Coton génétiquement modifié : Des togolais émerveillés par l’expérience burkinabè

Sur initiative de la firme américaine Monsanto, plus d’une soixantaine de producteurs et de cadres togolais intervenant dans le secteur cotonnier ont séjourné au Burkina Faso. Venus pour un voyage d’étude axé sur le coton génétiquement modifié, ces acteurs de la culture cotonnière du Togo ont pu s’imprégner de l’expérience burkinabè à travers différentes activités.A Bobo-Dioulasso, le séjour des togolais a été rythmé par des échanges et des visites de champs de coton et de laboratoires.
Sur la route du Coton génétiquement modifié (CGM) au Burkina Faso, la délégation togolaise a eu comme base Bobo-Dioulasso. Dans cette ville, producteurs et techniciens togolais ont pudécouvrirl’expérience burkinabè autour d’une table le mardi 07 octobre 2014. En tant que président de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina Faso (UNPCB), Karim Traoré a exposé sur l’expérience burkinabè. Et contrairement à l’imaginaire populaire, il a laissé entendre que le CGM au Burkina est loin d’être un diktat du gouvernement ou encore de la firme américaine Monsanto :« On avait un problème et c’est ce qui nous a conduits dans la culture du coton Bacillus thuringiensis (Coton BT). Avant l’adoption du CGM, il y avait une grave crise de confiance entre les producteurs et la Société burkinabè des fibres textiles (Sofitex). Chacun se rejetait la balle des mauvaises saisons cotonnières. Pire, un producteur pouvait faire jusqu’à dix traitements en une seule saison cotonnière. Avec le CGM, on ne fait plus que deux traitements ». Après l’UNPCB, c’estl’Institut de l’environnement et de recherches agricoles(INERA) à travers le Dr Omer Hema qui a exposé son expérience de la culture du coton génétiquement modifié au Burkina. Partenaire privilégié de Monsanto, cet institut est un acteur majeur de l’expérience burkinabè dans la bio-culture. Tout comme l’INERA, la Société burkinabè des fibres textiles (Sofitex) via Casimir Kihoun a eu l’occasion de présenter son expérience dans le domaine du CGM. Venus en voyage d’étude, les togolais ont été prolixes en question après les exposés.

Les preuves se trouvaient à 125 Km de Bobo
Après une première journée particulièrement chargée et rythmée par des débats, la délégation togolaise a mis le cap sur Ouarkoye. Dans cette localité de la région de la Boucle du Mouhoun, la culture du coton génétiquement modifié est une réalité depuis quelques années. Et c’est dans un des champs de coton du président de l’UNPCB que les visiteurs vont être émerveillés par les prouesses du CGM. D’une superficie de dix hectares, le champ visité est une réussite totale selon les experts en coton. Le maitre des lieux, Karim Traoré a pris son temps pour partager le secret de sa réussiteavec ses hôtes. De la technique de la rotation des cultures en passant par l’usage de la fumure organique et surtout au strict respect des normes requises dans la culture du CGM, l’homme a tout révélé. Et comme les producteurs de coton au Burkina sont les meilleurs ou parmi les meilleurs producteurs de semences, les visiteurs ont pu admirer le champ de maïs de Karim Traoré. Des échanges directs entre les paysans togolais et des travailleurs du champ de Karim Traoré ont permis aux premiers de cerner d’avantage les techniques agricoles burkinabè.
Visite de champs et de laboratoire pour terminer le séjour à Bobo
Après Ouarkoye, la série des visites de champ de coton a conduit les Togolais àBaré dans la journée du jeudi 9 octobre 2014. Dans cette localité située à 25 km de Bobo, les hôtes ont visité deux champs de coton BT. Et pour faciliter la comparaison et permettre à tout un chacun de tirer des conclusions, l’on a visité aussi un champ de coton conventionnel. Encore dans la culture de la variété conventionnelle, les producteurs togolais n’ont pas eu du mal à comparer les deux variétés. Et pour la majorité d’entre eux,le BT est une nécessité si l’on veut continuer la culture du coton au Togo.

