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Insurrection populaire : le Mouvement pour la démocratie et la citoyenneté demande justice pour les morts et les blessés

Publié le vendredi 14 novembre 2014 à 23h41min

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Dans cette déclaration le Mouvement pour la démocratie et la citoyenneté (MODEC) rappelle aux responsables du CFOP la nécessité de punir les auteurs des tueries des 30 et 31 octobre derniers. Il demande que justice soit rendue pour les autres crimes de sang et économiques. Lisez !

Au cours de sa conférence de presse animée le mardi 04 novembre 2014 pour informer l’opinion des conclusions de ses concertations avec le Lt. Col ZIDA Yacouba Issac, le CFOP s’est incliné devant la mémoire des martyres de la lutte héroïque de notre peuple et a annoncé la mise en place d’une commission d’enquête pour situer les responsabilités et déclencher des poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs des crimes commis. L’annonce de cette commission d’enquête a sans doute influé positivement le cours des évènements qui laissait entrevoir que les différents acteurs de la révolution, visiblement surpris par la facilité avec laquelle s’est écroulé l’appareil dictatorial de Blaise COMPAORE, étaient davantage préoccupés pour les uns à en revendiquer la paternité et pour les autres à réfléchir sur le comment et avec qui il faut gérer le pouvoir désormais vacant dans le cadre d’une transition vers les prochaines consultations électorales.
A la faveur de ce combat de « visibilité », on a même assisté à l’opportunisme des plus éhontés de la part de certaines organisations de la société civile qui, après avoir pris leur distance avec le mouvement populaire, au nom de théories et de recettes politiques périmées et tenté sans succès de saborder la marche radieuse de notre peuple vers l’alternance et pour ainsi dire vers l’horizon du bonheur, sont apparues avec des slogans creux et démodés.
Dans ce contexte, il apparaissait que l’un des mobiles profonds de l’insurrection populaire qui est la lutte contre l’impunité semblait être relayé au second plan. En effet, il faut le rappeler, c’est la soif de justice dans ses dimensions à la fois pénale, sociale et économique qui a été la sève nourricière de la lutte pour l’alternance qui impliquait le respect de la constitution. Face à la confiscation des ressources et des richesses nationales au profit d’un clan, à la démultiplication subséquente des crimes de sang et des crimes économiques et ce, dans des circonstances d’impuissance de l’appareil judiciaire, le peuple a fait du combat pour l’alternance, le passage obligé pour l’avènement d’un Burkina nouveau débarrassé de toutes les formes d’injustice et d’impunité.
Si l’on peut comprendre que l’usurpation des bénéfices de la lutte par l’Armée commandait une hiérarchisation dans les priorités de l’heure, les acteurs devant préalablement exiger le retour à une vie constitutionnelle normale, on ne peut pour autant, passer sous silence les exigences de la lutte contre l’impunité. Les forces motrices de la révolution ne peuvent sans trahir le peuple, relayer au second plan, retarder ou oublier la lutte contre l’impunité au nom de la recherche d’une formule consensuelle de transition avec toutes les composantes de la vie nationale.
La nécessité de réprimer tous les actes criminels commis à l’encontre du peuple ne saurait être sacrifiée sur l’autel d’une transition inclusive. Au contraire, une réconciliation ne sera possible que si l’on franchisse l’étape indispensable de la justice qui permettra au peuple de connaitre et de sanctionner, d’une part, ceux qui ont commis les crimes les plus graves à son encontre et, d’autre part, ceux qui ont délibérément ôté la vie à des citoyens burkinabés en quêtes de la liberté ou qui ont fait couler leur sang.
Certes la lutte pour la vérité et la justice ne sera chose facile tant le chemin est parsemé d’embuches. L’appareil dictatorial du régime déchu a, tel un rhizome avec ses racines adventives, poussé et déployé ses tentacules à l’intérieur et à l’extérieur des frontières nationales ainsi dans les hautes sphères de certains Etats. La preuve est que c’est l’intervention de la France qui a permis aux frères Compaoré de partir en exil doré en Côte d’Ivoire pour Blaise et au Benin pour François. En apportant son soutien à l’exfiltration de Blaise COMPAORE, la France achève de convaincre le peuple burkinabè de deux choses : d’abord, la preuve que Blaise COMPAORE, malgré son passif infractionnel de dedans et de dehors, est l’homme de François HOLLANDE qui entend le soustraire ainsi que ses exécutants de la justice du peuple burkinabè. Ensuite, la fin de la françafrique annoncée pompeusement par Monsieur HOLLANDE aux lendemains de son accession aux pouvoirs n’est qu’un pur rêve.
Déjà, le manque de fermeté de l’Elysée à l’endroit de Blaise COMPAORE lorsqu’il projetait son crime d’atteinte à la constitution laissait entrevoir que le président français préférait porter son choix sur celui-ci au détriment de notre peuple. Ainsi, contre la volonté du peuple burkinabè, François HOLLANDE a ordonné à l’Armée française de voler au secours des frères COMPAORES. Pourtant, l’histoire, révolutionnaire de la France, notamment celle des révolutions 1789 et suivantes est là pour rappeler aux autorités françaises et à tous que chaque peuple a un droit naturel de demander des comptes à tout dirigeant devenu tyran ou dictateur.
Dans ses efforts de mettre les Compaoré à l’abri de la justice, la France, et les Chefs d’Etat africains qui donnent de l’échos à ses actes, vont jusqu’à minimiser, voire mépriser la mémoire des dizaines des patriotes tombés sous la balles assassines de l’appareil répressif de Blaise COMPAORE en faisant passer ce dernier comme un dirigeant responsable qui a su éviter un bain de sang à son peuple !
Que tous ceux qui s’emploient à développer cette idée stupide définissent alors le seuil de sang ou le nombre de victime en dessous duquel, ils considèrent qu’il n’y a pas bain de sang ! A leur gouverne, on peut relever que si l’on considère huit (06) litres de sang par adulte, Blaise COMPAORE a, par son entêtement, fait couler deux cents quarante (180) litres de sang pour au moins les trente victimes sans compter les nombreux blessés.
C’est fort de l’attitude complaisante observée vis-à-vis de Blaise COMPAORE et de ses exécutants que certains bonzes de la majorité caduque se sont invités à la table des discussions avec la délégation des chefs d’Etat de la CDEAO non sans la complicité apparente de ces derniers. A cet égard, il faut saluer la réaction digne des attentes du peuple que les forces progressistes du CFOP et de la société civile ont eue et qui a permis d’assainir le cadre des échanges.

