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Lutte contre Ebola : L’Union africaine encore à la traine

Publié le mardi 9 septembre 2014 à 19h42min

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Lutte contre Ebola : L’Union africaine encore à la traine

1.089 morts au Libéria, 517 en Guinée et 491 en Sierra Leone, le virus à Ebola aura fait au total 2.105 morts pour 3.966 cas détectés dans les trois principaux foyers de la maladie en plus du Nigéria. Ces statistiques actualisées à la date du 05 septembre sont de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’OMS n’a pas attendu ce seuil inquiétant pour sonner l’alerte. Le 1er août déjà, elle considérait l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola comme « une urgence de santé publique de portée mondiale ». Et lentement mais sûrement, un élan mondial de solidarité a pris forme. Sans le continent africain pourtant concerné au premier chef.

Passons l’action des institutions comme Médecins sans frontière ou les fragiles structures sanitaires locales dont c’est le rôle d’intervenir en urgence en pareille circonstance. Et citons pour les autres l’Organisation des Nations Unies (ONU) avec ses 40 tonnes d’aide médicale dès le mois d’août, la centaine de tonnes de matériel de santé et d’hygiène financées par la Banque mondiale presqu’au même moment, les 12 millions de dollars de l’Agence américaine de développement (USAID) le 09 août dernier. Suivront les annonces de l’Union européenne (140 millions d’euros), de l’OMS (100 millions de dollars), les moyens militaires et les unités de mise en quarantaine annoncés dimanche dernier par le président Barack Obama des Etats- Unis d’Amérique. Sans compter les diverses autres contributions en nature et en personnel d’appui : le Canada par exemple a mis à la disposition de l’OMS les 800 à 1000 doses de son vaccin expérimental le VSV-EBOV.

Toujours loin du compte

Cette épidémie d’Ebola est la plus grave depuis la découverte du virus en 1976 et Le Dr David Nabarro, coordinateur des Nations unies pour Ebola avait prévenu : « au moins 600 millions de dollars, et peut-être beaucoup plus » sont nécessaires pour endiguer l’épidémie dans les 06 à 09 mois. L’épidémie a donc encore de beaux jours devant elle puisque nous sommes encore loin du compte. Toutes les contributions en nature y compris, nous sommes encore à une bonne distance des 600 millions de dollars soit environ 300 milliards de francs CFA. "Nous avons besoin de contributions en personnel, matériel et financement de la part des gouvernements, du secteur privé, des institutions financières et des ONG", déclarait le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon. Ban Ki Moon qui a annoncé la création d’un centre de crise pour Ebola dont l’objectif est de stopper la transmission du virus à Ebola dans les pays touchés et freiner sa propagation dans le reste du monde. "On ne peut s’attaquer à Ebola qu’avec des investissements massifs" déclarait pour sa part Carlos Lopes, le secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique. Lui dont l’appel aux pays africains à participer à l’effort international est pratiquement resté sans suite.

Le mutisme profond de l’Union africaine

08 mois après le début de l’épidémie, c’est pendant que les différents pays- tous africains- frappés de plein fouet par l’épidémie comptent encore leurs morts que l’Union africaine a semblé sortir de son profond mutisme. Le Conseil exécutif de l’institution panafricaine a été convoqué « d’urgence » hier lundi pour, selon les termes du communiqué, apporter une « réponse africaine unie, complète et collective » au virus. Au terme de la réunion qui devait discuter de l’approche africaine commune face à Ebola, ces deux décisions plutôt inattendues parce que secondaires à certains points de vue : la levée des restrictions faites aux voyageurs transfrontaliers et le renforcement du dispositif de contrôle à l’échelle de chaque nation. Des souhaits en réalité puisque sans aucun caractère contraignant. Pour preuve, le Sénégal s’est opposé ce lundi même à l’ouverture des frontières, préférant le système de couloirs humanitaires. Exactement comme l’a décidé la côte d’Ivoire depuis le 1er septembre dernier. Une moisson bien maigre face à la contribution qui était attendue du continent.

Où sont donc passés ces mécènes et autres sponsors du continent ?

En définitive, quelle aura été la contribution de l’Union africaine dans cet élan international de mobilisation ? Pratiquement aucune. Si ce n’est, à en croire notre confrère de l’Agence France Presse, cette annonce de la mise sur pied d’une « mission africaine d’aide contre l’épidémie en Afrique de l’Ouest ». Une mission de 100 membres de personnel médical pour des rotations d’un mois par groupe d’une vingtaine de personnes, croit savoir notre confrère. Toujours pas de quoi fouetter un chat, de l’avis de beaucoup d’observateurs. Le budget prévisionnel de 600 millions de dollars est visiblement difficile à atteindre avec les seules contributions des pays européens et américains. Que faire alors dans ce mutisme de l’Union africaine quand on sait qu’à l’échelle de nos micro- Etats aucun n’est à même seul de faire face au virus ? Tout en n’excluant pas d’autres contributions d’autres parties du monde, espérons que l’UA et ses membres reviennent à la raison. Les opérateurs privés africains aussi. Et tous devront s’activer au plus vite pour ne pas donner raison au Professeur Peter Piot, Codécouvreur du virus en 1976 lorsque fin août dernier déjà il affirmait : "L’OMS ne s’est réveillée qu’en juillet (…) Elle endosse maintenant le leadership, mais il est tard".

L’épidémie a déjà beaucoup tué et en l’absence d’un traitement homologué, des traitements expérimentaux ont été autorisés dans l’espoir d’un début de solution dans quelques mois. Encore faut-il que la mobilisation des ressources- financières surtout-suive.

Samuel Somda
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 9 septembre 2014 à 20:19 En réponse à : Lutte contre Ebola : L’Union africaine encore à la traine

    Sarkozy a trop raison dehhhh.L’homme africain aurait du mal à rentrer dans l’Histoire car il y a rien à attendre de ce machin UA qui n’a jamais servi à rien.C’est un club de chefs d’Etats corrompus,voleurs,criminels et d’ailleurs,certains ont déjà échafaudé des plans abominables lorsqu’ils entendent qu’il faudra 300 milliards pour pouvoir arriver à bout du virus Ebola.Certains rigolent sous cape dans leur coin en se frottant les mains et attendent impatiemment ces fonds de 300 milliards pour s’en mettre plein les poches.Qu’il y ait 10 000 ou 1 000 000 de morts,c’est pas leur souci.

  • Le 10 septembre 2014 à 10:25, par Sidi En réponse à : Lutte contre Ebola : L’Union africaine encore à la traine

    Ils ne sont préoccupés que par le pouvoir et l’argent. Bien dommage pour cette Afrique en détresse dans tous les sens du terme. C’est une question de gouvernants et non de manque de compétences.

  • Le 10 septembre 2014 à 15:14 En réponse à : Lutte contre Ebola : L’Union africaine encore à la traine

    Pendant qu’on prend des dispositions préventives contre Ebola dans notre pays (report du SIAO, du SITHO... qui sont des manifestations du MICA), le MICA, à travers son Centre national de la Propriété industrielle, s’active pour la 15ème édition de Journée Africaine de la technologie et de la Propriété Intellectuelle (JAPIT) qui se tiendra du 12 au 13 septembre 2014 avec un cross populaire au programme. Même si c’est l’OAPI qui finance cette journée, c’est un risque énorme que notre pays prend. Bien que nous ayons besoin de visibilité et de notoriété, nous devons, en ces temps qui courent, privilégier la santé des populations à l’esprit commercial.

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