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Médiation dans la crise ivoirienne : un émissaire de M’Beki au rapport chez Blaise

Publié le mercredi 16 mars 2005 à 07h39min

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Venu d’Abidjan, le ministre de la Défense de l’Afrique du Sud a été reçu, dans la matinée du 15 mars 2005, par le président du Faso.

A l’écouter à sa sortie d’audience, la médiation engagée par le président sud-africain pour la résolution de la crise en Côte d’Ivoire suit son cours normal et il n’y a pas de blocage.

Quand Thabo Mbeki s’impliquait dans la médiation sur la crise en Côte d’Ivoire, avec la bénédiction de l’Union africaine il y a de cela quatre mois, certainement qu’il ne s’attendait pas à ce que la situation sur le terrain reste en l’état. Il faut le reconnaître, dons le pays d’Houphouët, les choses piétinent.

La fameuse feuille de route tracée par le président sud-africain, aujourd’hui jaunie par le temps, ne trouve pas de lecteur parmi la plupart des acteurs concernés par la crise : le désarmement, qui étai prévu pour janvier, est loin d’être une réalité ; les lois votées en décembre par l’Assemblée nationale ne sont pas fonctionnelles ; le redéploiement des ex-rebelles n’existe que sur cette feuille de route, si fait que dans chaque camp, chacun crée son administration ; les ministres issus du rang des rebelles boudent toujours le Conseil des ministres et ce, depuis novembre 2004 au grand dam du médiateur sud-africain.

Tout de même, on ne peut conclure que l’UA a été mal inspirée en choisissant le successeur de Nelson Mandela, qui dirige quand même un pays qui est loin des enjeux du pouvoir en Côte d’Ivoire. Mais force est de reconnaître que pour beaucoup, Mbeki ne semblait pas au tout début- en tout cas -maîtriser la mentalité ouest-africaine, qui est différente de celle de l’Afrique du Sud ou des Grands Lacs, où il s’était déjà impliqué dans la résolution de crises.

En Afrique de l’Ouest, les longues palabres et le temps ont leur importance, et qui est pressé, ce qui semblait être le cas de Mbeki, s’y heurte à un mur d’incompréhension. En outre, les déclarations brouillonnes et à l’emporte-pièces de Thabo Mbeki, qui ne tenait pas compte de certaines susceptibilités africaines et surtout françaises, n’ont pas joué en sa faveur.

Aujourd’hui, le médiateur en chef semble pourtant avoir changé de stratégie : multiples missions, experts qui épluchent le dossier ivoirien, arbres à palabre et désormais, beaucoup de doigté sur la critique des positions et actes de l’ancienne puissance coloniale, à savoir la France. Quand Mbeki rencontre maintenant les différents acteurs impliqués dans la crise ivoirienne, il développe plutôt une grande capacité d’écoute.

Cette fois-ci, beaucoup semblent lui faire confiance : des rebelles au clan Gbabgo en passant par la classe politique ivoirienne. Depuis quelque temps, ce sont de multiples tournées tous azimuts au sud et au nord de la Côte d’Ivoire et dans certains pays de la sous-région. Si le président sud-africain ne peut le faire, c’est son ministre de la Défense, M. Mosiuoa Lekota, qui prend le relais.

Ainsi, ce dernier a été reçu le mardi 15 mars 2005 dans la matinée par le président du Faso. A sa sortie d’audience, il a dit à la presse qu’il est venu, envoyé par son président pour faire à Balise Compaoré un briefing quant au travail que le président sud-africain est en train de faire, aux difficultés auxquelles il fait face, au programme qu’il a à remplir dans les jours à venir, et aussi pour transmettre la gratitude du chef de la nation arc-en-ciel, pour le soutien que son homologue burkinabé apporte dans les tentatives de résolution de la crise ivoirienne.

Des journalistes néanmoins lui feront remarquer que la situation semble bloquée et que l’on peut donc légitimement se demander ce que fera maintenant l’Afrique du Sud pour que les différents belligérants s’acheminent vers la paix.

Pour M. Lekota, ce piétinement est juste une impression : « Dans tout processus de négociation, les évènements vont quelquefois très vite. Quelquefois aussi, il y a un ralentissement qui est observé. Mais nous pouvons dire qu’il n’y a pas de blocage. Un exemple : à l’heure actuelle, nous sommes en train d’évaluer les sites de cantonnement. C’est vrai que nous n’allons pas à la vitesse espérée, mais nous avons pris à bras-le-corps ce problème ».

Dans l’après-midi de la même journée, le ministre de la Défense de l’Afrique du Sud devait aller rendre visite aux Forces nouvelles à Bouaké « pour, précisera t-il, discuter avec elles des questions et résolutions à prendre pour résoudre le problème. Nous restons convaincus que ça va donner ».

Osons espérer qu’à la fin de cette tournée, il trouvera des oreilles attentives, qui éviteront au président Mbeki de mordre la poussière. comme beaucoup d’autres chefs d’Etat, à l’image de Bongo, qui gardent un amer souvenir de leur tentative de médiation dans cet imbroglio ivoirien.

Issa K. Barry
L’Observateur

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