Si elles sont à saluer, cette prise de position ainsi que la volonté du CFOP de diligenter une enquête n’est pas suffisante. Il faudrait que des actes concrets soient posés dans des plus brefs délais par les autorités de transition. Ces autorités, on le sait, n’auront pas le temps nécessaire de faire la lumière sur tous les cas de crimes dont a souffert et continue de souffrir notre peuple. Cependant, elles auront le mérite de déclencher le processus de répression de tous les actes répréhensibles commis immédiatement avant et pendant le mouvement révolutionnaire.
Il est à noter qu’à l’origine immédiate du mouvement insurrectionnel, se trouvent des actes criminels les plus graves commis à l’encontre de notre peuple : ce sont les crimes de haute trahison et d’atteinte à la constitution prévus à l’article 166 de la constitution. Ces crimes ont été commis par les auteurs du projet de loi qui devraient consacrer la révision de la constitution le 30 octobre 2014. Ce sont : le chef de l’Etat, le Chef de Gouvernement et tous les participants au conseil des ministres extraordinaire du 21 octobre 2014.
A ces crimes, il faut ajouter, les crimes de sang perpétrés à l’encontre de nombreux citoyens burkinabè. Il ressort en effet du bilan provisoire que, comme cela a été dit plus haut, plus d’une trentaine de personnes ont perdu la vie parmi les insurgés dont une vingtaine dans la seule ville de Ouagadougou et près de 200 personnes blessés. Ce bilan macabre qui a été le prix de l’entêtement dicté par l’égoïsme d’un homme est aussi le fait des exécutants. Ces personnes qui, à quelque niveau que ce soit, ont donné l’ordre d’agir ou ont agi contre des manifestants aux mains nues doivent être recherchées et punies.
Les poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs de ces crimes s’imposent comme la nécessaire réponse à la soif de justice qui tenaille le peuple en ces instants douloureux. Leur responsabilité incombe non seulement aux autorités de transition mais aussi à toutes les forces du changement. Celles-ci doivent ainsi œuvrer pour que l’annonce de la commission d’enquête pour situer les responsabilités ne reste pas au stade d’une déclaration d’intention à l’image de ces clauses de style que l’on entend çà et là dans les moments d’effervescences, car c’est à l’aune de cette action que le peuple mesurera la capacité des chantres du changement à donner un contenu à l’alternance au-delà du changement de régime.
Pour cette raison, le Mouvement pour la Démocratie et la Citoyenneté (MODEC) :
- invite les différents acteurs de la révolution à unir leur force pour pendre toutes les dispositions nécessaires afin que, d’une part, Blaise COMPAORE et les membres du gouvernement déchus de Luc Adolphe TIAO répondent tôt ou tard des crimes de trahison et d’atteinte à la constitution, chacun en ce qui le concerne et, d’autre part, tous les commanditaires et les exécutants des crimes de sang perpétrés contre les manifestants au cours du mouvement insurrectionnel soit punis selon la rigueur des lois en vigueur ;
- invite d’ores et déjà les autorités judiciaires, notamment les Procureurs du Faso, près les Tribunaux de Grande Instance habilités à s’autosaisir pour poser tous les actes urgents nécessaires à la manifestation de la vérité.

