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Accès à l’eau potable et à l’assainissement : des députés font un contrôle sur le terrain

Publié le dimanche 10 août 2014 à 14h47min

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Les députés membres du Réseau des parlementaires burkinabè pour l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement (REPHA) ont parcouru toutes les 13 régions du Burkina Faso pour, disent-ils, vérifier l’état des lieux en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. C’était du 5 au 8 août 2014, où le constat fait dans les différentes localités interpelle à plus d’investissement multidimensionnel, notamment en ce qui concerne la question de l’assainissement.

En rappel, les 15 et 16 janvier 2014, le REPHA a réuni à Ouagadougou dans le cadre d’un atelier, environ 600 personnes dont des élus nationaux et locaux, des représentants ministériels, des organisations de la société civile et des partenaires techniques et financiers. Un atelier qui a adopté une liste de recommandations dont la mise en œuvre requiert – de la part des députés - des missions de contrôle et de vérification des actions déjà entreprises sur le terrain. D’où la présente tournée dans les chefs-lieux de régions et de communes. Mieux, cette sortie s’inscrit en droite ligne du contrôle – par le parlement – de l’action gouvernementale. Un contrôle dont le sérieux requiert une réflexion devant elle-même être assise sur des éléments tangibles qui fondent l’appréciation négative ou positive de ce qu’a fait le gouvernement avec le budget qui lui a été accordé par le parlement.

De tels éléments, les élus membres du REPHA en disposent désormais. Ils ont, en effet, collecter des données et visité des infrastructures d’eau potable et d’assainissement dans 48 communes réparties dans 38 provinces des 13 régions du pays, dont Manga, Tiébélé et Ipelcé dans la région du Centre-sud ; Diébougou, Dano, Gbomblora, Dolo, dans le Sud-ouest. Il s’agit, par région, d’au moins une commune urbaine et une commune rurale, d’au moins une commune rurale de grande taille et une commune rurale de petite taille, où les taux d’accès à l’eau potable et à l’assainissement sont relativement faibles, et qui auront exprimé des préoccupations spécifiques au cours de l’atelier national de janvier 2014. Ce sont ces localités qui ont reçu la visite de parlementaires dont Bernard Somé, Christophe Ouédraogo.

Une visite que le directeur régional en charge de l’eau dans le Sud-ouest, Lassa Konaté dit trouver « très utile dans la mesure où ce sont eux (les parlementaires, ndlr) qui votent le budget » à partir duquel des ressources sont dégagées pour la mise en œuvre des activités relatives à l’eau potable et à l’assainissement.

Quant au maire de la commune de Gbomblora, Sansan Da qui confie n’avoir jamais vu de par le passé « le parlement se déplacer pour venir toucher du doigt les réalités du terrain dans le Sud-ouest », la présente visite est « très positivement » appréciable. Et d’ajouter, « Quand on sait que l’eau potable et l’assainissement sont des priorités dans le monde rural, je ne peux que les remercier vraiment ».

L’assainissement est encore à ses débuts dans nos communes

Cette visite, fut l’occasion du constat « de la grande disparité qu’il y a surtout en matière d’assainissement ». C’est du moins ce qu’a relevé le député Christophe Ouédraogo, avec la précision, « L’assainissement est encore à ses débuts dans nos communes ; il y a même des communes qui sont à moins de 3% de taux de couverture ». En réalité, il en est ainsi dans presque toutes les communes rurales du Burkina. Et l’explication en est, selon le député Christophe Ouédraogo, qu’il n’y a pas très longtemps, on ne parlait pas d’assainissement. Or, c’est depuis les années 1960 qu’on a commencé à faire des puits à grands diamètres, et dans les années 1970, on a commencé à faire des forages. Mais personne ne songeait à coupler ces forages aux latrines pour une meilleure hygiène de l’eau même qu’on procure aux gens en milieu rural où le réflexe de faire les besoins physiologiques dans la nature se trouve ancré. Et aujourd’hui encore, la plupart de ces populations rurales disposent d’arbres, de bosquets ou de hautes herbes derrière lesquels elles font leurs besoins. « Mais où vont ces déchets dès la moindre petite pluie ? », s’interroge le député Christophe Ouédraogo pour qui la direction de ces déchets, « C’est dans nos marigots, c’est dans nos marres, et ça rentre ensuite dans nos puits ». Il faut donc, préconise-t-il, faire comprendre à ces populations que beaucoup de maladies dont elles souffrent proviennent de là. Dans ce sens, il faut, selon lui, « prendre le temps pour leur expliquer patiemment, infatigablement, pour qu’ils puissent changer d’attitude. Il faut les aider à changer de mentalité pour comprendre le bien-fondé d’aller dans les latrines pour faire ses besoins ». Et c’est ainsi que l’on peut avoir des taux satisfaisants – qui collent à la réalité du terrain – en matière d’accès à l’assainissement. A Gbomblora, précise le maire Sansan Da, il faut – conformément au plan communal de développement établi en 2012 - au moins 2 000 latrines d’ici à 2017 pour pouvoir doter la commune de latrines en nombre suffisant.

Des taux assez satisfaisants qui ne doivent pas cacher des disparités

Pour ce qui est de l’accès à l’eau potable, il est globalement, à en croire le DR Lassa Konaté, « assez satisfaisant ». En effet, le taux d’accès à l’eau potable courant 2013 se situe à 95,51% à Ipelcé, à 91,45% à Manga, à 79,01% à Tiébélé dans la région du Centre-sud où sur les 19 communes que compte la région, seules quatre (Gaongo à 54,8%, Guiaro à 66,1%, Béré à 65,9% et Gogo à 72,1%) n’ont pas franchi la barre de 76% fixée dans le cadre des OMD (Objectifs du millénaire pour le développement). Et dans la région du Sud-ouest, la commune de Dolo est à 88,4% de taux d’accès à l’eau potable, Gbomblora à 80,1%, Diébougou à 74,8%, Dano à 71,7%. C’est du moins, ce qui ressort des statistiques fournies par les directions régionales de l’eau du Centre-sud et du Sud-ouest. Mais, précise M. Konaté, « ces chiffres ne doivent pas cacher les disparités qui existent entre les communes ». Au moins 100 forages d’ici à 2017, c’est ce qu’il faut à la commune de Gbomblora pour couvrir les besoins de l’ensemble des populations en matière d’eau potable, à en croire le maire Da qui précise que dans son ressort communal, 18 villages administratifs sont sans eau potable, et au moins 80 quartiers sont assez éloignés des points d’eau.

Que de doléances ….

Au-delà de l’invite à savoir qu’au niveau rural, l’eau potable n’est pas à la portée de tout le monde, le maire de Gbomblora dit attendre des parlementaires, un appui qui permette de desservir tous les 77 villages de sa commune en eau potable. Au niveau des directions régionales, l’on dit attendre des élus nationaux, le vote de lois visant à rendre plus accessible l’eau potable en milieu rural, la conscientisation des élus locaux sur l’impact de la coordination des interventions des acteurs privés sur le terrain, le suivi de l’effectivité de l’application des textes législatifs et réglementaires sur le terrain, un plaidoyer pour la mobilisation de ressources financières conséquentes au profit du secteur eau et assainissement. Une mobilisation qui, selon le DR Konaté, passerait par la priorisation dudit secteur au même titre que l’éducation et la santé.

Pour sa part, le député Christophe Ouédraogo a promis que compte sera rendu « à la présidente du REPHA pour que des actions idoines soient entreprises en vue de booster le secteur de l’eau et assainissement pour une meilleure santé de nos populations ».

Fulbert Paré

Lefaso.net

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