Une pluie, inhabituelle en cette période de l’année, a arrosé l’arène de Toma la veille des funérailles de l’illustre disparu. Comme pour un grain de blé ensemencé, qui meurt pour donner des fruits, c’est de la mort que survient la vie. Eternelle. Le célébrant de cette messe de requiem, l’évêque du diocèse de Dédougou, Judes Bicaba a espéré que le défunt vit désormais dans le christ. En s’inspirant de l’évangile de Jean en son chapitre 12, verset 24 -26, le célébrant a noté que celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. La vie de foi de Zéphyrin Toé, d’espérance, de charité est une chance, une opportunité à saisir. Il faut donc se réjouir, bénir Dieu et prier pour l’évêque émérite. « En le faisant, nous prions pour nous-même et cela nous rapproche de Dieu et nous rapproche entre nous », a dit l’évêque de Dédougou.

Les évêques du Burkina ont fait le déplacement de Toma pour rendre gloire à Dieu dans la foi et l’espérance. 12 évêques dont deux émérites. Les différents témoignages rendus confortent l’idée que Monseigneur Zéphyrin Toé fut un homme de Dieu qui a œuvré pour le salut des hommes. « Nous avons intercédé pour l’évêque émérite, nous avons rendu grâce aussi pour tous les biens que nous avons reçus par son intermédiaire. Dieu passe toujours par nos personnes pour nous atteindre. Au-delà de la personne de Monseigneur Zéphirin Toé, c’est Dieu qui nous a rendu beaucoup de service », c’est en ces mots que Judes Bicaba a justifié toute la portée d’une telle célébration.

Le président de la conférence épiscopale Burkina-Niger, Monseigneur Paul Yembuaro Ouédraogo, a témoigné sa compassion et sa solidarité à la famille de l’homme, du prêtre et de l’évêque. « Il a reçu grâce sur grâce, douceur, patience et exigence », a-t-il dit.

« Dieu s’est servi de lui pour toucher les cœurs »

Pour ceux qui ont côtoyé l’homme depuis sa tendre enfance, il est resté constant dans la bonté. Son ami intime, Jean-Baptiste Somé, évêque émérite qui a cheminé avec le défunt depuis l’école primaire, le petit et le grand séminaire, jusque dans l’épiscopat, l’ancien évêque de Dédougou a accompli sa mission sur terre. Selon lui, son ami a révélé des réalités, telles que le silence, l’écoute, l’accueil, la compréhension, la discrétion, l’oubli de soi et le dévouement, moyen de rédemption et de salut. « Le Seigneur nous a unis en tout et par tout. Il a travaillé en toute simplicité, dans la confiance au Seigneur, laissant le Seigneur convertir les personnes, parce que c’est Lui qui convertit, pas nous. Il a été humble, il s’est effacé, il a donné le meilleur de lui-même, Dieu s’est servi de lui pour toucher les cœurs ». A 96 ans, l’évêque émérite demande à Dieu d’attendre encore 10 ans pour le rappeler.
Pour son frère, Barthélémy Toé, ancien magistrat, c’est difficile de parler de son frère, au risque de faire du dithyrambe. Néanmoins, il reconnait que son frère s’est entièrement consacré à l’Eglise. « Nous sommes fiers, son départ à 85 ans est presqu’une consécration de sa vie sur terre. Il rejoint le père céleste. Nous sommes sur cette terre, mais nous sommes fiers de cette vie qu’il a menée, l’aide qu’il a pu apporter aux humains qui étaient sous sa responsabilité ». Avis partagé par Jean-Baptiste Ki-Zerbo, frère de feu Jospeh Ki-Zerbo, qui a connu et fréquenté l’homme depuis son enfance et qui témoigne qu’il a été « un vrai prêtre qui a travaillé avec et pour tout le monde ».

Ils sont désormais loin ces temps de tristesse d’il y a presqu’un an. C’est une ambiance de réjouissance et d’action de grâce qui régnait à Toma ce samedi 22 novembre 2014. Comme dans une arène de lutte, l’église Sacré cœur de Toma, a vibré au rythme des chants San, avec une dose de parenté à plaisanterie quand Madame Nana marie Thérèse exige des esclaves Samos, qu’ils payent la dette qui lui était due par le défunt, 3 cauris. Bonne ambiance dans l’église. C’est dans la foi d’une prière exaucée que les fidèles chrétiens, et pas seulement, ont achevé les funérailles chrétiennes de l’évêque émérite Zéphyrin Toé dans une ambiance festive bien arrosée de Gnontôrô (Ndlr. Bière de mille chez les San) sans quoi les funérailles chez les samos ont un goût d’inachevé.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net