Fait à Ouagadougou, le 07 novembre 2014.
Egalité-Solidarité-Intégrité !

Pour le Comité Exécutif National
Le Président

Rasmané OUEDRAOGO

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Vos commentaires

  • Le 15 novembre 2014 à 09:09, par Djinatie En réponse à : Insurrection populaire : le Mouvement pour la démocratie et la citoyenneté demande justice pour les morts et les blessés

    Je tire mon chapeau au MODEC. Mais pour être franc, les Procureurs actuels ne peuvent pas engager de poursuites. Dite- moi : avec tous les indices de sacrifice humain qu’on a trouvé chez François Compaoré, a t-on vu le Procureur Désiré Sawadogo en faire une préoccupation ? Non, il faut plus de sang pour l’émouvoir. c’est cela notre justice. Et c’est pour cela qu’il nous faut demander également des comptes à certains juges pour leur silence devant l’inacceptable afin que cela serve à l’avenir d’exemples pour ceux qui seront nommés. Ma justice me dégoute ! Au sens premier du terme !

  • Le 15 novembre 2014 à 09:19, par Le fou guéri En réponse à : Insurrection populaire : le Mouvement pour la démocratie et la citoyenneté demande justice pour les morts et les blessés

    Moi je demande à l’initiative du MODEC une marche en direction du palais de justice pour que le Procureur Sawadogo nous dise pourquoi il n’a pas cru devoir ouvrir une enquête pour les faits découverts au domicile de François et pour les divers autres crimes. Sans pression, la justice ne bougera pas. Elle est à l’image de la sphère politique : la conscience ne s’ouvre qu’au contact du choc

  • Le 15 novembre 2014 à 09:34, par façondevoir En réponse à : Insurrection populaire : le Mouvement pour la démocratie et la citoyenneté demande justice pour les morts et les blessés

    Walahi c’est du propre mon frère Rasmané,
    J’aime les déclaration de la sorte. Courage mon frère, je suis partant pour adhérer à votre organisation. Plus rien ne doit être comme avant. A la communauté dite internationale, il faut qu’elle face attention avec ses positions équilibriste attendant que les situations dégénèrent pour venir nous sortir des condamnations qui n’ont aucun poids d’ailleurs. Et la France sort gaillardement pour dire avec fierté avoir exfiltrer ce tyran.

  • Le 15 novembre 2014 à 11:23, par Houm En réponse à : Insurrection populaire : le Mouvement pour la démocratie et la citoyenneté demande justice pour les morts et les blessés

