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Liptako-Gourma : Vers un Sommet à Gao (Mali)

Publié le mercredi 23 février 2005 à 06h52min

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L’Autorité de développement intégré de la région du Liptako-Gourma, connue aussi sous le sigle ALG, est une des plus anciennes organisations de coopération de la sous-région, qui a la particularité d’opérer dans une zone composée de portions de territoires contiguës au Burkina, au Mali et au Niger.

Depuis plus de trois décennies, les domaines d’intervention de l’ALG sont essentiellement : le désenclavement de la zone, la sécurité alimentaire, l’hydraulique, la promotion de la santé, l’éducation, la protection de l’environnement. Toutes choses qui se ramènent à un concept en vogue aujourd’hui : la lutte contre la pauvreté.

A la veille d’un Sommet des chefs d’Etats de l’Autorité du Liptako-Gourma, qui doit se tenir à Gao au Mali, notre confrère Martin Kaboré (DCPM du MEDEV) a rencontré le directeur général de l’ALG. Ancien ministre nigérien de la Fonction publique puis de l’Hydraulique et de l’Environnement, Monsieur Séni Ali Gado est à la tête de l’ALG depuis le 1er avril 2003. Il dresse l’état des lieux.

Monsieur le Directeur général, en dehors du Conseil de l’entente, l’Autorité de développement intégré de la région du Liptako-Gourma (communément appelée ALG) est l’une des plus anciennes organisations de la sous-région ouest- africaine. Et pourtant elle demeure peu connue du grand public. Volonté de discrétion ou refus délibéré de communiquer intensivement ?

• Je ne crois pas que l’Autorité de développement intégré de la région du Liptako-Gourma (l’ALG), créée depuis le 03 décembre 1970 entre le Burkina Faso, la République du Mali et la République du Niger, et qui fait partie effectivement de la première génération d’organisations de coopération dans la sous-région, refuse de communiquer. C’est plutôt, à mon avis, une volonté de discrétion qui a accompagné la mise en oeuvre des actions de l’Institution.

Il faut rappeler que l’ALG est une organisation de promotion du développement régional à la base. Mais je conviens avec vous que dans un contexte de mondialisation, où la communication joue un rôle très important dans la conduite des actions, l’ALG doit communiquer davantage pour faire connaître ses réalisations et ses ambitions dans le processus noble d’édification de l’intégration dans notre sous- région.

Qu’est-ce qui a conduit à la création de cette organisation ? quels objectifs lui étaient assignés au départ et cette mission a-t-elle évolué au fil du temps ?

• La décision des trois chefs d’Etat des pays membres de créer l’ALG était fondée sur leur volonté de développer la solidarité et la coopération entre leurs Etats dans un cadre régional, en vue du développement intégré et harmonieux de la région du Liptako-Gourma. Le mandat confié à l’Autorité est de promouvoir le développement harmonieux et intégré de la région du Liptako-Gourma, par la mise en valeur, en commun, dans un cadre régional, des ressources minières, énergétiques, hydrauliques, agropastorales et piscicoles dans sa zone d’intervention. Cette mission n’a pas connu une évolution, elle demeure toujours d’actualité, compte tenu des défis de réduction du niveau de la pauvreté des populations.

Pouvez-vous nous retracer les grandes étapes qui ont marqué la vie de l’ALG ?

• Au titre des faits importants ayant marqué la vie de notre institution, je peux citer tout d’abord la mission pluridisciplinaire de la CEA/PNUD, en 1969/1970, dont les conclusions ont recommandé aux trois (3) Etats de se regrouper dans une organisation pour l’exploitation en commun des ressources de la région du Liptako-Gourma. Il y a ensuite, bien sûr, la création, le 03 décembre 1970 à Ouagadougou, de l’ALG et l’adoption d’un programme d’urgence en 1972. La stratégie d’intervention a été adoptée en 1989 puis relue en 1999. Le principe de la programmation triennale glissante a été adopté en 1996. Le premier programme triennal d’investissement (PTI) de l’ALG a été élaboré et mis en œuvre en 1998.

Le PTI/ALG prend en compte les programmes sectoriels dans les domaines de l’agriculture/élevage, de l’environnement/pêche, de l’hydraulique, de l’énergie, des communications (routes, télécommunications, chemin de fer, navigation fluviale), de l’industrie/des mines et du social (éducation/formation, santé). En mars 2003, s’est tenue, à Ouagadougou, une table-ronde multisectorielle des bailleurs de fonds sous l’égide de la première Conférence extraordinaire des chefs d’Etat.

En décembre 2004, l’ALG a bénéficié d’un don du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) pour le financement d’un projet d’appui institutionnel, comprenant un volet assistance technique et un volet renforcement des capacités humaines et matérielles. L’objectif de l’appui institutionnel est de permettre à l’ALG de se doter, au terme du projet, d’un programme de développement intégré de lutte contre la pauvreté pour les quinze années à venir.

