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TOGO : Même Diouf a perdu son calme !

Publié le vendredi 11 février 2005 à 09h05min

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La situation née au Togo voisin, du fait de la mort à 69 ans du président Gnassingbé Eyadéma, le samedi 5 février 2005, fera encore longtemps parler plus d’un, ici et ailleurs. Eyadéma fils, Faure Gnassingbé, désigné par l’armée togolaise et confirmé comme successeur par l’Assemblée nationale, ayant prêté serment le lundi 7 février dernier, a donné du grain à moudre aux magnans et analystes du microcosme politique africain.

Son investiture a suscité la condamnation de la communauté internationale, qui a appelé au respect de la Constitution. En effet, de partout des voix se sont élevées pour condamner ce « coup d’Etat » constitutionnel.

Il n’y a pas jusqu’à l’Union européenne (UE), l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Union africaine, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui n’ont fustigé ce qui est arrivé dans ce qu’il convenait autrefois d’appeler la « Suisse d’Afrique ». Chacun y est allé de son évangile. La CEDEAO a convoqué un sommet extraordinaire à Niamey, la capitale nigérienne, le mercredi 9 février courant, où neuf chefs d’Etat ouest-africains ont accentué la pression selon l’AFP, sur le nouveau maître du Togo, Faure Gnassingbé, en exigeant « le retour de l’ordre constitutionnel » sous peine de sanctions.

Une minute de silence a été observée à la mémoire du président Gnassingbé Eyadéma au Palais des Congrès qui accueillait la réunion. Avant même cette rencontre au sommet, l’Organisation ouest-africaine avait transmis aux autorités togolaises un message on ne peut plus clair, sorte de rappel au règlement en matière de transition en Afrique et de respect des règles établies.

Pour sa première sortie officielle mercredi dernier, le nouveau président togolais a tenté d’apaiser les critiques en annonçant « l’organisation dès que possible d’élections libres et transparentes ». De bonnes intentions peut-être mais c’est bien connu : même l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Comme pour prendre ses précautions, une délégation comprenant les présidents Mamadou Tandja (Niger), Mathieu Kérékou (Bénin), Amadou Toumani Touré (Mali), John Kufuor (Ghana), Olusegun Obasanjo (Nigéria) et le président de l’Union africaine Alpha Oumar Konaré a été constituée pour « se rendre au Togo pour demander aux autorités de revenir au statu quo antérieur ». Les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, quinze pays, n’ont pas donné de date à laquelle la mission doit effectuer le déplacement sur le terrain, mais selon certaines sources, elle devrait en principe s’exécuter avant demain samedi.

Le Togo, en vertu de l’article 45 du protocole de la CEDEAO sur la bonne gouvernance, s’il refusait de revenir à l’ancien ordre constitutionnel, pourrait alors se retrouvé isolé et son régime non-reconnu, pour avoir posé des actes de recul grave de la démocratie en accédant au pouvoir d’Etat de manière illégale.

L’OIF, d’habitude peu encline à entrer dans le domaine politique, n’est pas restée sans réaction sur la situation qui prévaut au pays d’Eyadéma. Le soir du mercredi 9 février 2005, le conseil permanent de la Francophonie, réunie, à Paris en session extraordinaire, a pris la décision ferme de suspendre la participation des représentants du Togo à ses instances ainsi que la coopération multilatérale avec ce pays.

Seuls les programmes bénéficiant directement aux populations civiles et ceux pouvant concourir au rétablissement de la démocratie ont été épargnés. Toujours selon l’AFP, l’OIF a « condamné avec la plus grande fermeté le coup d’Etat perpétré par les forces armées togolaises et les violations caractérisées et répétées de toutes les dispositions constitutionnelles en vigueur, au mépris absolu des principes de l’Etat de droit ».

Depuis novembre 2000, date à laquelle la déclaration de Bamako sur la surveillance de l’Etat démocratique dans l’espace francophone a été adoptée, c’est la première fois que l’OIF prend une décision de très haute portée à l’encontre d’un pays membre. Son secrétaire général, le Sénégalais Abdou Diouf n’y est pas du tout allé du dos de la cuillère avec ce qui se passe au Togo.

Pour qui connaît l’homme, son calme, sa réserve, ne plaçant jamais un mot plus haut que l’autre, peut dire qu’il a perdu son calme. Du coup on mesure la gravité de la situation. On peut comprendre que ceux qui nous gouvernent ne soient pas rigoureux sur la question du Togo, qu’ils n’arrivent pas à être tous fermes, parce que beaucoup d’entre eux ne sont pas des exemples. Mais ce serait vraiment dommage que la CEDEAO ne se refuse pas à porter tous les péchés d’Israël à l’heure du bilan.

De ce qui précède, on ne peut donc que souhaiter que nos chefs d’Etat réunis au sein de la CEDEAO fassent preuve de plus de fermeté plutôt que de nous proposer encore une fois sa danse préférée : la reculade. A l’exemple des présidents Konaré et Diouf, ils doivent marquer le coup cette fois-ci de fort belle manière, brandir la fermeté, pour que les éventuels candidats au putsch y lisent leur avenir et reculent.

D. Evariste Ouédraogo
L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 15 février 2005 à 13:31, par le passant En réponse à : > TOGO : Même Diouf a perdu son calme !

    arretez toute cette hypocrisie les coups d’état ont toujours existé en afrique et bon nombre de pdt sont arrivé au pouvoir grace à cela
    c’est pas la peine de feindre d’’etre scandalisé comme si c’était la première fois
    la démocratie est un luxe pour vous les africains

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