LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Jean-Pierre Chevènement : "Le Parti socialiste n’a plus rien de socialiste"

Publié le mardi 8 mars 2005 à 19h13min

PARTAGER :                          

Il fut un temps où Jean-Pierre Chevènement était un poids lourd de la scène politique française. Ancien ministre de l’Intérieur, ancien ministre de la Défense sous Mitterrand, il est de nos jours député-maire de Belfort.

Venu au Burkina pour rendre visite à son ami, le Larlé Naaba Tigré, il en a profité pour suivre quelques films du Fespaco. Parlant de la prochaine présidentielle française quand nous l’avons rencontré jeudi dernier, il n’exclut pas une éventuelle candidature de Jacques Chirac. Entretien.

Comment trouvez-vous le Burkina ?

• Je connais le Burkina depuis 1997.Je suis déjà venu au Fespaco et j’ai découvert le Burkina, que je connaissais de réputation. Nous avons des jumelages entre Belfort (en France) et deux départements du Burkina que sont Tanghin-Dassouri et Komki-Ipala. C’est ainsi que régulièrement des hommes et des femmes de Belfort viennent ici et ceux des deux dits départements vont à Belfort.

Avez-vous pu profiter de votre séjour pour voir quelques films ?

• Oui, j’ai profité de mon séjour pour voir quelques films. J’ai beaucoup admiré "La nuit de la vérité" de Fanta Nacro, qui est un très bon film, et dont j’espère qu’il fera le tour du monde. C’est un film fort émouvant, très bien interprété par des cadres de l’armée burkinabè. J’en ai vu d’autres, qui sont aussi fort intéressants comme "Sous la clarté de la lune" d’Appoline Traoré, qui a certes quelques faiblesses dans l’interprétation, mais qui est assez instructif.

Vous êtes un grand ami du Larlé Naaba Tigré. Quelle est la petite histoire de vos relations ?

• Oui, je connais le Larlé, qui est venu à Belfort au début des années 90. Vous le savez sans doute, j’ai eu un accident de santé en 1998 et le Larlé est revenu me voir. C’est la première personne étrangère qui est venue me rendre visite, et elle m’a offert un très beau lion en bronze forgé par des artisans du Burkina. Entre le Larlé et moi, nous pouvons dire qu’au début c’était l’amitié et ensuite vint la parenté. Nous avons des liens forts, le Larlé et moi. C’est un homme avec qui j’ai des liens d’affection, c’est un ami, mieux un parent.

Rappelez-nous ce qui vous a fait partir du Parti socialiste.

• C’est simple. J’en suis parti parce que le Parti socialiste n’est plus socialiste. C’est un parti qui s’est rallié au libéralisme. Malgré mes efforts - puisque j’ai quitté le gouvernement en 1983 - rien n’y fit et j’ai quitté le Parti socialiste en 1992 après le traité de Maastrich, qui est une Constitution libérale.

Qu’est-ce qui vous a décidé à créer votre parti, "le Mouvement des citoyens" ?

• Avant c’était le Mouvement des citoyens, qui est aujourd’hui le Mouvement républicain des citoyens. Disons que c’est un Mouvement de la gauche française, qui mérite d’être défendue parce que le Parti socialiste manque de repères fondamentaux et a tourné le dos à la tradition républicaine française.

Quelle est la place de votre parti sur l’échiquier politique français ?

• Il se situe à la fois à gauche et au-dessus. A gauche, parce que l’opposition traite de toutes sortes de sujets et au-dessus, parce que nous faisons référence à une idée républicaine qui oblige au dépassement de soi. Dans bien des aspects, nous avons des positions bien différentes de celles des socialistes. Je n’ai pas besoin de vous dire que nous n’avions pas approuvé la guerre du Golf en 1990 alors que le PS l’avait approuvée. Aujourd’hui, c’est même le PS qui désapprouve la politique américaine, notamment en Irak.

Que pensez-vous de la politique de la droite au pouvoir en France ?

• Cette politique défend les intérêts des classes favorisées et s’inscrit pleinement dans l’orientation du traité de Maastrich avec l’austérité budgétaire, la libéralisation du service public, l’incapacité à promouvoir une politique monétaire. Ce gouvernement prend des mesures qui vont dans le sens d’une inégalité croissante en matière fiscale et dans celui du démantèlement de l’Etat. Cela aboutit à mettre en pièces le cadre républicain français.

Jean-Pierre Chevènement sera-t-il candidat à la prochaine présidentielle ?

• Les conditions aujourd’hui n’existent pas pour cela. On verra après le référendum sur la Constitution européenne.

Selon vous, quelles sont les chances de Nicolas Sarkozy à la prochaine présidentielle ?

• Sarkozy représente une droite trop à droite à mes yeux. Jacques Chirac a su mettre de l’eau dans son vin et exprime mieux une sorte de tempérence. J’attends de voir ce qui se passera ; il se peut que Jacques Chirac soit de nouveau candidat.

Quelle chance pour la gauche française à cette présidentielle ?

• C’est très difficile de faire un pronostic. Vous savez que la gauche française n’a pas en réalité de projet original. Elle n’a pas fait l’autocritique de la période 1997-2002, et tant qu’elle s’enfermera dans l’autosatisfaction, il lui sera extrêmement difficile de convaincre ; mais il se peut aussi que la droite se décompose d’elle-même ; dans tous les cas, une élection est toujours très aléatoire et je me garderai de faire un pronostic.

Boureima Diallo
Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique