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3e rapport de l’ITIE : Les populations de Bana prennent connaissance du contenu

Publié le jeudi 3 juillet 2014 à 22h14min

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3e rapport de l’ITIE : Les populations de Bana prennent connaissance du contenu

Pour la troisième étape de la tournée de dissémination du rapport ITIE 2011, c’est la commune rurale de Bana dans la province des Balé (région de la Boucle du Mouhoun) qui a accueilli l’équipe le 02 juillet 2014. Comme les autres étapes, près d’une quarantaine de personnes ont pris part à la rencontre. Il s’agit essentiellement de conseillers municipaux de la commune, de présidents de comités villageois de développement (CVD), d’agents de services déconcentrés de l’Etat.

Bana, localité située à une cinquantaine de kilomètres de Dédougou, chef-lieu de la région de la Boucle du Mouhoun. Des champs qui s’étendent à plusieurs dizaines d’hectares, des paysans en pleins travaux champêtres, un début de saison hivernale prometteur… Malgré tout, les conseillers municipaux et autres responsables de la commune (la plupart sont paysans) ont abandonné leur activité première pour suivre la restitution du 3e rapport ITIE-Burkina. Lorsque l’équipe du secrétariat permanent de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) fait son entrée aux environs de 10h, la quasi-totalité des participants étaient déjà sur place. C’est la salle de conférences de la mairie de Bana qui a abrité l’atelier de restitution.

Et, visiblement, ils semblaient intéressés par la question minière. Comme il fallait s’y attendre, les présentateurs du rapport ont dû répondre à des questions de tous genres. Certes, la question sur les retombées financières aussi bien pour l’Etat que pour la commune intéressait les participants. Mais, les principales préoccupations ont porté sur l’après-mine, la restauration de l’environnement, l’emploi des jeunes de la localité, le manque de pâturages…

Pour se faire comprendre, l’équipe de l’ITIE, chargée de la dissémination du rapport a dû faire l’essentiel du travail en langue nationale Dioula. A noter que la société minière n’a pas envoyé de représentant à cette rencontre. Pourtant, elle avait été invitée, nous apprend-t-on. Autre absent de taille : la société civile dont le représentant aurait eu des empêchements de dernière minute. Qu’à cela ne tienne, l’équipe présente a essayé de répondre à toutes les questions du mieux qu’elle pouvait. A la satisfaction du maire et des autres participants.

Moussa Diallo

Lefaso.net

Propos de certains participants à l’issue de la rencontre

Salif Dao, maire de la commune de Bana : ‘’C’est déjà une bonne chose’’

Il y avait des informations que nous n’avions pas. A travers ces échanges, nous avons eu ces informations. C’est déjà une bonne chose pour nous. Il faut encourager l’ITIE dans son combat pour la transparence. C’est vrai que l’Etat est là, mais l’Etat, c’est trop vague. Donc, on demande à l’ITIE de poursuivre toujours son combat parce que sans rapport, rien n’est clair.

Jusque-là notre commune n’a pas reçu sa part de 2013 en ce qui concerne la taxe superficiaire. Et, on vient d’apprendre aujourd’hui qu’on aurait dû recevoir au plus tard le 30 juin 2014. On va chercher à savoir le montant auquel on a droit avant de parler de ce qu’on va faire avec cet argent. Au niveau de la commune, aujourd’hui l’effectif des élèves est très si non trop élevé et sans salle de classe, on ne peut rien faire. Pourtant dès que l’enseignement n’est pas comme on veut, il n’y a pas d’avenir pour les enfants. Donc, dès qu’on aura cet argent, c’est pour faire des salles de classe au niveau du primaire et du secondaire pour pouvoir mieux éduquer nos enfants.

