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Togo : Le GERDDES parle de cavalerie constitutionnelle

Publié le vendredi 11 février 2005 à 09h04min

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Nous avons reçu du Groupe d’étude et de recherche sur la démocratie et le développement économique et social (GERDDES), section du Burkina, la déclaration suivante où il fustige le coup de force et le mépris outrageant des règles institutionnelles intervenus au Togo, suite au décès, le samedi 5 février, du président Gnassingbé Eyadéma.

Le GERDDES invite par ailleurs les organisations panafricaines et internationales à maintenir et à intensifier leurs pressions pour un retour à la légalité constitutionnelle.

Le GERDDES Burkina suit, avec une attention vigilante et inquiète, les événements survenus au Togo, consécutivement à la disparition du président Etienne Eyadéma Gnassingbé. Il s’agit tout d’abord du coup d’Etat militaire perpétré par la hiérarchie supérieure de l’armée et la dévolution du pouvoir par ses soins à Faure Gnassingbe, fils du président défunt. Ce coup de force s’est opéré au mépris outrageant des règles constitutionnelles, qui faisaient du président de l’Assemblée nationale, Fambaré Natchaba, le successeur intérimaire, en attente de l’élection d’un nouveau président, dans le délai de 60 jours.

Face à la condamnation instantanée de la Communauté internationale, les hommes, qui entendent, contre vents et marées, maintenir le Togo sous gestion patrimoniale d’une région, sinon d’une famille, ont cru par la suite légaliser à bon compte leur forfaiture par un tripatouillage ubuesque de la Constitution.

C’est la destitution pirate du président élu de l’Assemblée nationale, son remplacement ensuite et dans la même veine flibuste par l’héritier, enfin la modification dans les mêmes conditions calamiteuses de la Loi fondamentale aux fins de pérenniser aux affaires le clan Eyadéma, alors que l’article 144 de la Constitution prohibe tout amendement pendant la phase intérimaire.

Ce coup de force militaire, doublé d’une haute cavalerie constitutionnelle, risque d’aggraver plus la crise politico-institutionnelle, dont le Togo peine à sortir depuis le début des années 90, et à laquelle le peuple togolais paie chaque jour un douloureux tribut. Il vient en flagrant délit de violation de tous les instruments internationaux actuellement en vigueur sur la gouvernance démocratique des

Etats tels :
- la Déclaration d’Alger dont il faut ici rappeler qu’elle fut conçue à Lomé même et qui met désormais hors la loi, en termes définitifs, toute prise de pouvoir par les armes ;
- la Déclaration de Bamako de l’Organisation internationale de la Francophonie, qui a fixé une fois pour toutes le code de bonne conduite démocratique de tous les pays qui font profession d’en être membres.

En conséquence, le GERDDES-Burkina :
- salue et soutient sans équivoque les condamnations unanimes et vigoureuses de la CEDEAO, de l’UA, de l’ONU et de l’ensemble de la Communauté internationale ;
- les invite, chacun à son niveau et selon ses pouvoirs statutaires, à maintenir et à intensifier la pression pour un retour rapide à la légalité constitutionnelle à Lomé ;
- invite les partis politiques, les organisations de la société civile, les démocrates et l’ensemble du peuple togolais, à résister par tous les moyens à leur disposition, à cette monarchisation héréditaire du pouvoir ;
- appelle tous les démocrates du Burkina Faso, d’Afrique et d’ailleurs, à quelque bord politique, associatif, intellectuel ou autres qu’ils appartiennent, à soutenir leurs homologues togolais dans tout ce auxquels ils viendraient à entreprendre pour l’avènement prochain d’un Etat de droit au Togo.

Ouagadougou, le 09 janvier 2005

Le Bureau exécutif national

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