La zone d’intervention de l’ALG est à cheval sur des portions de territoires contiguës au Burkina, au Mali et au Niger. Est-ce à dire que d’une manière ou d’une autre les frontières héritées de la colonisation ne constituaient déjà pas (il y a 34 ans) un frein, des barrières à l’action que vous menez sur le terrain ?

• Non, pas du tout ! La particularité de la zone d’intervention que vous venez d’évoquer justifie en partie l’utilité de l’ALG. En effet, les impératifs d’aménagement de territoire et le caractère transfrontalier de cette zone militent en faveur de la promotion d’un développement harmonisé dans la zone, et cela, dans les trois pays. Il est important de relever que tous les projets et programmes mis en œuvre dans ce sens, de par leur caractère régional, sont des vecteurs d’intégration. L’existence d’institutions, comme l’ALG, qui interviennent sur une zone à cheval sur les frontières des Etats constitue à n’en point douter un atout pour le processus d’intégration.

Par ailleurs, il me plaît de rappeler que beaucoup de considérations militent davantage pour un renforcement continu de la coopération entre les trois pays de l’ALG. A titre indicatif, il s’agit des liens séculaires particuliers qui existent entre les populations et la similitude de leurs conditions socio-économiques de pays pauvres très endettés, sahéliens sans accès à la mer, avec une économie à dominance agropastorale.

Quels sont vos domaines d’intervention spécifiques ?

• La stratégie de l’Autorité du Liptako-Gourma place la lutte contre la pauvreté au centre de ses préoccupations et en fait même l’objectif global à atteindre. L’atteinte de cet objectif est conditionné par la réalisation de quatre objectifs spécifiques, à savoir : la sécurité alimentaire, le désenclavement de la zone, la protection de l’environnement et le développement social, en l’occurrence la santé, l’éducation et le genre.

Cette stratégie met l’accent sur le développement de différents secteurs d’intervention de l’ALG, à travers des politiques appropriées dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, de la protection de l’environnement, de l’hydraulique, de l’énergie, de l’industrie et des mines, des télécommunications et communications, notamment les axes routiers, les pistes rurales, les réseaux ferroviaires et de navigation et enfin le développement social.

Peut-on avoir une idée du montant global des fonds investis, dans le cadre de l’ALG, en faveur du développement de la zone depuis la création de l’Autorité ?

• Depuis sa création, l’ALG a mobilisé plus de 150 milliards de francs CFA, investis dans le cadre de divers projets et programmes de développement régional et d’appuis institutionnels.

Qui finance les projets et programmes mis en œuvre par l’ALG ?

• Les projets et programmes de l’ALG sont financés, en dehors de la contrepartie des Etats membres, par des partenaires multilatéraux (BAD, BID, BADEA, BOAD, Fonds de développement de la CEDEAO, Fonds Koweïtien, Fonds de l’OPEP) et bilatéraux (AFD, ACDI, Coopération danoise et Coopération chinoise). Il convient de rappeler que le système des Nations Unies a beaucoup contribué, dans les premières années d’existence de l’ALG.

Etes-vous satisfaits des résultats sur le terrain et que vous disent les populations bénéficiaires ?

• A la lumière des acquis de l’institution et des actions en cours et en perspective, au-delà de ma personne, tout le personnel de l’ALG est fier de la contribution de l’Autorité à l’amélioration des conditions de vie des populations.

A ce titre, depuis sa création, L’ALG a exécuté plus d’une quarantaine d’opérations dans ses différents domaines d’intervention ; une dizaine d’opérations sont en perspective. Cette performance est due au soutien permanent des chefs d’Etat à l’ALG. Mais les défis de la mondialisation et de la réduction du niveau de la pauvreté nous incitent davantage à redoubler d’efforts et d’imagination.

Les populations de la région retiennent de l’ALG beaucoup de réalisations : les points d’eau, les routes, l’installation du téléphone, les appuis au secteur agropastoral.

On s’achemine vers la tenue prochaine du 6e Sommet des Chefs d’Etat de l’ALG qui, selon certaines indiscrétions, pourrait se tenir à Gao, au Mali. Une ville d’importance historique et touristique, mais qui n’est tout de même pas la capitale du Mali. Quelles sont les raisons d’un tel choix, si nos informations sont exactes ?

• Le choix de Gao pour la tenue du prochain Sommet procède du souci constant de leurs Excellences, d’être en contact permanent avec les populations et de démontrer à l’opinion publique que l’ALG est une institution de proximité et de développement à la base. C’est la première fois que la Conférence des chefs d’Etat sera délocalisée de la capitale vers une autre circonscription administrative.

Une telle rencontre sera naturellement pour les chefs d’Etat un cadre de concertation sur les questions d’intérêt commun et d’examen de l’état d’exécution du programme de l’ALG. En marge de cet important Sommet, les chefs d’Etat procéderont également au lancement du programme de développement de l’élevage, financé par la Banque islamique et le Fonds régional de la CEDEAO pour un montant d’environ 25 milliards de F CFA.

ITW réalisée par Martin Kaboré DCPM/MEDEV

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