Editions L’Harmattan : Une solution ou un problème pour les auteurs africains ?
Plus de 50 ans après les indépendances, l’Afrique ne s’est pas encore doté d’une maison d’édition. Pourquoi ne vous reunissez-vous pas Africains et Africains de la Diaspora pour créer une maison d’édition digne de ce nom ? Les combats pour se défaire de l’impérialisme des Occidentaux sont à tous les niveaux. Vous gagnerez mieux de créer une Maison Africaine d’Édition pour servir les causes des Africains. Si plus de 50 ans après, vous continuez a publier vos livres dans des maisons d’éditions Européennes, ne venez pas crier au racisme avec les noirs et a cette condescendance envers les intellectuelles Africains qui ne sont plus a démontrer. Quand on est vraiment intellectuel, on travaille pour se soustraire du joug dont on est victime. Combien d’intellectuels compte l’Afrique et la Diaspora Africaine ! Je vous invite donc a créer une maison d’édition qui appartiendra aux Africains de tous les points du monde !
2. Le 13 février 2015 à 13:05 En réponse à : Les Editions L’Harmattan : Une solution ou un problème pour les auteurs africains ?
Excellente réflexion mon grand ! Dommage pour nos pays africains qui doivent se réveiller
3. Le 13 février 2015 à 14:09, par Idriss En réponse à : Les Editions L’Harmattan : Une solution ou un problème pour les auteurs africains ?
Cette description est la réalité de e qu’est L’Harmattan. Combien sont les Africains qui n’ont pas été publiés parce qu’on voulait travestir leurs idées, leurs dires ? La création d’une édition crédible est urgente. Les NEA ont déçu par certaines pratiques que je tairais.
4. Le 13 février 2015 à 16:37, par Kankelen En réponse à : Les Editions L’Harmattan : Une solution ou un problème pour les auteurs africains ?
Je ne vois franchement pas la valeur ajoutée de cet écrit.
5. Le 16 février 2015 à 01:03, par Romuald En réponse à : Les Editions L’Harmattan : Une solution ou un problème pour les auteurs africains ?
Très bonne analyse. Les jours de L’Harmattan sont comptés, c’est certain.
6. Le 16 février 2015 à 21:05, par Pierre Noel depuis le Togo En réponse à : Les Editions L’Harmattan : Une solution ou un problème pour les auteurs africains ?
La restitution du tapuscrit à l’auteur est nécessaire. Ceci est non seulement de l’humiliation mais aussi de la spoliation et de l’extorsion
7. Le 16 février 2015 à 21:12, par Judith/ Kinshasa En réponse à : Les Editions L’Harmattan : Une solution ou un problème pour les auteurs africains ?
Extorsion et humiliation. L’Harmattan doit rendre le tapuscrit à l’auteur Argo
8. Le 19 février 2015 à 14:10, par Jeunedame seret En réponse à : Les Editions L’Harmattan : Une solution ou un problème pour les auteurs africains ?
Son nom en dit tout : l’HARMATTAN...l’HARMATTAN...Les larmes à tout temps. Quelle saison ?! Messieurs les Africains, il vous manque seulement l’estime de soi ; pour éviter de flairer caca.
9. Le 19 février 2015 à 21:30, par Georges Monou En réponse à : Les Editions L’Harmattan : Une solution ou un problème pour les auteurs africains ?
pourquoi saboter une si belle œuvre qui relate la vie d’un héros ? Il faut que L’Harmattan cesse d’arnaquer ses auteurs. Le tapuscrit doit être remis à l’auteur. autrement c’est de l’extorsion et de la confiscation, et on ne saurait l’accepter, et on va crier cette affaire sur les toits. Avec cette affaire, les auteurs béninois vont fuir désormais cette mauvaise maison d’édition.
10. Le 15 décembre 2016 à 12:25, par Haboudane omar En réponse à : Les Editions L’Harmattan : Une solution ou un problème pour les auteurs africains ?
Bonj.je dispose d un manuscrit majoritairement en français mais avec un peu d arabe(avec translittearation).Le thème est : Le paradoxe de l amour (divin ou humain) dans les textes du malhoun.Cas de Sidi kaddour al-Alami(XVIII°-XIX°) Siècle.