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Saint Valentin d’aujourd’hui : La célébration de l’hypocrisie

Publié le lundi 14 février 2005 à 07h29min

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Les fleurs s’arrachent comme de petits pains. Les cadeaux s’achètent pour être offert à une partenaire. C’est la Saint Valentin, la fête des amoureux que de nombreux Burkinabè commémorent de plus en plus parfois sans connaître ses origines ni sa portée dans les relations entre homme et femme.

Un sacrifice pour l’amour qui perd au fil des siècles son sens pour devenir un "rendez-vous de l’hypocrisie".

Le 14-Février est encore arrivé avec sa fièvre d’amour. Nombreux sont les Burkinabè qui sont de plus en plus contaminés par cette maladie d’un jour. L’on offre des fleurs et des cadeaux de valeurs par-ci. L’on prononce des mots doux par-là. Les cœurs les plus endurcis deviennent subitement "mous". Et les sentiments les plus renfermés ressortent tacitement pour avouer un désir. Les amoureux recherchent activement le cœur de leur partenaire. D’un côté, l’on réaffirme son amour. De l’autre, on affûte les armes pour avoir un (e) chéri(e) près de soi. Dans cette conquête, une phrase si courte, mais d’une importance capitale semble souffrir. "Je t’aime" sort de toutes les bouches.

Chacun célèbre Saint Valentin à sa manière soit par suivisme ou snobisme, soit par romantisme ou ignorance. La fête qui rend hommage au prêtre romain Valentin, patron des amoureux, devient de plus en plus un cadre pour flatter, mentir ou jouer avec les sentiments des autres. Saint Valentin a aimé les hommes, leur a donné un sens de vivre ensemble et s’est sacrifié pour l’amour. Au IIIe siècle avant Jésus Christ, l’empereur Claude II interdit les mariages pour obliger les jeunes romains à participer à ses campagnes militaires sanglantes. Le monarque pensait que ses sujets refusaient de combattre à cause de leur attachement pour leurs femmes et leurs foyers respectifs. Convaincu de l’amour sincère que se vouaient mutuellement deux jeunes, Valentin osa défier l’ordre impérial et les maria au risque de perdre sa vie. Dans l’attente de son exécution, il redonna la vue à une jeune fille aveugle à qui il adressa avant d’être décapité le 14 février 268, une lettre signée "Ton Valentin".

Depuis, cette date est devenue un jour propice à la déclaration amoureuse. A la Saint Valentin, chaque Valentin cherche sa Valentine pour mieux soigner sa "maladie du cœur". Cependant, le prêtre Valentin prendra-t-il aujourd’hui l’engagement d’unir la plupart de ceux qui commémorent de nos jours la date de sa décapitation ? Cette question suscite réflexion et interrogation sur le sens de l’amour et surtout sur les relations entre homme et femme. Aujourd’hui, "l’amour se trouve être un serpent qui glisse entre les cuisses" comme le souligne si bien Marocain Tahar Ben Jelloun dans "une nuit sacrée". C’est une compétition qui se joue plus au lit que dans les cœurs. Elle souffre d’un manque de sincérité.

Des amoureux "fragmentent" ce jour-là leur cœur pour offrir les mêmes fleurs et les mêmes cadeaux à deux ou trois partenaires en même temps. Ainsi, le 14-Février, une fête noble au départ, tend à se banaliser pour s’apparenter à un rendez-vous de l’hypocrisie.

La phrase "Je t’aime" est plus prononcée devant un plat de porc au four, de poisson braisé ou du matériel. "L’amour s’exprime désormais dans les gargotes". L’argent est devenu l’aimant qui attire l’amour. La plupart des amoureux savent qu’ils se mentent entre eux, mais personne ne dit mot. On fait avec puisque chacun y gagne son compte. Tant pis, si on se quitte un jour, le bouche saura flatter un(e) autre.

Ainsi, beaucoup ne savent pas le sens des fleurs qu’ils offrent le 14-Février ni la portée des actes qu’ils posent. Traduisent-ils la spontanéité ou la continuité ? Combien de cœurs qui ont ri à la Saint Valentin réussiront-ils à s’unir pour le meilleur et le pire ? Pour ceux qui sont déjà mariés, le 14-Février pourra-t-il arrêter ou empêcher les virées nocturnes ? C’est là le douloureux questionnement que peut relever la célébration de la saint Valentin. On se sacrifie pour l’amour. On ne doit pas jouer avec les sentiments de l’autre.

Alcide Nathan
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 février 2005 à 15:29, par Nogo En réponse à : > Saint Valentin d’aujourd’hui : La célébration de l’hypocrisie

    D’abord quelques corrections, c’est 3è s après JC et non avant. Mais là n’est pas le problème. Je pense que ce n’est pas le rôle d’un journaliste de donner des leçons de morales aux gens comme on l’oublie tant au Faso. Ce n’est pas à un journaliste de dire ce que doit être la relations entre un homme et une femme car le Burkina est un pays de liberté du moins constittonnellement et ce qui se passe entre deux adultes ne regarde que eux et eux seuls. Il est temps d’arrêter d’écrire dans les journaux comme un prête qui prêche à l’eglise ou un imam qui scande dans sa mosquée. Le rôle du journaliste n’est pas de jouer au Moraliste (au sens réligieux du terme.)
    Aussi le sens de l’objectivité aurait voulu qu’on mette au conditionnel cette histoire de "rendre la vue à un aveugle" parce que ce n’est pas un fait historiquement établi par les historiens .
    Sans oublier le fait que les africains doivent cesser de s’aligner aveuglement comme des singes sur des coutumes occidentales. Peut on me dire quelle tradition du Burkina en relation avec le Mogho Naba, on fête ?

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