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Togo : les premières salves de la CEDEAO

Publié le lundi 21 février 2005 à 07h57min

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Si bien des fois, la prise du pouvoir par la force paraît aisée, sa gestion, elle, relève souvent de la quadrature du cercle. Et ce n’est certainement pas Faure Gnassingbé, l’un des quelque cinquante rejetons du "grand timonier" au Togo, qui dira le contraire.

Mis au devant de la scène par une escouade d’officiers supérieurs de l’armée qui entendent conserver leurs privilèges et éviter des ennuis, Faure Gnassingbé semble de nos jours véritablement chercher ses repères entre le marteau de la haute hiérachie militaire, le clan Gnassingbé et l’enclume de la pression internationale et les manifestants de rue dans l’ex-Suisse de l’Afrique.

En effet, depuis son usurpation du pouvoir d’Etat à Lomé à la suite de la mort de son père, au mépris des règles élémentaires de la Constutition, la désapprobation n’a aucunement faibli et (mieux ou pire c’est selon) n’a fait que prendre de l’ampleur tant à l’intérieur qu’en dehors des frontières togolaises. Sur le plan intérieur et en dépit des morts déjà enregistrés, les manifestations hostiles au nouveau pouvoir se poursuivent de plus belle.

Ainsi, après la levée de l’interdiction de manifester, environ 25 000 personnes ont battu le pavé loméen samedi à l’appel de six partis d’opposition. Une manif au cours de laquelle Faure, le clan Gnassingbé, Chirac, la France... en ont eu chacun pour son grade. Et les croquants, après cette démonstration de force, qui intervient après le flop des "journées Togo mort", s’annonce à nouveau pour mercredi, puis tous les samedis jusqu’à ce que les nouveaux maîtres du pays rendent gorge.

A l’échelle régionale, voire internationale, la forte pression exercée par Obasanjo, Diouf, Konaré, etc. n’a aucunement fait preuve de mollesse à l’endroit du nouveau pouvoir. Même la Libye et le Ghana, qui étaient bien représentés à l’investiture du président autoproclamé, étaient devenus plus discrets sur leur soutien au nouvel homme fort de Lomé. C’est ainsi qu’il avait été intimé au président autoproclamé de respecter la Constitution en cédant le pouvoir au Président de l’Assemblée pour conduire les 60 jours maximum de transition.

Ainsi, coincé de toutes parts, Faure Gnassingbé, qui, dès sa prise du pouvoir n’avait nullement fait mystère de son intention d’achever le mandat de son père qui courait jusqu’en 2008, moyennant des artifices constitutionnels, s’est résolu à édulcorer largement son vin, en cédant à la forte pression internationale. En effet, vendredi 18 février dernier, Ubu fils, presqu’à la surprise générale - puisqu’on le croyait plus téméraire-annonçait officiellement l’organisation de la présidentielle dans le délai constitutionnel de 60 jours.

Puis, ce seront les législatives sur la base des "22 engagements" que le gouvernement togolais avait pris avec l’Union européenne peu avant la mort du dictateur. "Comme vous le savez, a dit Faure Gnassingbé, à la suite de la disparition subite du père de la Nation, le président Eyadéma, depuis le 5 février 2005, des mesures exceptionnelles ont été prises pour garantir l’intégrité territoriale, préserver la paix, la sécurité et l’unité nationale.

Car dans un pays comme le nôtre où le tissu social demeure fragile, la vacance du pouvoir consécutive au décès du chef de l’Etat risquait d’avoir des conséquences imprévisibles. Dans le souci de préserver le climat de paix... et au terme de l’article 203 de la loi électorale, j’ai renoncé à mes charges ministérielles et repris mon siège au Parlement. C’est ainsi que conformément à l’article 15 de son règlement intérieur, l’Assemblée nationale m’a élu à sa présidence. A ce titre j’exerce provisoirement les fonctions de Président de la République comme le stipule la Constitution".

Comme on le voit, Faure a une interprétation bien singulière de la Constitution togolaise, qui, pourtant, ne souffrait d’aucune ambiguïté, car il y est stipulé qu’en cas de vacance de la présidence par décès, l’intérim est assuré par le président de l’Assemblée nationale. Certes, à entendre les observateurs avertis de la scène politique togolaise, Fambaré Natchaba Ouattara, de par ses prises de positions jugées souvent maximalistes, était loin d’être un homme consensuel ; et il n’est certainement pas à plaindre, car il est de ceux qui ont bataillé ferme pour permettre la révision constitutionnelle qui ouvrait, en 2003, la voie à une nouvelle candidature du vieux.

Mais il semblait ne plus être en odeur de saintété au sein du cercle restreint des véritables tenants du pouvoir à Lomé. Qu’on enlevât Fambaré pour le remplacer par le fils Gnassingbé avant la mort du père de la Nation, personne n’aurait eu à redire, si Faure prenait sa chose. Mais ce tripatouillage de la Constitution au grand jour est tout à fait honteux. Faure, après un aller-retour chez Obasanjo, l’un des plus fermes et des plus virulents critiques du tour de passe-passe constitutionnel, a donc promis une élection présidentielle d’ici deux mois, mais il n’est pas allé jusqu’au bout de son courage. Car il compte bien rester à la tête de l’Etat pendant l’intérim.

Sans doute pensait-il que cette concession le ferait entrer dans les bonnes grâces de la CEDEAO. Erreur ! Car la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest veut un retour intégral à la légalité constitutionnelle et n’entend pas marchander sa position. Ainsi, malgré la petite reculade de l’homme Faure du Togo et après quelques tirs (diplomatiques) de sommation, l’Organisation que préside le Nigérien Mamadou Tandja a annoncé samedi la suspension du Togo, le rappel de ses ambassadeurs à Lomé et une interdiction de voyager dans l’espace pour les dirigeants togolais.

Après le Conseil permanent de la Francophonie, qui avait dès le 9 février suspendu les représentants du Togo et gelé la coopération multilatérale avec ce pays, la CEDEAO durcit le ton et prévient qu’il ne s’agit là que de la première salve d’une batterie de sanctions graduelles si Faure et ceux qui poussent à la roue persistent dans l’erreur. Les sanctions de la CEDEAO ont d’autant plus de poids qu’elles ont aussitôt reçu le soutien des Etats-Unis, qui ont appelé Faure Gnassingbé à "démissionner immédiatement".

On le voit, l’étau se resserre autour du nouveau locataire de Lomé, qui, en voulant protéger ses arrières, a même réussi le tour de force de faire oublier la dépouille de son géniteur, qui attend, à Pya, que ces chicanes politiques s’estompent, pour avoir droit à des obsèques. Mais tout cela va-t-il bien se terminer ?

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 22 février 2005 à 16:08, par Yvons de PARIS En réponse à : > Togo : les premières salves de la CEDEAO

    Il faudrait bien plus que ca pour ébranler BEBE doc Togolais
    Il ne bougera pas de la place qu’on lui a fait occuper seul O B A S A N J O pourrai nous sortir de cette
    position incomfortable de 38 Annees par la force Militaire sans tenir compte de la FRANCE

    La dépouille de son pére attend les évènements d’intronisation du fils pour aller faire ce grand voyage
    Les jeunes devaient se venger sur ses restes et le deterrer pour l’exiber au publique pour la souffrance
    que le peuple a enduré

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