Tout comme les producteurs dans les champs, les techniciens togolais ont eu l’occasion d’échangeravec leurs compatriotes burkinabè dans des laboratoires. Dans le laboratoire de contrôle qualité de la Sofitex, c’est la responsable des lieux, Esther Kargougou qui a eu le mérite d’expliquer de long en large le processus de sélection des graines dans la chaîne de production burkinabè. Entre techniciens, les échanges ont été pour le moins fournis.
Ousséni BANCE
Lefaso.net
Réaction de quelques acteurs
Dr Doulaye Traoré, responsable Monsanto-Afrique de l’OuestBollgard II (Le Coton génétiquement modifié cultivé auFaso) a fait du Burkina un pays modèle dans la culture du CGM en Afrique. Aujourd’hui, ce pays est un cas d’école et il peut servir d’exemple à des pays qui hésitent encore. C’est dans ce cadre que nous avons convié une délégation togolaise pour venir s’imprégner de l’expérience burkinabè. Nous couvrons le monde entier et nous travaillons toujours à permettre aux gens de choisir ce qui est mieux pour eux. Je pense que les acteurs du secteur cotonnier togolais sont situés maintenant.
BozirohTchidah : Conseiller du D.G de la NSCT (Togo) en matière industrielle
Nous sommes venus avec une soixantaine de personnes pour s’imprégner de l’expérience burkinabè. Notre délégation est composée en grande partie par des paysans et des directeurs des régions cotonnières de notre pays. Il y a des chefs de services d’exploitation industrielle aussi parmi nous. Nous sommes venus voir ce qui se passait exactement dans le domaine du CGM au Burkina Faso. Suite aux communications du premier jour on était toujours sceptique. Personnellement, j’avais encore des réserves suite à ces communications. Mais la visite du terrain 24 heures plus tard nous a séduits. Avec les décisions politiques qui devront suivre, je dirai qu’on essaiera d’aller faire le CGM. Il était important pour nous de venir constater ce qui se passait exactement dans le domaine du coton BT au Burkina. Maintenant, on sait que la culture de ce coton est bénéfique pour le producteur et c’est ce que nous voulons pour le producteur togolais
YossoHodabalo, président de la FNGPC (Fédération nationale des groupements de producteurs du Coton/Togo)

Nous sommes émus par tout ce que nous avons vu. Les échanges ont été francs entre nous, les Togolais et les différents partenaires burkinabè que sont l’INERA, la SOFITEX, l’UNPCB et Monsanto. Le plus essentiel a été la visite de terrain. Ce que nous avons vu dans les champs a traduit ce que les présentateurs avaient dit dans les salles. La sainteté des capsules du coton BT est simplement magnifique. On était simplement émerveillé. Chez nous, on continue de faire plus de dix traitements pour avoir des rendements inférieurs à celui du coton BT cultivé au Burkina. Pour nous producteurs, le coton BT est une aubaine car on dépense moins et on est sûr de bien récolter. On rendra compte à qui de droit une fois de retour au pays. On espère que le gouvernement togolais aussi entendra nos doléances. Nos autorités sont toujours en train d’examiner la possibilité de la culture BT chez nous. Ce qui est une bonne chose car on ne peut pas prendre une grande décision sans cerner tous les contours de cette technologie.
La NSCT en quelques mots
La Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT) est une société mixte créée le 29 mars 2009 en remplacement de la Société togolaise du Coton (Sotoco) qui était une société d’Etat. Le capital social de cette entreprise est de 2.000.000.000 de francs CFA dont 60% pour l’Etat togolais et 40% pour la Fédération nationale des groupements de producteurs de coton du Togo (FNGPC). Le siège de cette société est basé à Atakpamé, à environ 60 Km de Lomé. Tout comme la Sofitex au Burkina Faso, la NSCT a pour mission d’assurer le développement et la valorisation de la culture cotonnière dans le territoire togolais. Cette société soutient la production cotonnière, l’évacuation du coton-graine, la gestion des usines d’égrenage, la commercialisation des produits finis... La fibre togolaise est jugée très compétitive sur le marché de la filature. (Source : Dépliant NSCT)
Propos recueillis par OusséniBancé
Lefaso.net