    Il faut que Luc adolphe TIAO et ses ministres qui ont pris part au conseil es ministres extraordinaires soient arrêtés et mis a la disposition des procureurs de la republique pour repondre de leurs actes. Après ces membres de l’executif irresponsables, les escrocs du parti CDP« Camp des Destructeurs du Peuple » dont les plus mauvais sont Assimi, alpha yago, Edouard traoré, alain yoda, salia sanou, juliette Bonkoungou qui sait parler de louvoiement pour son bienfaiteur de l’obscurité, Benjamine Doamba dejà malade de sa masse adipeuse, salia sanou l’illettré politicien , bête de surcroit, Barro Dianguinaba le voleur et mauvais conseiller de Blaise et les escrocs sanguinaires, pyromanes aux ambitions demesurées et inhumaines comme Gilbert Noel qui a manqué l’occasion de se mettre au soleil et honorer la memoire de son defunt père, Zakaria Tiemtore et autres qui sont des hommes sans couilles dont Chantal avec son pagne bat en courage pour avoir pu avertir son mari doivent repondre également comparaitre devant nos tribunaux ou cours en fonction de la qualification que recevront les faits commis par chacun. Ce n’est qu’à ce prix que nous sentirons la justice s’appliquer dans ce pays. Messieurs les magistrats c’est l’occasion pour vous de temoigner votre bonne foi au peuple car desormais l’independance de la justice que vous avez tant reclamée est desormais obtenue. Je me repète car je l’avais dit, Salia, ce vieux CDR qui a desherité Moulaye et ses frères au profit de Djamila doit rehabiliter la mairie de Bobo a ses frais.
    Dans la vie, quelle que soit ta force, il faut faire du bien. Voilà des membres du CDP qui n’ont pas eu leur biens detruits et ils circulent librement ; simplement parcequ’ils ont aidé le peuple du pays reel dans leur quartier, dans les eglises et mosquées,. Ils ont eu beaucoup d’humilité malgré leur proximité avec le pouvoir et leurs richesses dont ils sont conscients de provenir de la sueur du peuple. Prenez un Tinto moustapha a la mairie de colma depuis 2001 qui promet une parcelle a usage d’habitation a un citoyen qui a marché nuit et jour ou a son bureau ou a son domicile pendant 10 ans sans avoir satisfaction. A chaque fois qu’il ya une attribution, tu consultes la liste sans voir ton nom ; tu repars le voir et son terme consacré est celui-là« il faut garder le contact, ca va aller ». Comme ils n’ont pas la crainte de DIEU, tout l’argent, les milliards qu’ils ont amassés en lotissant colma jusqu’à banakeledaga, dafinso, les remorques et citernes qui circulent au mali avec des immatriculations maliennes doivent au bout des investigations être restitués sous forme de dedommagement a l’ETAT Burkinabè. C’est pas la peine d’oublier la crainte de DIEU pour s’attacher aux fetiches deposées au fond de vos chambres pour croire que vous echapperez a la justice des hommes et de celle de DIEU. J’encourage les autorités de la transition a faire de la justice pour tous un objectif essentiel de la reconciliation. Nous sommes tous d’accord pour pardonner mais il faut qu’on sache qui a fait quoi d’abord. Devant nos juridictions , pour acquitter, relaxer ou condamner le juge a necessairement besoin de savoir la verité soit par aveux du mis en cause, soit par la force des preuves et des temoignages, soit par corroboration etc..... VIVE LE BURKINA DES HOMMES INTEGRES. VIVE LA PAIX DANS LE BURKINA RENOUVEAU> Amen

  • Le 15 novembre 2014 à 11:50 En réponse à : Insurrection populaire : le Mouvement pour la démocratie et la citoyenneté demande justice pour les morts et les blessés

    Totalement d’accord avec vous ! Beaucoup de preuves sont en train de disparaître et on est là à se tirailler pour ce qui devrait ětre secondaire. C’est bien la soif de justice qui a drainé tant de monde dans les rues les 28, 30 et 31 octobre. Si au finish, la justice n’est mas rendu au peuple comme il se doit, rien n’empèchera nos futures dirigeants de se comporter comme Blaise et sa suite. Pas de chasse aux sorcières d’accord mais pas de complicité coupable non plus par un silence qui emporte les preuves.

  • Le 15 novembre 2014 à 23:32, par la foi En réponse à : Insurrection populaire : le Mouvement pour la démocratie et la citoyenneté demande justice pour les morts et les blessés

    Que Dieu bénissse le BF. Je partage cette pensée et je m’empresse de la mise en oeuvre de l’appareil justiciaire contre ce dictateur et ses appuis. En outre, il faut dissoudre rapidement les conseils municipaux parce qu’on assiste à un pillage des ressources du pays à travers les marchés publiques mieux réduire au maximum la force de nuisance du CDP. Il faut nous débarrasser de ces voleurs qui étaient au service d’un système corrompu depuis 27 arrivé aux affaires en éliminant 40 personnes (13 personnes le 15 octobre 1987 et 27 personnes le 27 octobre 1987 à Koudougou). La fin de ce système a pris la même voie macabre ( des dizaines de mort et des centaines de blessés les 30 et 31 octobre 2014)

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