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Coups d’Etat en Afrique : Des comportements incongrus

Publié le mercredi 16 février 2005 à 08h11min

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Quatre émissaires togolais étaient à Ouagadougou, le 14 février dernier, pour transmettre au président Blaise Compaoré, un message verbal du président togolais autoproclamé Faure Gnassingbé.

Conduite par le général Séyi Mémène, président de la commission défense de l’Assemblée nationale togolaise, la délégation a rendu compte au président du Faso, "de la situation au Togo".

C’est presque devenu une habitude. En Afrique, après des coups de force de putschistes parvenus au pouvoir, des émissaires ( si ce n’est pas les putschistes eux-mêmes) sillonnent plusieurs capitales de la sous-région pour des rencontres d’explications. Tout est fait pour recueillir les soutiens des présidents des pays visités. Afin d’être "fréquentables" sur la scène internationale, ces putschistes mènent des opérations de charme en direction de la communauté internationale.

De Ouagadougou, une étape de leur tournée, les émissaires de Faure Gnassingbé, pour leur part, ne semblent pas être repartis insatisfaits. Car si l’on en croit les indiscrétions rapportées par le correspondant de RFI, le président burkinabè aurait eu un langage modéré, l’essentiel pour lui étant que des élections transparentes soient organisées au Togo.

On sait pourtant ce que valent les élections sous nos tropiques, marquées qu’elles sont par des fraudes massives, des achats de conscience, etc. Ce n’est pas un hasard si le président français Jacques Chirac a dit "qu’il faut laisser les présidents africains gagner les élections, sinon ils ne vont plus les organiser".

Le Togo, on le sait, n’a jamais été un repère en matière de démocratie. On voit alors mal que ce régime dictatorial accepte d’adopter subitement des attitudes démocratiques. La démocratie ne saurait se construire sur du sable togolais !

Si l’on se réfère à la proposition du président burkinabè, (si, bien sûr, l’information est avérée), il n’est sans doute pas pour la méthode forte, contrairement à son homologue du Nigeria, Olusegun Obasanjo qui, lui, n’exclut pas l’usage de la force si le président autoproclamé ne se plie pas aux injonctions de la CEDEAO.

La position de la communauté internationale est connue. Elle a exigé un retour rapide à la légalité constitutionnelle au Togo et refuse de reconnaître le nouveau pouvoir en place à Lomé. On connaît également celle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui a menacé Lomé de sanctions. Ainsi que celle de l’Union africaine qui a exigé que le président Faure Gnassingbé remette immédiatement le pouvoir au président de l’Assemblé nationale, comme le prévoyait la Constitution avant qu’elle ne soit modifiée. Autant dire que partout, c’est le langage de la fermeté qui prévaut.

Pourquoi Ouagadougou joue-t-elle la carte de la modération ? Le moment est-il indiqué pour se prêter à l’assouplissement ? Faire bloc contre le président de fait, Faure Gnassingbé, et tordre le bras de celui-ci afin qu’il se conforme aux injonctions des institutions internationales ne devrait-il pas être le mot d’ordre ? Quels égards peut-on avoir pour un régime qui n’a pas respecté les règles élémentaires de la démocratie ?

Tous les chefs d’Etat devraient se montrer fermes et crever l’abcès togolais. Car le moindre adoucissement de ton pourrait être interprété comme un signe, sinon de soutien, du moins d’encouragement au nouveau régime. Sans oublier qu’avec cette attitude, on donne du temps et des chances au régime ubuesque togolais de s’installer définitivement au pouvoir. On connaît la suite. Une fois au pouvoir, tout est fait de manière à éviter que les conditions d’une bonne élection présidentielle soient réunies. Et la démocratie est prise en otage.

Le Burkina entretient des rapports commerciaux certains avec le Togo. On pourrait de ce fait croire qu’une position de fermeté à l’égard de son voisin togolais pourrait nuire à ses intérêts économiques. Mais le Niger qui entretient ces mêmes rapports n ’a pas hésité un seul instant à condamner ces apprentis sorciers de la démocratie.

Dans l’absolu, les régimes démocratiques ne devraient-ils pas éviter de rencontrer des émissaires de présidents mal élus ou parvenus au pouvoir par la force ? Olusegun Obasanjo n’est pas rentré dans le détail des formes pour critiquer ce coup d’Etat. Il faut souhaiter que celui-ci, tout comme bien d’autres chefs d’Etat ainsi que le président de la Commission de l’Union africaine, maintiennent ce cap.

La CEDEAO attendait une réponse rapide, au plus tard hier, 15 février, pour envisager d’éventuelles sanctions contre le régime de Lomé. C’est déjà une bonne démarche. Reste à établir un agenda précis afin que des élections transparentes et pluralistes soient organisées dans les plus brefs délais et que la démocratie soit restaurée. Ainsi, on en finira avec tous ceux qui veulent instaurer la loi de l’Omerta.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 17 février 2005 à 10:38, par Yvons de PARIS En réponse à : > Coups d’Etat en Afrique : Des comportements incongrus

    TROP JOUER AVEC LE CHIEN ON ATRAPPE LES PUCES
    DIS MOI QUI TU FREQUENTES JE TE DIRAI QUI TU ES
    DE telles visites chez les voisins ne seraient pas vues d’un bon oeil du cote de ceux qui souffrent depuis
    38 ANS pas de précaution a prendre avec ces Gens il faut remettre la Monnaie de leur piece par la methode FORTE
    Ce qui est vraiment regrétable c’est que le TOGO s’est vidé de sa population a cause de la souffrance
    la plus part de ceux qui sont sur place, sont pour la Famille du Tyran
    Une solution Militaire serait bien venue pour tout le peuple Togolais qui sont a l’Extérieur

  • Le 22 octobre 2005 à 22:54, par INNOCENT En réponse à : > Coups d’Etat en Afrique : Des comportements incongrus

    OCCUPEZ6VOUS DE VOS AFFIRES ET LAISSEZ EYADEMA SE REPOSER EN PAIX. Nous savons que nul n’est parfait même vous. Donc occuper du désert qui menace votre pays. Il y a n’a qui sont plus mauvais que ça mais vous les oubliez.

    novi-sad@mail.com

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