Issouf Sérépé, président du CVD de Fofina : ‘’On est un peu rassuré sur l’après mine ‘’

Notre préoccupation, c’était l’après mine. Mais, avec les explications qu’on a eues avec l’équipe de l’ITIE, on est un peu rassuré. On nous a dit qu’il y a des choses qui sont prévues et il y a même un montant déposé à la banque centrale (BCEAO) pour la restauration de l’environnement. Mais, on n’est pas encore totalement sûr parce qu’on n’a pas vu cela noir sur blanc, on nous a seulement dit que c’est prévu. Ce qui fait qu’on a encore un peu de doute là-dessus.

Présentement, à cause de la mine de SEMAFO, il y a trop de poussière qui nous dérange. De fois même, on a un problème d’eau. Mais, maintenant, ça va un peu. L’autre préoccupation qu’on a, c’est le problème de recrutement des jeunes de la localité. Ça commence à venir, mais ce n’est pas encore comme on souhaite.

Aussi, à cause de la mine, on n’a même plus assez de terres cultivables, encore moins de pâturage. Ce qui conduit aux conflits entre agriculteurs et éleveurs. Actuellement, il n’y a pas de place pour garder les bœufs, donc ils sont tous en déplacement.

Martin Ouédraogo, agent de santé au CSPS de Bana : ‘’Créer des points focaux’’

Il est souhaitable de créer des points focaux au niveau des mairies afin de pouvoir donner l’information aux populations qui, du reste, sont un peu oubliées par la mine. Je prends un exemple concret : hormis quelques dons notamment au niveau des écoles, la population est complètement oubliée. Le citoyen lambda ici à Bana ne sait pas exactement qu’est-ce que SEMAFO fait pour lui. Et comme il n’a rien, il considère que la mine n’agit pas assez. Ce qui veut dire qu’il y a un manque de communication quelque part. Donc, de mon point de vue, il faut créer des points focaux au niveau des mairies et, pourquoi pas, créer de temps à autre des cadres de concertation avec la société civile et les populations riveraines.

Nos inquiétudes sur le plan de la santé des populations riveraines des mines portent sur la question de l’eau. On sait que si l’eau est infectée, il y a des problèmes. On a une fosse non loin. Des analyses se font, mais on n’a pas d’information retour par rapport aux résultats que ces analyses ont donné. Nous continuons à consommer l’eau parce qu’on n’a pas le choix. L’eau, c’est la vie, il faut en boire, donc on aurait souhaité que les résultats de ces analyses soient partagés par et avec toute la population. C’est déjà bien d’avoir pensé à faire des analyses mais il serait mieux de nous relayer l’information afin que nous soyons un peu plus rassurés sur la qualité de l’eau que nous buvons.

Siaka Derbo, conseiller municipal de Solonso : ‘’Nous comprenons un peu maintenant’’

Il y a beaucoup de choses que nous ne savions pas. Mais, à l’issue de cette rencontre, nous comprenons un peu comment les choses se font maintenant.
SEMAFO travaille ici depuis plusieurs années, mais il y a très peu de ressortissants de notre commune qui y travaillent. Nous ne savons pas comment faire pour que toutes les communes soient représentées au sein des employés de SEMAFO. On veut que chaque village de la commune puisse avoir, ne serait-ce qu’une personne qui travaille dans la société minière. Actuellement, c’est ça notre préoccupation. Après cette rencontre, nous allons encore approcher les responsables de la mine pour soumettre cette doléance.

Daouda Davou, conseiller municipal de Soumana : ‘’On ne savait pas où rentrait l’argent’’

Je ne savais même pas qu’il y avait une structure qui regroupe l’Etat, les sociétés minières et la société civile qui s‘appelle ITIE. Avec les exposés présentés aujourd’hui, je me rends compte qu’il y a des structures qui travaillent véritablement dans notre pays. Avant, on ne savait pas où rentrait l’argent que les sociétés minières payent.

Jusque-là, le dialogue a permis de régler les quelques incompréhension qu’il y a eu la société minière de Mana et les populations riveraines. Si non, avec la question de dédommagement et de déguerpissement, il y a toujours de petites histoires qui, heureusement, finissent par trouver solution avec le dialogue.

MD

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